Google Cloud tarde à passer à Zen 3, mais promet un bon rapport performance/prix

Google Cloud tarde à passer à Zen 3, mais promet un bon rapport performance/prix

Avec quelques ratés

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David Legrand

Publié dans

Hardware

18/06/2021 5 minutes
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Google Cloud tarde à passer à Zen 3, mais promet un bon rapport performance/prix

Google vient d'annoncer les instances T2D de sa nouvelle gamme Tau, promettant une solution au tarif agressif. Exploitant des processeurs EPYC 7003, elles visent notamment les concurrents qui se reposent de plus en plus sur des solutions ARM. Mais les promesses de Google masquent mal les défauts de sa stratégie.

Lorsqu'AMD annonçait ses processeurs EPYC 7003 utilisant l'architecture Zen 3 (Milan), la société vantait la multitude de grands CSP américains et asiatiques qui allaient les proposer. Dans la pratique, cela n'a pas été si simple. 

EPYC 7003 arrive chez les CSP, petit à petit

En réalité, Microsoft est l'un des rares a avoir rapidement sauté le pas avec ses instances de calcul haute performances (H-Series). Une offre intégrant le chiffrement des machines virtuelles (SEV) a bien été annoncée en Private Preview, mais n'a pas encore été finalisée. Oracle Cloud propose également des instances avec un processeur spécifique, adapté à ses besoins : l'EPYC 7J13 (BM.Standard.E4 et VM.Standard.E4).

On a également vu de plus petits acteurs sauter le pas. C'est le cas de l'allemand Hetzner mais aussi du français Scaleway. Tous deux proposent des solutions visant un usage assez général avec une diversité d'instances, plaçant les EPYC 7003 un cran au-dessus du reste de leur instances AMD ou Intel existantes.

C'est d'ailleurs un peu plus le cas chez Scaleway avec ses instances ENT1 aux « ressources garanties », offrant un niveau de performances par vCPU du niveau d'une machine native comme nous l'avons vu lors de nos tests. Le tout avec une activation par défaut du chiffrement de la mémoire et des VM (SEV), sans surcoût. 

Preuve que les « oubliés » de la communication d'AMD sont parfois ses soutiens les plus engagés.

Chez Amazon et Google, c'est plus compliqué

Amazon et Google trainent un peu plus des pieds. AWS s'est pour le moment limité à annoncer qu'il proposerait des instances Zen 3 plus tard dans l'année. GCP devait, selon AMD, annoncer le passage de ses instances C2D (optimisé calcul) et N2D (usage général) sous quelques mois, elles sont toujours en EPYC 7002.

Finalement, Google a annoncé hier qu'elle passait bien aux EPYC 7003, mais pour un nouveau type d'instances, Tau. Une annonce qui se fait en avance de phase puisqu'elles ne seront proposées que dans le courant du troisième trimestre. Pour le moment, elles sont uniquement testables sur inscription, un formulaire étant disponible ici.

La société présente ce produit comme une solution pour les charges « scale-out », nécessitant un large nombre de VM travaillant de concert via Kubernetes, tout en bénéficiant de la compatibilité de l'écosystème x86. Les offres Graviton d'AWS et Ampere d'Oracle Cloud sont visées, avec leur très forte densité mais des possibilités plus limitées.

Intel en prend également pour son grade, puisque le géant de Santa Clara ne propose pas de solution avec le même niveau de densité que ses concurrents : 40 cœurs par socket pour ses Xeon Scalable de 3e génération (Ice Lake) contre 64 pour les EPYC 7003 d'AMD et les Graviton2 d'AWS ou 80 pour Ampere Altra

Google dit être le meilleur (mais oublie des concurrents)

Comme trop souvent dans ce genre d'annonce, on a le droit à des déclarations à l'emporte-pièce, impossibles à vérifier. Google dit ainsi proposer le meilleur rapport performances/prix du moment pour un tel produit. « Caramba, encore raté » pourrait-on dire. Et ce, pour de multiples raisons.

La première, est qu'il nous apparait difficile de vanter une offre en évoquant le sujet des performances sans que cela ne soit vérifiable. Certes, Google met en avant des benchmarks CoreMark et SPECrate 2017 (int_base), mais il ne publie pas les résultats bruts de l'instance t2d-standard-32 de la nouvelle gamme Tau et ne s'est opposé qu'à deux solutions : du Graviton2 d'AWS et du Xeon Scalable de seconde génération (Cascade Lake) d'Intel chez Azure. 

Google T2D Tau BenchmarkGoogle T2D Tau BenchmarkGoogle T2D Tau Benchmark
On peut faire dire ce que l'on veut à des benchmarks, d'où l'intérêt de permettre de les vérifier

Comme le fait remarquer Anandtech, les solutions ARM arrivent au niveau des EPYC 7003 d'AMD sous SPECrate 2017 (int_base), tant en performance par cœur que par socket. Mais les Graviton2 ne sont pas pleinement à leur aise sur un tel test, l'astuce de Google consistant à présenter des résultats à nombre de vCPU identiques, qui jouent en la faveur de Zen 3, puis à mettre le rapport performance/prix en avant, oubliant les offres plus compétitives.

Les instances A1 d'Oracle Cloud, aux tarifs très agressifs (1 centime par vCPU de l'heure, hors mémoire) n'en font pas partie. Pas plus que les instances Zen 3 proposées par ses concurrents ou du Xeon Scalable de 3e génération (Ice Lake).

Et lorsque l'on regarde du côté des prix, Google oublie là encore de livrer tous les détails malheureusement. On a ainsi droit à une seule indication : la machine de test à 32 vCPU avec 128 Go de mémoire est facturée 1,3520 dollars de l'heure à us-central1. Mais le modèle de CPU n'est pas précisé, l'éventuel overprovisionning non plus.

Pour rappel, une instance équivalente (ENT1-L) est facturée 1,088 euro de l'heure chez Scaleway, avec SVE d'activé. Chez Hetzner, il faut compter 0,571 euros de l'heure, mais les performances CPU sont deux fois moindres. Autant dire que, quelle que soit la position qui sera celle de l'offre de Google, sa déclaration en prend un coup.

Il faudra donc maintenant attendre que les instances Tau à base d'EPYC 7003 (T2D) soient disponibles pour que nous puissions juger de la réalité de leurs performances face à la concurrence, dans son ensemble.

Écrit par David Legrand

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EPYC 7003 arrive chez les CSP, petit à petit

Chez Amazon et Google, c'est plus compliqué

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