Pendant que le gouvernement français cherche à encadrer certaines pratiques dans le monde du sport électronique, des éditeurs y mettent déjà leur grain de sel. Riot Games vient ainsi de prendre des sanctions contre trois des équipes participant à ses compétitions, pour des soucis contractuels avec leurs joueurs.
Riot Games n'est pas seulement l'éditeur du célèbre League of Legends, c'est aussi l'organisateur de la principale compétition sur ce jeu, les League of Legends Championship Series (ou LCS). Cette série de tournois oppose les meilleures équipes du monde sur le jeu, et impose aux participants de suivre un cadre très strict.
Contrats et minimum salariaux imposés
Alors que le gouvernement cherche à permettre aux équipes françaises d'employer leurs champions de jeux vidéo dans les mêmes conditions que les sportifs (avec des CDD sur une ou plusieurs saisons), Riot Games imposait déjà un modèle équivalent.
L'éditeur exige en effet des équipes que l'ensemble de ses joueurs dispose d'un contrat écrit avec leur structure, mais également d'un salaire minimum. Celui-ci est fixé à 11 250 euros pour chaque demi-saison (ou split). Un montant qui doit permettre aux joueurs de pouvoir subvenir à leurs besoins et de s'investir pleinement dans leur rôle. Bien évidemment, les équipes sont libres de proposer davantage à leurs joueurs, notamment en vue d'attirer les meilleurs éléments possibles dans leur effectif.
Contrats manquants chez Team Impulse
Trois équipes ont été épinglées ce matin même par la direction de Riot Games et doivent faire face à d'importantes sanctions. La première, Team Impulse, a été mise à l'index car « le management de l'équipe n'a pas payé à temps ses joueurs à de multiples reprises, et n'ont pas été en mesure de leur fournir des contrats valides ».
Les officiels des LCS ont découvert le pot aux roses lors d'un contrôle de routine en mars dernier. L'équipe n'a pas su fournir de copies des contrats des joueurs alors que dans sa fiche de renseignements fournie à l'éditeur, elle assurait avoir bien rempli cette étape indispensable à son homologation. Team Impulse a bien tenté de faire signer des contrats en urgence à l'ensemble de ses joueurs mais certains ont refusé de se plier aux termes proposés. En l'absence de document pour chacun des membres de l'effectif, l'équipe est hors-la-loi aux yeux de l'éditeur.
Autre fait compromettant, Team Impulse a depuis 2015, tardé à verser aux joueurs la compensation minimum imposée par Riot Games, en plus de certains versements promis contractuellement. Lors du « Summer Split 2015 », l'éditeur était déjà intervenu pour que l'équipe verse son dû à ses joueurs. La situation s'est répétée en mars.
L'éditeur a donc disqualifié la structure Team Impulse, qui ne pourra donc pas participer aux LCS, et devra également payer une amende de 20 000 dollars, déduite des futurs versements de l'éditeur. Les joueurs pourront quant à eux être transférés dans une autre équipe avant le 19 mai, s'ils souhaitent participer tout de même à la compétition.
Bannissement de deux équipes et de leur responsable
Riot a également porté son regard sur deux autres structures, Renegades et TDK. Il est reproché à la première d'avoir fait appel aux services d'un certain Chris Badawi, un investisseur qui a déjà été banni de toute participation dans une structure participant aux tournois organisés par Riot Games. La cause : il n'avait pas respecté les règles des LCS sur le démarchage de joueurs.
Renegades avait signé un contrat lui offrant une participation de 50 % dans l'entreprise détentrice de l'équipe dès la levée de son bannissement. Or cela n'était pas du tout du goût de l'éditeur, qui a par conséquent purement et simplement exclu définitivement le responsable.
D'autres problèmes ont aussi été soulevés dans cette affaire. Il a ainsi été établi que non seulement l'équipe n'a pas honoré certains paiement dûs aux joueurs, elle a aussi « échoué à maintenir un environnement sain pour les joueurs ».
Des transferts ont également été truqués entre TDK et Renegades. Les deux équipes étaient en effet liées financièrement, ce qui leur interdisait de se transférer des joueurs. Or certains joueurs concernés étaient toujours payés par leur ancienne structure, ce plusieurs mois après leur départ. Une situation pour le moins étrange et surtout d'abord cachée aux officiels de Riot.
Par conséquent, ces deux équipes ont été disqualifiées et bannies de toute participation aux tournois organisés par l'éditeur. Elles ont elles aussi une dizaine de jours devant elles pour transférer leurs joueurs et céder leur place à une autre organisation.