Trois milliards de dollars, c'est le montant de dommages que devra verser Oracle à Hewlett Packard Entreprise dans le cadre du procès qui opposait les deux firmes autour du support des serveurs Itanium de HP.
En 2011, Oracle décidait unilatéralement d'arrêter le développement de logiciels pour les serveurs HP exploitant la plateforme Itanium d'Intel. Cette décision, le fabricant d'ordinateurs ne l'avait pas vraiment digérée, étant donné qu'un an plus tôt les deux entreprises scellaient un contrat stipulant qu’« Oracle continuera à offrir ses produits pour les plateformes HP, et HP continuera à soutenir les produits Oracle ».
3 milliards de dollars de dommages
Principal argument alors avancé par Oracle : Itanium est « proche de la fin de vie », et d’ailleurs, « Microsoft et RedHat ont déjà cessé de développer des logiciels pour les systèmes Itanium ». HP décide alors d'amener l'affaire devant la justice. La cour supérieure du comté de Santa Clara rend sa décision en août 2012 et tranche en faveur de HP, estimant que « l’obligation [qui incombe à Oracle] d’offrir sa gamme de produits sur les plateformes de serveurs HP Itanium dure jusqu'à ce qu’HP se désiste de la vente de ses serveurs Itanium ».
Après ce premier verdict, il restait encore à évaluer le préjudice subi par HP et donc à déterminer le montant global des dommages qu'Oracle devra verser. Le fabricant arguait que l'abandon d'Oracle avait grandement nui à la viabilité commerciale de sa gamme Itanium et qu'il avait dû assurer seul la continuité du support pendant un temps. Autre argument clé de HP : Oracle aurait agi ainsi pour favoriser la vente de ses serveurs maison.
Le 30 juin, le jury a tranché en faveur de Hewlett Packard Entreprise (la division entreprise de HP suite à sa séparation fin 2015). Le tribunal a accordé à la société le montant maximal qu'elle réclamait, soit 3 milliards de dollars. La pilule est difficile à avaler pour Oracle, puisque ce montant correspond environ à son bénéfice annuel ou à un peu moins du quart des 14 milliards de dollars de dettes que l'entreprise a annoncé vouloir lever il y a quelques jours.
Un verdict qui ne fait pas l'unanimité
Bien évidemment, John Schultz, le vice-président de Hewlett Packard Entreprise se dit ravi de l'issue du procès au micro de l'agence Reuters : « Le verdict du jury affirme tout ce que HP a toujours su et les preuves l'ont montré ». Du côté de chez Oracle, les dirigeants sont moins enthousiastes et assurent que le géant du cloud fera appel non seulement de ce résultat, mais aussi du procès précédent. L'été risque donc d'être chaud entre les deux géants américains.