Après avoir remporté une grande bataille avec son OPA, Vivendi vient de gagner la guerre. Dans un communiqué, la famille Guillemot, désormais deuxième actionnaire de Gameloft, assure vendre « à regret » l'ensemble de ses actions de la société au groupe de Vincent Bolloré.
Les jeux sont faits. La famille Guillemot, deuxième plus gros actionnaire de Gameloft avec 22,43 % du capital de l'entreprise – et près de 30 % de ses droits de vote – a finalement rendu les armes dans son duel avec Vivendi. Dans un communiqué envoyé à Reuters, elle confirme avoir vendu l'essentiel des actions qu'elle détenait dans son entreprise.
Peu de surprise
Cette nouvelle n'est finalement pas si étonnante que cela. Comme nous l'expliquions un peu plus tôt, Michel Guillemot, le PDG de Gameloft affirmait dans un e-mail envoyé à l'ensemble de ses employés que « être un actionnaire minoritaire d'une entreprise appartenant à un autre groupe n'est généralement pas recommandé ». Visiblement, le conseil n'était pas seulement adressé aux autres actionnaires de la société, mais aussi à sa fratrie.
Un document publié ce midi par l'AMF confirme partiellement que cette vente a bel et bien lieu. On peut y voir que Guillemot Brothers SE, la Holding familiale, a apporté symboliquement 1 000 actions à l'OPA de Vivendi le 3 juin dernier, tandis qu'Yvette Guillemot, cofondatrice d'Ubisoft, a vendu la totalité de ses actions, soit 165 644 titres pour un montant s'élevant à 1,3 millions d'euros. Il conviendra tout de même d'attendre la publication des ventes du jour par l'AMF, ce qui peut réclamer quelques journées d'attente, avant de confirmer la nouvelle.
Vivendi prépare la prochaine étape
En supposant que la fratrie ait apporté la totalité de ses actions, le groupe de Vincent Bolloré se retrouverait aujourd'hui en possession d'environ 84 % du capital et d'environ 85 % des droits de vote de l'éditeur de jeux mobiles. La prochaine étape pour le géant des médias consisterait à atteindre le seuil de 95 % du capital et des droits de vote pour sortir Gameloft des marchés boursiers.
Vivendi pourrait alors lancer une offre de retrait obligatoire, qui forcerait les derniers actionnaires à céder leurs titres à un prix fixé par l'acquéreur. Le géant français des médias serait alors en possession de l'ensemble des actions du groupe et en mesure d'en faire ce que bon lui semble, avant de préparer la suite de son assaut sur Gameloft.
Un dernier barrage pour Ubisoft ?
Alors que la fratrie assure vendre ses derniers actifs « à regret », d'autres y voient une opportunité de dégager du cash pour tenter de faire barrage à Vivendi qui tente de prendre possession de l'autre fleuron familial : Ubisoft. Seulement, les sommes en jeu ne permettront probablement pas à la famille bretonne de retenir très longtemps les assauts de Vincent Bolloré.
Gameloft est valorisé à hauteur de 700 millions d'euros dans le cadre de l'offre de Vivendi. Les 22,43 % du capital détenus par la fratrie n'ont ainsi qu'une valeur d'environ 160 millions d'euros. Cette somme ne permettrait que de croquer 4,2 % du capital d'Ubisoft. Cela suffirait à faire en sorte que la holding familiale passe la barre des 20 % du capital du géant de l'édition, mais c'est encore loin du compte nécessaire pour faire reculer Vivendi. Le groupe français devra donc encore compter sur le soutien de ses autres actionnaires, voire d'un chevalier blanc pour faire barrage à l'envahisseur.