Microsoft est pour l'instant le seul constructeur à avoir dévoilé de nouveaux modèles de consoles à l'occasion de sa conférence préliminaire à l'E3, même si les contours de ces futurs produits restent encore un peu flous. Nous avons donc décidé de revenir en détails sur ce que l'on sait, et ce que l'on ne sait pas encore.
Cela fait un peu plus de deux ans et demi que la Xbox One est présente sur le marché et Microsoft ressent déjà le besoin de rafraîchir quelque peu son offre sur le marché, afin de mieux lutter contre la PlayStation 4. La machine de Sony truste en effet la première place des ventes de manière quasi continue depuis son lancement, et ce sur la plupart des marchés importants. Si bien que la console nipponne a récemment franchi le cap des 40 millions d'unités vendues, tandis que les rares estimations autour de la Xbox One évoquent plutôt 21 millions d'exemplaires.
Sa réplique, Microsoft la déroulera en deux temps. D'abord avec la Xbox One S dont le lancement est prévu pour le mois d'août à 399 euros (2 To) avec des versions attendues plus tard à partir de 299 euros (500 Go). Puis avec Project Scorpio, une machine significativement plus performante attendue pour la fin 2017. Devant nos confrères du Monde, Hugues Ouvrard, le responsable français de la branche Xbox, assure que la première n'est pas une console « différente » de la Xbox One standard, mais qu'en est-il vraiment ?
Xbox One S : une évolution en douceur
La Xbox One S se distingue pourtant de son aînée sur de nombreux points. D'abord par la taille bien évidemment, puisque Microsoft annonce une réduction de 40 % par rapport à la Xbox One. Malheureusement le fabricant n'a pas détaillé les dimensions exactes de ce nouveau modèle. Faute de chiffres, on pourra néanmoins tenter une première approximation en raisonnant en termes de volume.
Les dimensions de la Xbox One étant connues (344 x 80 x 263 mm), soit 7,24 litres. En retranchant les 40 % annoncés, on en déduit un volume d'environ 4,3 litres pour ce nouveau modèle. Une valeur très proche des 4,45 litres (305 x 53 x 275 mm) affichés par la PlayStation 4 qui laisse donc entendre que les deux machines auront un format assez semblable.
Cerise sur le gâteau, le bloc d'alimentation est situé à l'intérieur, contrairement à ce qui était proposé sur l'ancien modèle. Mais là encore, on ne fait que se rapprocher de ce qui est déjà proposé par la PlayStation 4 depuis son lancement.
La connectique évolue aussi, mais pas toujours dans le bon sens. Un émetteur infrarouge permettant de piloter des appareils tiers, jusqu'ici intégré à Kinect, fait son apparition. Et pour cause : le port dédié au capteur de mouvement a tout simplement disparu.
La console reste néanmoins compatible, via un adaptateur USB que les possesseurs de Kinect pourront réclamer gratuitement à Microsoft en échange de l'enregistrement du numéro de série de leurs appareils (Xbox One, Xbox One S et Kinect). Cela se passera sur cette page, qui sera mise à jour une fois la Xbox One S mise sur le marché.
On compte toujours deux ports USB 3.0 à l'arrière complétés par un troisième qui est désormais accessible en façade, ainsi qu'une entrée (norme inconnue) et une sortie HDMI 2.0 (avec support de la 4K et du HDR). Un port RJ45 assure la connectivité, tout comme le Wi-Fi dont les caractéristiques exactes ne sont pas connues. Une sortie infrarouge et une sortie optique à l'arrière viennent compléter la dotation.
Un lecteur Ultra HD Blu-ray et une attention sur la vidéo
À l'intérieur, quelques changements sont également de la partie. Microsoft met en avant les nouvelles capacités de la console en termes de lecture vidéo en appuyant sur deux points. Le premier est la compatibilité avec les contenus en 4K et HDR, notamment grâce à l'intégration d'un « lecteur Ultra HD Blu-ray » comme le confirme Phil Spencer dans la vidéo ci-dessous et comme décrit sur cette page.
Si les tarifs des platines UHD Blu-ray ne varient pas d'ici le lancement de cette console, on en trouve à partir de 499 euros, elle deviendra le lecteur de salon le moins cher du marché. Cela avec un prix de à 399 euros pour la version 2 To, qui sera la première distribuée. Les suivantes qui sont annoncées à partir de 299 euros n'ont pour le moment pas de date de sortie précise. On espère néanmoins que cela sera avant la période des fêtes de fin d'année.
S'il y a encore de la marge avant de voir tourner un jeu en 4K sur cette console, elle peut néanmoins exploiter la prise en charge du HDR (High Dynamic Range). Le HDMI Forum explique que ce format « fournit une meilleure qualité d'image en offrant simultanément des parties sombres et claires de l'image plus détaillées ».
Si le joueur dispose d'un téléviseur compatible et de la nouvelle console, certains de ses jeux pourront profiter de cette évolution. Il sera d'ailleurs intéressant de voir si la certification Ultra HD Premium est au rendez-vous pour la console de Microsoft, ou non.
Nouveau lifting pour la manette
La manette a elle aussi subi de modestes changements. Sur le plan esthétique, on notera surtout l'apparition d'une texture antidérapante sur la partie arrière, afin d'assurer une meilleure prise en main. Les sticks analogiques ont également été retravaillés afin d'améliorer leur résistance à l'usure.
Des modifications moins visibles sont également au menu. Le fabricant assure avoir amélioré la connectivité de la manette en « améliorant la performance du signal sans fil pour vous offrir une connexion plus stable avec la console avec une portée doublée quand elle est utilisée avec la Xbox One S ». Ce nouveau modèle sera également utilisable en Bluetooth sur les appareils équipés de l'Anniversary Update de Windows 10.
Côté tarif, aucun changement, cette nouvelle manette remplacera les anciennes dans les boutiques au tarif conseillé de 59,99 euros. Elle sera également fournie aux acheteurs de la Xbox One S. Des versions personnalisées sont également poposées sur le Xbox Design Lab, à des tarifs débutant à 79,99 dollars, frais de port inclus... mais aux États-Unis seulement pour le moment.
Plus de puissance ?
Un épais flou subsiste autour des entrailles de la machine. Microsoft se refuse pour l'instant à détailler les éventuels changements apportés à sa machine. Il est probablement question d'un die-shrink du SoC de la Xbox One pour passer sa finesse de gravure de 28 à 14 nm qui profitera des évolutions des nouvelles architectures d'AMD, au moins au niveau de la partie graphique (ce qui semble confirmé par le support du HDMI 2.0 et de la 4K avec HDR).
Mais si une telle modification est confirmée, est-elle au service d'un surcroît de puissance, d'une baisse de la consommation et de l'échauffement thermique, ou de tous ces éléments à la fois ? Historiquement les fabricants de consoles profitent de l'amélioration des procédés de gravure afin d'un côté de réduire le coût de production de leurs puces et de l'autre leur dégagement thermique. Au cours de sa carrière, la PS3 a ainsi vu son Cell gravé en 90 nm, 65 nm et 45 nm. Du côté de la Xbox 360, les mêmes améliorations ont été apportées au fil des ans.
D'autres changements semblent également avoir pris place dans la puce de la Xbox One S, mais impossible pour l'instant d'en connaître la teneur exacte. Dans un entretien à Polygon, Rod Fergusson, le responsable du studio The Coalition (Gears of War 4) explique que « la Xbox One S dispose d'une puissance additionnelle au niveau du CPU et du GPU par rapport à la Xbox One ». Seul hic, ce surcroit de puissance n'est pas chiffré et on ne sait pas encore d'où il provient.
Les sources de tels gains peuvent être multiples, on peut ainsi imaginer une augmentation des fréquences de fonctionnement de la console, une modification de l'architecture, ou encore des gains permis par une modification du SDK. Nous avons bien sûr contacté Microsoft à ce sujet et mettrons cette actualité à jour dès que nous aurons obtenu des réponses précises.
De son côté, Phil Spencer a démenti devant nos confrères d'Eurogamer toute variation significative des performances de la Xbox One S par rapport à son ainée. « Certaines des décisions qui ont été prises pour des raisons de coûts ou d'approvisionnement peuvent mener à de sensibles différences de performances, qu'il s'agisse du débit offert par le lecteur optique ou le reste. Jamais rien n'est bloqué au même nombre. Mais honnêtement, n'achetez pas cette console si vous le faites dans le but de voir vos jeux Xbox One fonctionner mieux, parce qu'elle n'est pas conçue pour ça. Elle l'est pour les faire tourner exactement de la même manière », explique-t-il.
L'anniversary Update de Windows 10 s'invite sur Xbox One
L'anniversary Update de Windows 10 est également en approche sur Xbox One. Celle-ci apportera de nombreux changements à la plateforme et pas uniquement pour la nouvelle variante de la console. Outre la possibilité de lire de la musique en tâche de fond, de choisir la langue d’un jeu indépendamment de notre région de résidence et de l’intégration de Cortana qui sont des demandes récurrentes de la communauté, Microsoft a apporté d'autres fonctionnalités dans son escarcelle.
La plus notable concerne l'arrivée de jeux Win32 (jusqu'ici vendus via le Windows Store) dans la boutique en ligne Xbox Live dès cet été. Un nombre limité de titres sera d'abord concerné, avant que le catalogue ne s'étende au fil des mois. Il faudra par contre attendre encore quelques semaines avant d'avoir le détail des jeux ainsi proposés. Sur la preview actuelle du système la moisson n'est pas très riche et vise surtout les joueurs occasionnels.
Sur le plan communautaire, Microsoft met en avant la possibilité de former des groupes appelés guildes pour réunir des joueurs partageant les mêmes centres d’intérêt. Un ajout qui s'apparente un peu aux groupes sur Steam et reste d'un intérêt discutable.
Un module de recherche de groupes est également prévu, mais le plus gros morceau s’appelle Arena. Il s’agit d’une plateforme devant faciliter l’organisation de tournois sur la console. Electronic Arts et Wargaming ont déjà fait savoir que certains de leurs titres rejoindront rapidement ce dispositif.
Xbox Play Anywhere, le cross-buy gagne du terrain
Autre nouveauté sans lien direct avec le lancement de la Xbox One S : l'annonce du programme Xbox Play Anywhere. Les jeux participant à ce dispositif seront disponibles en cross-buy Windows 10 / Xbox One, c'est à dire que l'achat d'une version vous octroie automatiquement une licence pour l'autre. Mais quelques conditions (pour ne pas dire restrictions) s'appliquent.
Seules les versions dématérialisées des jeux seront concernées. En sachant qu'elles seront principalement vendues sur le Windows Store et la boutique en ligne Xbox, les prix pratiqués seront certainement plus élevés que ceux des copies physiques. En effet, Microsoft vend toujours ses jeux « AAA » à 59,99 ou 69,99 euros dans ses échoppes numériques, pendant que les revendeurs en ligne font souvent tomber leur prix sous la barre des 50 euros. La marque évoque néanmoins que certains revendeurs participants pourront vendre des codes pour cette fonction.
Par contre, n'espérez pas pouvoir jouer simultanément à un jeu sur votre PC et votre Xbox One, Microsoft exclut formellement cette possibilité. Le catalogue de titres compatibles est également assez restreint, avec seulement 12 jeux pour le moment, dont la liste est disponible ici. Il est à noter que cette opération est ouverte aux éditeurs tiers, comme en témoigne la présence d'Ark : Survival Evolved.
Pour ce qui est des bons côtés, on retiendra que la progression (sauvegardes, trophées...) est commune à l'ensemble des appareils concernés, que l'achat croisé concerne également les DLC et que l'abonnement Xbox Live Gold n'est pas requis pour profiter de ces avantages. Ouf.
Project Scorpio, le gros morceau arrivera en 2017
Le clou de la conférence E3 de Microsoft concernait l'officialisation de Project Scorpio, une console qui viendra occuper le haut de la gamme Xbox d'ici fin 2017. Le fabricant a clairement fait savoir qu'il ne s'agit pas d'une machine de neuvième génération, mais simplement d'une amélioration de l'existant, avec des caractéristiques techniques bien plus musclées.
Seulement deux chiffres ont été évoqués par Microsoft : 6 TFLOPS, la puissance de calcul brute offerte par la machine et 320 Go/s, la bande passante offerte par la mémoire système. Pour comparaison, le SoC de la Xbox One revendiquait 1,2 TFLOPS avec une bande passante mémoire de 68,3 Go/s (en excluant l'eSRAM du calcul) et celui de la PlayStation 4 1,8 TFLOPS avec une bande passante mémoire de 176 Go/s.
Dans un autre registre, une GeForce GTX 1070 affiche 6,5 TFLOPS au compteur en simple précision, selon NVIDIA. Quoi qu'il en soit, il sera nécessaire d'obtenir des informations plus précises sur la nature du SoC utilisé dans Project Scorpio avant de tirer la moindre conclusion, tant de telles informations peuvent être soumises aux aléas du marketing.
Avec ce nouveau SoC, qui comprendra toujours une partie CPU dotée de huit cœurs, Microsoft estime que sa console sera en mesure d'afficher des jeux avec une image en 4K à 60 images par seconde et de s'adonner sans problème aux joies de la réalité virtuelle. Il reste encore à savoir à quel prix et avec quel niveau de qualité d'image, le mystère étant encore entier de ce point de vue-là.
Le flou de la « futurocompatibilité »
Pour faire la promotion de son prochain bébé, Microsoft met aussi en avant le principe de la « futurocompatibilité ». Derrière cette tranche de novlangue, se cache un principe qu'Hugues Ouvrard décrit ainsi au Monde : « si vous achetez Halo Wars 2 ou Gears of War 4 demain, vous pourrez toujours y jouer dans trois ou quatre ans, et vous pourrez tirer parti des progrès d’affichage sur ces jeux ».
La réciproque consistant à garder sa vieille Xbox One pour profiter de jeux récents, quitte à se contenter de 720p est évoquée, mais la promesse est brouillée par le manque de clarté de Microsoft dans sa communication. Lors de la conférence le mot d'ordre était « no one left behind », mais il aura suffi d'une interview de Shannon Loftis, directrice générale de l'édition de jeux chez Microsoft, sur le flux E3 de YouTube Gaming, relayée par Gamespot, pour semer le doute.
D'un côté elle explique que « tous les jeux que nous faisons actuellement fonctionneront sur Scorpio. Nous promettons une compatibilité ascendante et descendante. C'est de l'innovation côté matériel, sans compromettre la compatibilité ». Pas question donc de voir apparaître des jeux « Scorpio-only ». Interrogée juste après sur la possibilité pour les studios tiers de produire des jeux réservés à la future machine, sa réponse est tout de suite moins affirmative : « Je n'en sais rien. Cela dépend de la communauté des développeurs : ils font ce qu'ils veulent ». Cela ressemble presque à une parodie de la communication extérieure de Microsoft ces dernières années.
Le mot de la fin sortira encore une fois de la bouche de Phil Spencer, toujours devant nos confrères d'Eurogamer. « Les jeux Scorpio seront évidemment conçus pour tirer parti des 6 TFLOPS et de la 4K. Votre Xbox One avec laquelle vous jouez, vous savez déjà ce qu'elle offre. Mais il n'y aura pas de jeux exclusifs à Scorpio. Absolument pas ».
Même problème du côté du matériel. Microsoft assure que les accessoires actuels fonctionneront sans problème sur la nouvelle console, mais la réciproque n'est pas nécessairement vraie. Quel intérêt reste-t-il alors à la Xbox One(S) aujourd'hui ? Ne vaut-il mieux pas reporter son investissement à fin 2017 afin de voir ce que Project Scorpio a dans le ventre et s'assurer de pouvoir trouver des jeux pendant un peu plus longtemps ?
Faut-il craquer ou attendre ?
La réponse dépendra fortement de la politique qu'adopteront Microsoft et les éditeurs tiers au regard de la Xbox One actuelle et de sa version S. S'ils continuent à proposer des versions de leurs jeux adaptée à celle qui deviendra la Xbox d'entrée de gamme pendant plusieurs années, la question ne se pose pas spécialement.
Au vu de la fenêtre de lancement évoquée pour Project Scorpio, on peut raisonnablement penser que la transition demandera quelques années à partir d'aujourd'hui, la suite ne sera malheureusement faite que doutes à cause des errements de la marque dans sa communication. Dans ces conditions, l'achat d'une Xbox One, même dans sa version S n'est pas un choix évident à prendre, il est donc urgent d'attendre.
La Xbox One S dispose néanmoins d'un argument de poids : il devrait s'agir au moment de son lancement de la platine UHD Blu-Ray la moins chère du marché. Si l'on souhaite s'équiper d'un tel appareil, la console devient une option séduisante, un peu de la même façon que la PlayStation 3 au début de l'ère du Blu-ray.
La politique de Microsoft visant à offrir ses exclusivités à la fois sur Xbox One et sur Windows 10 amène un autre « concurrent » dans l'arène : le PC. Sans rouvrir le débat sur les performances ou sur le prix des consoles, les adeptes du PC pouvaient se laisser séduire par une Xbox One pour profiter de quelques exclusivités jusqu'ici introuvables sur leur plateforme (Halo, Forza...).
Or, les derniers changements de politique de la firme de Redmond font qu'ils auront cette année la possibilité – au moins dans le cas des jeux directement produits par Microsoft – de les acquérir directement sur le Windows Store et de les faire fonctionner sur leur PC. Pour eux, quel devient l'intérêt d'investir un minimum de 300 euros dans une console ? La perte de ce marché n'est toutefois pas dramatique pour l'éditeur, puisque ces joueurs sont de toute façon très majoritairement des utilisateurs de... Windows.