En juillet dernier, lors de la publication de ses derniers résultats financier, le géant franco-américain Alcatel-Lucent annonça la suppression de 5000 postes supplémentaires d'ici 2013 dans le monde entier, ceci alors que la société avait déjà réduit son effectif français de 850 postes entre 2009 et 2010. Pour le moment, aucun détail n'a été dévoilé quant à la répartition géographique de ces 5000 licenciements. Selon des sources syndicales contactées par PC INpact, nous savons toutefois que les ministres Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg rencontreront respectivement les syndicats et la direction d'Alcatel la semaine prochaine.
Un laboratoire d'Alcatel en Italie.
Fin du silence à la rentrée
Dans l'incertitude la plus totale cet été du fait du silence radio de leurs dirigeants, les 76 000 employés d'Alcatel-Lucent devraient en savoir plus sur leur sort dès la semaine prochaine. En effet, selon nos informations, Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie Numérique rencontrera les syndicats ce mardi 4 septembre. Trois jours plus tard, le vendredi 7 septembre, c'est cette fois Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement Productif, qui aura une entrevue avec Philippe Camus, le Président du Conseil d'Administration d'Alcatel-Lucent.
Ces deux rencontres ne sont pas étonnantes dès lors que la CFDT d'Alcatel avait déjà alerté les deux ministres quant au « risque chinois » qui pesait sur leur société. Un communiqué a ainsi été publié en ce sens la veille de l'annonce des suppressions de postes chez Alcatel.
La stratégie des dirigeants critiquée par les syndicats
Suite à l'officialisation des 5000 suppressions d'emplois, la CFDT a cette fois vivement attaqué la mauvaise stratégie des dirigeants d'Alcatel. « Ce sont encore les salariés qui vont subir les errances d’une stratégie et d’une gouvernance qui commencent décidément à s’essouffler. La direction générale sort un nième plan de suppressions d’emplois et une nouvelle cure d’austérité. Les salariés en ont vraiment assez ! » a ainsi résumé le syndicat.
Ce dernier comprend certes très bien que la conjoncture économique et financière actuelle n’est pas favorable à des recrutements massifs, toutefois, ce contexte « n’est pas suffisant à tout expliquer car Alcatel Lucent s’en tire plutôt moins bien que ses concurrents et perd des parts de marché au profit des équipementiers chinois Huaweï et ZTE » note la CFDT.
Des licenciements pour remonter l'action en bourse
La CGT, de son côté, n'a pas hésité à affirmer que ces 5000 suppressions de postes n'étaient qu'un « pur plan boursier, une réaction à chaud de Verwaayen (le directeur général d'Alcatel-Lucent, ndlr) à la dégringolade du cours de l’action, pour rassurer les actionnaires en montrant de la fermeté… contre ceux qui n’y sont pour rien : les salariés ».
Le syndicat, pour illustrer ses propos, a d'ailleurs réalisé un graphique montrant l'évolution du nombre d'employés selon les différentes régions du monde entre 2000 et 2012. L'Europe, en particulier la France, est ainsi le principal perdant des différents plans de licenciements opérés ces dix dernières années. A contrario, l'emploi en Asie a particulièrement progressé.
Rappelons enfin que les 5000 postes qui seront supprimés d'ici 2013 se rajoutent aux 1500 licenciements déjà annoncés au début de l'année. Parmi ces 1500 départs à travers le monde déjà actés, 450 concerneront la France. Reste à savoir combien de salariés dans l'Hexagone seront concernés par la nouvelle vague de licenciements annoncée fin juillet dernier. Réponse dans les jours à venir.