Le producteur de GTA V réclame 150 millions de dollars de royalties à Take Two

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Le producteur de GTA V réclame 150 millions de dollars de royalties à Take Two

La séparation entre Leslie Benzies, l'ancien producteur de la série Grand Theft Auto, et Take-Two et Rockstar ne semble pas se passer aussi calmement que l'éditeur le laissait entendre. Les deux parties se poursuivent mutuellement en justice pour une affaire de royalties.

Take-Two aime le répéter, la franchise Grand Theft Auto est – de très loin – son plus grand succès. L'éditeur annonçait ainsi en janvier dernier que le dernier volet de la série avait dépassé les 60 millions d'exemplaires vendus à travers le monde, toutes plateformes confondues. Un succès colossal à l'échelle de l'industrie du jeu vidéo, puisque hors mobile, seul Wii Sports, vendu en bundle avec la Wii de Nintendo, peut se vanter d'un meilleur chiffre, avec 82,72 millions d'unités écoulées.

Le point de rupture

Parallèlement, Take-Two faisait savoir à Kotaku que Leslie Benzies, le responsable de Rockstar North et producteur de la série Grand Theft Auto, a « pris un congé sabbatique le 1er septembre 2014, puis décidé de ne plus retourner travailler pour l'entreprise ». Un départ un peu surprenant, qui selon l'éditeur prend les airs d'une simple démission, annoncée avec courtoisie.

Le principal intéressé lui, n'est pas exactement de cet avis. Dans la plainte (longue de 71 pages) adressée à Rockstar, Take-Two ainsi qu'à Dan et Sam Houser les deux co-présidents et fondateurs de Rockstar Games, ses avocats détaillent ainsi sa version des faits  : « En pratique, lorsqu'il a essayé de reprendre son poste à la fin de son congé sabbatique le 1er avril 2015, monsieur Benzies s'est trouvé incapable d'entrer dans les locaux de Rockstar North, car ses cartes d'accès ont été désactivées. Après qu'un agent de sécurité l'a laissé entrer, la direction lui a intimé l'ordre de quitter les locaux, sans donner la moindre justification ».

S'en est suivi une procédure de médiation, loin des médias, entre le responsable et l'entreprise, dont les détails ne sont pas connus avec précision. Leslie Benzies estime que les conditions de cette médiation ne sont plus réunies depuis la déclaration publique de Take-Two à Kotaku, ce qui l'a motivé à porter l'affaire devant la justice.

Leslie Benzies, un élément clé de Rockstar Games

Pour comprendre le nœud du problème, il faut remonter plus de 15 ans en arrière. Benzies faisait partie de DMA, un studio racheté par Rockstar en 1999 et qui a développé les deux premiers GTA. Il travaillait alors sur un jeu où l'on devait incarner un monstre géant, façon Godzilla, cherchant à détruire tout sur son passage, dans un environnement en 3D. Les travaux de Benzies sur ce jeu, notamment sur la gestion de la caméra et de la physique, auraient été portés dans Grand Theft Auto III et le développeur estime être ainsi en partie responsable du succès de la franchise.

Pour appuyer cette idée, il souligne que les deux premiers volets ont eu « des scores décevants et des ventes qui n'avaient rien d'exceptionnel », avançant des scores Metacritic inférieurs à 70/100 et des ventes cumulées de 3 millions d'unités pour les deux épisodes. Des chiffres à contraster avec le score de 97/100 et les 25 millions d'exemplaires écoulés de GTA 3, pour lequel Benzies avait été élevé au poste de producteur. 

Autre fait d'armes à l'actif de l'intéressé, la création de Bugstar, un outil interne permettant de gérer le flux de production. Outre son développement, Benzies met en avant que lors des travaux sur Grand Theft Auto IV, il a créé seul 15 000 tâches sur ce logiciel, alors qu'au bureau new-yorkais de Rockstar, où se trouvent les frères Houser, seulement 1 000 éléments auraient été entrés.

Leslie Benzies affirme également avoir participé au développement d'autres titres de Rockstar, dont Red Dead Redemption. Mails à l'appui, il explique que Sam Houser a régulièrement fait appel à lui pour régler divers problèmes à quelques mois du lancement du titre. « S'IL TE PLAIT aide-moi/nous à remettre Red Dead Redemption sur pied. Je suis une épave en ce moment. J'ai besoin du Benz ! » peut-on ainsi lire dans un des mails joints au dossier.

Chères royalties 

Suite à ces succès, Take-Two a conclu un accord fin 2008, promettant à Dan Houser, Sam Houser et Leslie Benzies, décrits comme les « cadres principaux » de Rockstar Games, de profiter du paiement de royalties sur l'ensemble des jeux actuels et à venir de la franchise GTA.  

Si de 2009 à mi-2014, les versements ont eu lieu normalement, chaque responsable profitant d'un montant identique aux autres, les choses se sont envenimées ensuite. En décembre 2014, Leslie Benzies n'a reçu aucun virement, tandis que les frères Houser ont perçu 6,5 millions de dollars chacun.

Royalties Rockstar

En février 2015, Leslie Benzies tente d'organiser son retour au sein des locaux de l'entreprise en contactant Jennifer Kolbe, vice-présidente de Rockstar. Celle-ci lui répond que les frères Houser ne veulent pas qu'il revienne et qu'il lui sera fait une offre pour rompre son contrat à l'amiable. Il lui a été proposé 1,7 million de dollars, une somme que le principal intéressé compare aux 523 millions de dollars de royalties qui n'ont pas encore été versés.

Une montant sur lequel il assure pouvoir prétendre à une part « d'au moins 150 millions de dollars » qu'il souhaite récupérer à l'issue de la procédure judiciaire qu'il vient d'engager. Il réclame aussi le versement de sa part de royalties, y compris sur les revenus encaissés après la rupture de son contrat.

Take-Two contre-attaque

La réponse de l'éditeur ne s'est pas faite attendre, et il contre-attaque tout simplement avec une autre procédure, dans laquelle il expose ses arguments. Il y explique notamment qu'un comité (dont la composition n'est pas précisée) se réunit régulièrement afin de déterminer les montants des royalties à verser. En décembre 2014, alors que Benzies était en congé sabbatique, il a ainsi décidé qu'il ne lui serait rien attribué.

Take-Two assure également avoir reçu un courrier daté du 2 avril 2015, au lendemain du retour de congé de Leslie Benzies donc, dans laquelle il fournit une lettre signalant la rupture de son contrat de travail pour cause de modification unilatérale de ses termes sans justification (ou congédiement déguisé). Courrier suivi de plusieurs relances réclamant le versement des royalties auxquelles le producteur estime avoir droit.

Bien évidemment, l'éditeur dément formellement avoir agi de la sorte et clame que rien dans l'accord de 2009 n'impose une répartition équitable des revenus distribués. Il n'y serait pas non plus question de permettre aux anciens employés de continuer à toucher des fonds. Le document en question, épais de 800 pages, devrait donner bien du fil à retordre au tribunal.

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