Après des semaines de débats et une demande d'enquête publique par les opérateurs américains, Netflix revoit sa copie sur la consommation mobile. Désormais, la limite de débit est appliquée partout, et les clients peuvent définir eux-mêmes la qualité vidéo souhaitée.
Netflix clarifie enfin une situation qui lui a causé quelques ennuis. Dans un billet de blog publié hier, le service de vidéo à la demande annonce l'arrivée d'un réglage de la qualité vidéo sur mobile, après des années à la décider lui-même. Les applications Android et iOS permettent désormais de choisir entre quatre qualités vidéo, de la plus économe à une qualité « illimitée ». Elle permet également de limiter le streaming au Wi-Fi.
Pour accéder au réglage, il suffit d'ouvrir l'application, puis le menu latéral et de se rendre sur « Paramètres de l'application ».
Une limitation explicitée tout récemment
Par défaut, Netflix fournira la qualité la plus basse, à savoir 600 Kbps, soit « 4 heures de vidéo par Go », peu importe le réseau utilisé. Si cela semble logique, ce n'était pas le cas jusqu'ici. En fait, Netflix ne limitait le débit que sur une partie des réseaux mobiles dans le monde, selon des critères qui restaient à sa discrétion. À l'époque, certains évoquaient ainsi une limitation chez les opérateurs qui choisissaient de facturer la surconsommation de données, plutôt que de limiter les débits. Une allégation qui n'a pas pu être prouvée.
Interrogée sur le sujet, la société nous confirmait l'application de cette mesure en France, sans préciser sur quels réseaux. Une démarche sélective qui a mené des internautes à accuser les opérateurs eux-mêmes de brider Netflix. Ce dernier était sorti du bois fin mars, en promettant une nouvelle option pour mai. Promesse tenue.
La neutralité du Net, une arme à double tranchant
Ce quiproquo sur la responsabilité du bridage avait donné lieu à une situation cocasse. Les lobbies des opérateurs américains ont ainsi réclamé la tête de Netflix, au nom du texte sur la neutralité du Net. Ils ont ainsi demandé au régulateur, la FCC, d'enquêter sur les pratiques du service de vidéo en vertu d'un texte auxquels ils se sont toujours opposés jusqu'ici.
Dans les batailles entre opérateurs et services Internet sur le financement du réseau, la neutralité du Net est une arme utilisée à tour de rôle... Avec un certain succès pour Netflix. Le service a ainsi régulièrement dénoncé publiquement certaines demandes des opérateurs dans leurs négociations, sous prétexte de défendre la neutralité des réseaux. Un principe qui lui profitait donc bien, quand il s'agit de réclamer de la transparence chez les groupes télécoms. Moins quand il s'agit de faire la lumière sur ses propres pratiques.
Pour les acteurs des télécoms, le texte sur la neutralité du Net adopté l'an dernier aux États-Unis est un poids inutile. Ils en attaquent chaque disposition, dernièrement sur la transparence et la vie privée. Mais quand ce texte peut être utilisé contre Netflix, il devient subitement valable à leurs yeux. Une position que n'a pas suivi la FCC, qui a répondu ne pas pouvoir mener d'enquête sur Netflix, la neutralité du Net s'appliquant aux réseaux et non aux services.