Le torchon brûle entre NVIDIA et Qualcomm. On savait que la marque au caméléon était à l'origine de l'enquête européenne sur l'abus de position dominante du géant américain, mais désormais celle-ci réclame à son concurrent jusqu'à 352 millions de dollars de dommages, en raison de la fermeture de sa filiale Icera.
Fin 2015 la Commission Européenne rendait les conclusions préliminaires de ses deux enquêtes autour des soupçons d'abus de position dominante de Qualcomm sur le marché communautaire. L'autorité estime que « Qualcomm a versé, depuis 2011, des sommes considérables à un important fabricant de smartphones et tablettes à la condition que ce dernier utilise exclusivement des chipsets de bande de base Qualcomm dans ses smartphones et tablettes ».
Dans le collimateur des autorités depuis 2015
En plus de cela, « l'entreprise productrice de chipsets aurait versé illégalement des sommes à un client important pour utiliser exclusivement ses chipsets et aurait vendu des chipsets à des prix inférieurs aux coûts dans le but d'évincer son concurrent Icera du marché, ce qui pourrait constituer une violation des règles de l'UE en matière d'abus de position dominante », rajoute la Commission, visiblement sûre de son coup.
Il faut dire que le géant américain a un certain passif en la matière, puisqu'il a été condamné en Chine l'an dernier à 975 millions de dollars d'amende pour des faits similaires. Il était notamment reproché au fabricant de forcer la vente liée de puces non essentielles au fonctionnement des smartphones à celles de modems WCDMA (3G) et LTE (4G).
Œil pour œil, dent pour dent
Si NVIDIA a déjà envoyé la Commission Européenne dans les pattes de Qualcomm, la marque au caméléon ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. En plus de vouloir faire en sorte que son concurrent fasse l'objet d'une amende salée auprès de l'UE, l'entreprise se bat également au civil et a récemment été entendue dans le cadre d'une procédure dans un tribunal de Londres, rapportent nos confrères de Bloomberg.
Le caméléon y attaque son concurrent pour abus de position dominante. La marque justifie son geste en expliquant que les tactiques employées par Qualcomm ont mené « à un inexplicable rallongement des délais des commandes des clients, des réductions dans les volumes de commandes et des contrats qui n'aboutissent jamais, même lorsqu'un client ou un opérateur mobile coopérant avec un client potentiel a exprimé une forte intention d'achat ».
Selon le fabricant, les pratiques de son adversaire auraient purement et simplement mené à la fermeture de sa filiale Icera, spécialisée dans la production de modems 3G et 4G pour terminaux mobiles. NVIDIA avait racheté cette entreprise pour 367 millions de dollars en 2011, et sa mise au rebut lui a coûté plus de 100 millions de dollars en frais de restructuration.
À ce titre, le caméléon réclame donc jusqu'à 352 millions de dollars de dommages et intérêts à son concurrent, selon une méthode de calcul qui n'a pas été communiquée. Pour l'heure, Qualcomm et NVIDIA se sont refusés à tout commentaire sur cette affaire.