À plusieurs reprises, Blizzard s'est défendu face à la réutilisation du code de World of Warcraft, notamment dans les serveurs privés. Nostalrius, un serveur un peu particulier qui revendique plus de 800 000 joueurs, est en train d'en faire les frais.
Bien qu'Activision Blizzard ne communique plus sur les chiffres d'abonnements de World of Warcraft, le MMORPG phare de l'éditeur reste une machine très rentable, qu'il cherche à préserver à tout prix. Par le passé, le géant américain s'est lancé dans de nombreux bras de fer juridiques afin de rayer de la carte bon nombre de serveurs de jeu dits « privés », qui permettaient à tout un chacun de profiter du jeu sans devoir régler sa dîme mensuelle.
L'un des cas les plus célèbres concerne une entreprise appelée Scapegaming qui a été condamnée en 2010 à verser au géant américain 88,6 millions de dollars de dommages. Ceci car elle a hébergé un serveur ayant accueilli plus de 400 000 joueurs et collecté plus de 3 millions de dollars sur PayPal grâce à cette activité, en vendant objets et or et services à ses clients.
Nostalrius, un serveur un peu particulier
Ces derniers jours, Activision Blizzard a fait parvenir à OVH une lettre réclamant la fermeture immédiate d'un serveur hébergé dans ses locaux. Il s'appelle Nostalrius et revendique avoir accueilli plus de 800 000 joueurs, dont 150 000 sont actuellement actifs.
Ce serveur est maintenu depuis un peu plus d'un an par une équipe bénévole, et n'a pas collecté le moindre centime tout au long de son existence, même si ce n'est pas son seul signe distinctif. Il s'agissait également d'un serveur « Vanilla » comme l'appellent ses habitués. En d'autres termes, il n'exploite pas la version actuelle du jeu avec l'extension Warlords of Draenor, mais une en vigueur peu avant le lancement de Burning Crusade. Le niveau maximal est limité à 60, les arbres de talents ne se limitent pas à trois cases tous les 15 niveaux, et les paladins n'ont pas droit de cité côté horde.
Ce serveur répondait donc à une demande très particulière à laquelle Blizzard est indifférente. Mais les règles étant ce qu'elles sont, réutiliser la propriété intellectuelle d'un tiers reste répréhensible et l'éditeur est dans son bon droit en procédant ainsi.
Les équipes de Nostalrius ont donc décidé de fermer leurs serveurs afin de s'épargner un long et coûteux procès. Lors du précédent, le tribunal avait retenu des dommages forfaitaires de 200 dollars par utilisateur enregistré, ce qui dans le cas du jour représenterait plus de 160 millions de dollars. Une pétition a néanmoins été mise en ligne pour sauver ce qui peut encore l'être et a recueilli plus de 40 000 signatures.
Reste-il de la place pour la nostalgie dans un MMORPG vieux de 10 ans ?
S'il n'y a pas grand-chose à redire sur le bien-fondé de la démarche d'Activision Blizzard, la popularité rencontrée par ce serveur amène son lot de questions. On peut en effet se demander pourquoi le géant américain n'investit pas cette niche et ne propose pas des serveurs à thème permettant de revivre la même expérience qu'il y a 3, 5, 7 ou 10 ans, le filon semblant prometteur.
La chose n'est cependant pas simple à mettre en place, puisqu'il faudrait maintenir simultanément plusieurs versions d'un titre aussi complexe, ce qui n'est pas sans poser un certain nombre de soucis. Dupliquer des équipes de développement et de support représente un coût non négligeable, l'aventure serait donc risquée.
Certains pourraient toutefois voir dans cette procédure un signe que Blizzard pourrait s'aventurer dans ce domaine. Une thèse étayée par le fait qu'en ce moment même d'autres serveurs privés (y compris francophones) concurrencent directement l'éditeur sur le contenu actuel, proposent des services payants aux joueurs, et n'ont pas fait l'objet d'une telle menace.