TF1 ne veut plus « brader » la possibilité pour les distributeurs de diffuser ses contenus. Elle propose à Orange, Free, SFR et Numericable et d’autres, son pack « TF1 Premium » d’où elle espère puiser 100 millions d’euros, dix fois plus qu’aujourd’hui. Molotov est également dans la boucle.
Selon BFM Business, qui révèle ce matin cette stratégie, le groupe a dévoilé à ses partenaires une offre tout compris qui leur permettra à la fois de profiter de la haute définition en 4K, mais également du start over (revenir à la première seconde du programme en cours) de la catch up (TV à la demande) mais aussi de la possibilité d’enregistrer les programmes dans le cloud. Un pack à prendre sinon le groupe fermera le robinet. Cette offre groupée, mise sur le marché dès le 1er janvier 2017, est inspirée des pratiques en vigueur aux États-Unis, précisent nos confrères.
Selon nos informations, ce pack concerne donc également Molotov.Tv, cette plateforme lancée tout juste aussi sur Linux. Elle est d'ailleurs une bonne piste d’explication quant au couac qui a pourri le lancement de la plateforme cofondée notamment par Pierre Lescure. Une semaine avant lancement, Molotov promettait en effet une foultitude d’options pour profiter de la télé « réinventée », dont le replay et la copie privée, fonctionnalité ouverte par la toute récente loi Création.
Le jour J, elle a finalement préféré s’en tenir à la seule diffusion ainsi que pour certaines chaines, au replay, repoussant son option nPVR. Désormais le plan commercial est conditionné à un accord avec TF1, mais aussi M6 ou encore Canal Plus.
Bataille sur le nPVR
La bataille pourrait aussi être juridique, déjà sur le seul terrain de la copie privée. Certes, la loi Création donne compétence au CSA pour trancher les difficultés nées des fonctionnalités d’enregistrement dans le cloud. De plus, faire payer pour une exception au droit d’auteur – ici la copie privée - reviendrait à réinjecter du droit exclusif là où il n’a plus sa place. Une hérésie même pour le juriste en herbe.
TF1 a cependant au ceinturon plusieurs arguments juridiques puisque ces capacités d’enregistrement seraient d’une conformité boiteuse avec cette directive sur le droit d’auteur et surtout le test en trois étapes. L'agacement des chaînes est à son comble puisque celles-ci ne touchent pas un centime sur les flux de la copie privée (230 millions d'euros chaque année), alors que jamais la directive DADVSI ne les a exclues de la perception, contrairement à la France qui fait la part belle aux SPRD.
Seul reste à l’actif de Molotov, l’article L331-9 du Code de la propriété littéraire et artistique qui interdit aux éditeurs de services de télévision de « recourir à des mesures techniques qui auraient pour effet de priver le public du bénéfice de l'exception pour copie privée, y compris sur un support et dans un format numérique ». Là encore, il reviendrait au CSA de trancher le différend.
Un pack premium avec 10 heures d’enregistrement
Selon nos informations, dans ce pack, TF1 promet un minimum gratuit de 10 heures d’enregistrement nPVR, toutes chaînes confondues (TF1, LCI, etc.). Et si les distributeurs veulent davantage, ils doivent se montrer généreux, comprendre mettre la main au porte-monnaie, ce qui devrait évidemment être le cas avec Molotov dont l'une des options payantes promet 100 heures d’enregistrement. M6 serait d’ailleurs sur la même longueur d’onde que la filiale de Bouygues.