À l’occasion de la Journée de travail Culture, Patrimoine et Création, organisée le 9 juin dernier, Nicolas Sarkozy est revenu sur le grill de la Hadopi.
Cette manifestation date d’il y a un mois, mais les vidéos n’ont été mises en ligne qu'aujourd’hui. Sans grande surprise, l’ancien chef de l’État s’est lancé dans une longue litanie à propos de la « culture du gratuit », l’un de ses sujets de prédilection lorsqu’il était encore aux responsabilités : « Je crois au droit d’auteur, je n’aime pas la culture du tout gratuit », « le tout gratuit est exactement aussi désastreux que d’expliquer à nos enfants qu’on peut tout avoir sans effort », « le gratuit c’est la culture du refus de l’effort », etc.
Surtout, il a adressé quelques critiques bien senties à l’égard du rapport Lescure, commandé par l’actuel gouvernement. « Si quelqu’un a compris quelque chose au rapport de Monsieur Lescure sur Hadopi c’est que vous êtes drôlement fort. Parce que moi, j’y ai vu un tour de passe-passe assez misérable qui a démoli l’efficacité d’Hadopi sans oser affronter les artistes, parce que l’hypocrisie règne en maitresse absolue ».
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Le rapport Lescure avait envisagé plusieurs pistes d’évolution de la Hadopi, notamment un transfert de ses compétences vers le CSA. Le projet est resté lettre morte, non une autre de ses préconisations : la suppression de la peine de suspension entrée en vigueur en juillet 2013. C’est elle qui est visée en creux. A l'époque, Pierre Lescure nous avait expliqué dans une interview avoir trouvé « contre nature et provocateur de vouloir priver quelqu’un de son accès à Internet. »
Hadopi 2, 3, 4 et les sites de « screaming illégal »
Sur la répression, l’ex-chef de l’État a une nouvelle cible, les sites de « screaming » (lire plutôt « Streaming »). : « Je ne suis pas attaché à Hadopi dans sa forme initiale. Je suis attaché aux principes du respect du droit d’auteur. Je pense que quand on pille une œuvre, c’est du vol. Il faut donc qu’il y ait un système de sanction. Bien sûr qu’il faut un Hadopi 2, un Hadopi 3, un Hadopi 4, mais je ne vois pas pourquoi on accepterait les sites de screaming illégal qui vivent sur les œuvres des auteurs, qui pillent, qui ne payent pas ce qu’ils vendent, mais qui se font payer avec ce qu’ils vendent ».
Toujours à propos de ces sites qui mettent à disposition gratuitement des œuvres audiovisuels sans autorisation, il poursuit : « C’est gratuit pour qui ? Sauf pour eux, qui se font rémunérer ! C'est à dire, quand je prends, je prends gratuitement, quand je vends, je vends pas gratuitement. C’est logique ça ? On doit l’accepter cela ? La vérité c’est qu’il y a une forme de jeunisme que de dire ‘Ouhlala on va se mettre mal avec les jeunes'. Alors, silence dans les rangs. Pourquoi ? Parce que les jeunes ne sont pas capables de comprendre ça ? Que s’il n’y a plus de droit d’auteur, il n’y a plus de création demain ? ».
Et Nicolas Sarkozy de débouler une de ses petites phrases favorites : « ce n’est pas parce que c’est Internet, qu’il ne doit plus y avoir aucune règle ».
Pour Pascal Rogard (SACD), la Hadopi n'est pas efficace... faute de sanction
Évidemment invité à cette journée, l’immanquable Pascal Rogard (SACD) a milité pour un système d’amende, jugeant que l’actuelle Hadopi est trop gentille avec les abonnés internautes : « Le seul problème d’Hadopi est que ce n’est pas efficace car derrière il n’y a pas de sanction. Il faudrait revenir à des sanctions plus normales - on a peut-être été trop loin avec la suspension de l’abonnement internet - qui sont des systèmes d’amende qui permettraient d’ailleurs de faire fonctionner le système. »