Vivendi s'est félicité « du succès de son offre publique d’achat auprès des actionnaires de Gameloft » et a commencé à avancer ses pions en vue de la prochaine assemblée générale de Gameloft. La firme de Vincent Bolloré veut rafler la majorité des sièges au conseil d'administration de la société et fait les yeux doux aux employés.
L'AMF vient de publier un communiqué dévoilant le résultat provisoire de l'OPA de Vivendi sur Gameloft. Le géant français des médias aurait réussi son coup en s'assurant de pouvoir détenir plus de 60 % du capital de l'éditeur.
C'est dans un communiqué très succinct que l'AMF a dévoilé le résultat provisoire de l'OPA de Vivendi sur Gameloft. Sans grande surprise, après que le fonds Amber Capital, propriétaire de 14,62 % du capital de l'éditeur a assuré son soutien à la firme de Vincent Bollloré, l'autorité financière déclare que « l'offre [de Vivendi] a donc une suite positive »
Une victoire sans appel
Vivendi serait en effet en mesure de détenir plus de 53,7 millions d'actions Gameloft, ce qui représente 61,71 % du capital de la société et « au moins 55,61 % de ses droits de vote ». Cela permettrait au groupe propriétaire de Canal+ d'avoir le contrôle de l'entreprise et de l'intégrer dans son bilan, n'en déplaise à la famille Guillemot qui aura vraisemblablement tenté jusqu'au bout de chercher un chevalier blanc pour barrer la route à Vincent Bolloré.
Le résultat définitif de l'OPA ne sera toutefois connu que d'ici le 2 juin prochain, « à l’issue des ultimes travaux de vérification » menés par l'Autorité des marchés financiers.
Cette première victoire pourrait bien donner des ailes à Vivendi qui cherche également depuis plusieurs mois à mettre la main sur Ubisoft, une autre entreprise détenue par la famille Guillemot. Le groupe de Vincent Bolloré détient déjà plus de 17 % de son capital et dispose d'une trésorerie suffisamment bien garnie pour financer une telle acquisition, y compris hostilement. Ces derniers mois, le groupe a déjà commencé à réclamer une place au conseil d'administration de l'éditeur, tout en le menaçant d'une prise de contrôle prochaine.
Vivendi, gentil flic et méchant flic à la fois
De son côté, Vivendi « se félicite du succès de son offre publique d’achat auprès des actionnaires de Gameloft » quand bien même les résultats ne sont que provisoires, preuve d'une certaine confiance chez le géant des médias. Il précise que conformément à la loi, son offre sera rouverte pendant au moins 10 jours afin que ceux ayant hésité jusqu'ici puissent lui vendre leurs actions au prix de 8 euros l'unité.
Le groupe de Vincent Bolloré a ensuite soufflé le chaud et le froid. Il prévoit ainsi, en fonction des résultats obtenus lors de la réouverture de son OPA, de faire nommer « au moins la majorité des administrateurs de Gameloft » lors de la prochaine assemblée générale annuelle de l'éditeur qui se tiendra le 29 juin prochain. Vivendi ne tardera donc pas à imprimer sa marque sur sa nouvelle acquisition.
Parallèlement, le groupe fait les yeux doux aux employés actuels de l'éditeur. Dans une lettre ouverte publiée sur son site institutionnel, Vivendi cherche à les rassurer en leur expliquant notamment que « ce projet s'appuiera avant tout sur vos talents et votre liberté de création », et qu'ils forment « la plus grande richesse de Gameloft ». La firme de Vincent Bolloré rappelle aussi qu'en 2012 « lorsque nous avons acquis EMI en 2012 par exemple, l'immense majorité des artistes nous a suivi sans hésitation. Nos deux sociétés ont donc en commun de valoriser tous les talents, en particulier les créateurs, les éditeurs, les concepteurs et les développeurs ». Seulement à l'époque, l'industriel breton aux méthodes musclées ne faisait pas partie des administrateurs de l'entreprise.
Les synergies restent floues
Enfin dans sa lettre, Vivendi revient sur les synergies que permettront ce rapprochement avec Gameloft. Selon le géant des médias il « offre des opportunités de coopération dans de nombreux domaines : la co-création de contenus, le développement de nouvelles franchises, la constitution de communautés et d'audiences élargies, la mutualisation de nos réseaux de distribution entre autres exemples ».
Il n'est pas certain que cette tirade parvienne à convaincre les investisseurs restés du côté de la famille Guillemot. Fin mars, les dirigeants de l'éditeur taclaient le plan de Vivendi en expliquant que « le conseil d’administration considère à l’unanimité que l’offre initiée par Vivendi ne présente aucun intérêt stratégique pour Gameloft, et que le rapprochement envisagé n’est pas de nature à créer des synergies substantielles pour les actionnaires de Gameloft, ni à accélérer le projet industriel de la société ».
Déjà à l'époque, l'argument la mutualisation des réseaux de distribution avait été retoqué notamment parce que Gameloft s'appuie déjà sur un réseau de 200 opérateurs téléphoniques dans 100 pays pour distribuer ses jeux. Quant à la promotion de contenus via Dailymotion : « l'impact de ce partenariat ne serait pas matériel à l'international au regard de l'importance de YouTube et Twitch ». Une façon très polie de dire que la plateforme de vidéo de Vivendi ne vaut pas un kopeck en termes d'audience.