Le travail sur la version 5.1 du standard HTML a officiellement pris un nouveau tournant avec l’annonce d’un dernier brouillon prévu pour mi-juin. Un développement ouvert passant notamment par GitHub, où les développeurs peuvent effectuer leurs remontées d’erreurs.
HTML5 a beau avoir eu un impact profond sur le développement du web, il n’est pas pour autant une norme figée. On devrait parler de recommandation, puisque le standard est édité par le W3C, qui ne propose pas de « normes » en tant que telles. Dans tous les cas, le HTML5 a permis l’unification d’un grand nombre de technologies sous une même égide, bousculant complètement le paysage du web en quelques années.
Le rôle crucial du HTML5
Il aura fallu le temps que le Consortium réalise ce qui était initialement un travail titanesque : harmoniser les pratiques qui s’étaient éparpillées dans de nombreuses directions. Il fallait notamment réunir tout ce qui se faisait via des technologies comme les CSS, pour donner au HTML les capacités de lutter contre des plugins tiers tels que Flash, qui autorisaient alors de nombreuses manipulations, notamment graphiques.
Le HTML5 est maintenant en piste depuis plusieurs années et a permis un rapprochement de l’interprétation des pages web dans le navigateur, même si chacun dispose encore de spécificités, notamment via des balises particulières (surtout sur le web mobile avec Webkit). Pendant tout ce temps, le W3C a collecté les avis et surveillé les technologies nouvelles et améliorées, préparant le terrain pour la mouture suivante.
Une conception qui se veut plus ouverte
HTML5.1, c’est son nom, disposera d’une version Candidate officielle à la mi-juin. Le W3C a ouvert un dépôt GitHub avec l’état actuel du projet et invite l’ensemble des développeurs intéressés à se plonger dans les modifications pour faire des retours. Le Consortium demande notamment à ce que soient signalées tous les problèmes qui pourraient être repérés, à travers des Pull Requests, c’est-à-dire un signalement accompagné d’une recommandation de correction : « Si vous faites une Pull Request, elle sera automatiquement examinée, et les éditeurs, responsables ou le personnel du W3C vous contacteront pour vérifier les détails ».
Cette manière de faire est pour le W3C la garantie d’un processus plus ouvert : « Les objectifs principaux des futures spécifications HTML sont de mieux correspondre à la réalité, de les rendre aussi claires que possible pour les lecteurs, bien entendu de rendre possible pour les intéressés de proposer des améliorations et de comprendre quels changements apporteront le succès au HTML ». La version finale de la recommandation devrait quant à elle arriver en septembre, signalant un processus de révision finalement assez court, de l’ordre de trois mois environ.
Une prise en charge par au moins deux moteurs de rendu
Parmi l’ensemble des fonctionnalités actuellement proposées dans le futur standard, on comptera deux groupes. Le premier sera constitué de toutes celles qui représenteront le cœur de la recommandation. Dans l’autre se retrouveront celles qui n’auront pas passé l’épreuve du feu, à savoir être supportées pleinement par au moins deux moteurs de rendu. Elles deviendront alors des extensions du standard.
Mais quelles sont ces nouvelles fonctionnalités ? HTML5.1 reprend en partie des fonctionnalités, méthodes, éléments et attributs qui n’ont pas eu le temps d’être finalisés pour HTML5, et d’autres complètements nouveaux. On citera notamment DOMElementMap, CanvasProxy, setContext(), les arrangements de tableaux, le trio menu/menuitem/contextmenu, fastSeek(), allowFullScreen, les éléments dialog, les seamsless iframes (intégration du contenu dans la page web), de nouveaux types relatifs aux dates ou encore l’interface XMLDocument.
Le W3C reste sur un cycle de deux ans
Si tout se passe bien, le standard HTML restera donc sur une évolution basée sur un cycle de deux ans. HTML5 avait en effet été pleinement finalisé à l’automne 2014, même si dans la pratique les navigateurs se servaient de ses brouillons depuis plusieurs années. C’est en fait la même chose pour HTML5.1, et les technologies qui nécessitaient jusqu’à maintenant des préfixes particuliers permettront d’ici quelques mois de les retirer.
Le W3C est conscient en tout cas que le manque d’ouverture a pu jouer un rôle dans la manière dont certaines autres technologies se sont développées pour accompagner HTML5, sans forcément que les apports soient proposés en retour au Consortium. InfoWorld cite par exemple le cas des Web Components de Google, qui permettent aux navigateurs qui ne les prendraient pas en charge de les gérer via un composant JavaScript. En simplifiant les retours des développeurs, l’organe de standardisation espère que de tels changements seront d’autant plus facilement proposés pour une prise en compte.
Les développeurs qui le souhaitent pourront lire l'ensemble des spécifications depuis cette page.