On sait depuis la semaine dernière que la prochaine mise à jour majeure de Windows 10 se nommera « Anniversary Update ». Les informations ont été diffusées durant la conférence Build de Microsoft, et nous avons décidé de faire le point sur ce que l’on en sait pour l’instant.
Tous ceux qui testent actuellement les préversions de Windows sur les Rings Fast et Slow savent que la branche de développement actuelle est intitulée Redstone. Elle a pris la suite de Threshold (TH), nom de code de la première branche, celle de la version commerciale lancée le 29 juillet de l’année dernière. TH est devenue TH2 avec la mise à jour majeure de novembre, aussi appelée version « 1511 », en référence justement à la date de publication.
Depuis cette mouture 1511, Microsoft a basculé sur Redstone, ou RS. Le processus sera exactement le même : d’abord une version RS1, puis plus tard une RS2. La RS1 porte désormais le nom de « Anniversary Update », dévoilé durant la conférence Build par Microsoft. Elle est attendue pour juillet, soit justement pour fêter la première année de Windows 10, confirmant au passage la rumeur d’une version « 1607 ».
Depuis que les premières préversions de Redstone sont diffusées aux testeurs, le responsable du programme Insider, Gabe Aul, a précisé plus d’une fois qu’un gros travail était fait sur la base, pour la rendre plus adaptable à l’ensemble des appareils concernés par Windows : ordinateurs, tablettes, smartphones et Xbox One. Or, dans une documentation maintenant supprimée, Microsoft avertissait les développeurs que leurs applications UWP pourraient fonctionner prochainement sur la console avec la version « 1607 » du système.
Un même système, une même plateforme, un même Store
Que sait-on finalement de cette prochaine mouture ? Pour commencer, qu’elle représente donc un Windows 10 qui fonctionnera partout de la même manière ou presque. C’est elle qui ouvrira à la console les portes du Store, avec la possibilité pour les développeurs d’utiliser un seul code pour toucher tous les appareils d’un coup. Bien entendu, ils garderont la main sur les terminaux qu’ils veulent atteindre. Ils peuvent par exemple créer une application centrée sur la Xbox One et donc bloquer son utilisation sur PC et smartphone.
Cette volonté d’unification est entièrement tournée vers le Store, dont le manque d’applications reste le problème le plus important de Microsoft à l’heure actuelle. Tous les efforts de l’éditeur tendent vers cet objectif, et le projet Centennial doit y participer. Il prépare donc le Desktop App Converter, qui doit permettre aux développeurs de migrer leurs logiciels Win32 et .Net classiques vers des applications UWP, universelles (pour tous les appareils Windows 10).
Nous avons déjà abordé ce point la semaine dernière. Il s’agit d’un élément crucial de la stratégie de Microsoft. L’installeur du logiciel est converti en APPX et le développeur n’a normalement que très peu de travail à fournir. Par contre, il peut agrémenter du coup son produit de fonctionnalités spécifiques à Windows 10, comme les notifications et les vignettes dynamiques. En outre, la nouvelle application peut être désinstallé d’un clic droit dans le menu Démarrer, plutôt que d’avoir à passer par une section spécifique du panneau de configuration.
L’Anniversary Update sera également l’occasion d’enrichir Edge. Comme indiqué lors de la sortie de la build 14291, le navigateur y gagnera tout d’abord la possibilité d’épingler les onglets, une fonctionnalité curieusement absente depuis le début (et présente depuis longtemps partout ailleurs). Mais surtout, Edge aura enfin ses extensions, Microsoft utilisant pour cela le système mis en place pour l’évolution prévue d’UWP (toutes les applications pourront avoir des extensions). Enfin, comme présenté durant la conférence, Edge sera compatible avec Windows Hello, permettant aux capteurs biométriques d’authentifier l’utilisateur sur les sites web.
Le stylet roi
L’autre grande amélioration de cette future version 1607, ce sera Windows Ink. Puisque l’éditeur s’est déjà fait une spécialité de l’utilisation du stylet avec sa gamme Surface notamment, il veut aller encore plus loin. L’idée est notamment de faire de l’écriture manuscrite une donnée « vivante ». Par exemple, créer une note pour y mettre un rendez-vous rend l’information cliquable. Cortana la repère et propose d’en créer automatiquement un rappel.
Le stylet pourra également être utilisé dans des applications où il n’était jusque-là pas pris en charge. Dans Photos par exemple, l’utilisateur pourra dessiner ou annoter directement sur une image. Microsoft a également fait la démonstration durant la conférence de la possibilité de tracer directement un chemin dans Plans, ce dernier convertissant automatiquement le tracé en itinéraire, compatible avec la vue 3D. Autre démonstration très réussie, l’utilisation d’une règle permettant de tracer une ligne droite.
Une synchronisation largement renforcée entre les appareils
Mais l’une des fonctionnalités, ou plutôt lot de fonctionnalité les plus attendus, c’est bien la synchronisation et la communication entre le smartphone et le PC. Cortana jouera ici un rôle prépondérant, surtout avec Android. Windows 10 pourra ainsi recevoir les notifications émises par l’appareil mobile, l’ensemble s’affichant dans le centre de notifications à droite. Cette synchronisation se fera dans les deux sens : si l’utilisateur supprime la notification depuis le PC, elle sera également enlevée d’Android.
Le centre de notifications en tant que tel sera également amélioré. Une petite icône montrera l’application liée au message, et un compteur permettra de voir combien d’évènement sont en attente. Les notifications seront affichées sous forme de cartes reprenant tous les messages liés à une application et déployables pour en afficher les détails.
La synchronisation se fera également sur Continuum. Jusqu’à présent, cette fonctionnalité permettait d’exploiter des applications mobiles sur de grands écrans, en reliant le smartphone via un dock spécial. Mais la notion même de « continuité » sera renforcée pour prendre en charge la synchronisation des SMS et des appels téléphoniques. Par ailleurs, les applications pourront communiquer leur état, permettant à l’utilisateur de reprendre là où il s’était arrêté en passant par exemple de son smartphone à son ordinateur ou sa tablette.
Un menu Démarrer légèrement remanié
Changement envisagé, mais non confirmé, le menu Démarrer pourrait se voir doté d’une nouvelle organisation. Microsoft a indiqué avoir reçu de nombreux retours sur la manière dans cette partie critique de l’interface pourrait être améliorée. Jen Gentleman, ingénieur chez l’éditeur, a justement publié ce matin un tweet montrant le nouveau menu en action.
Le changement principal est que la liste « Toutes les applications » s’afficherait par défaut, plutôt que les applications les plus utilisées. L’éditeur part du principe que ces dernières ont tout intérêt à être épinglées dans la zone de droite, créant alors une redondance. Le nouveau menu cassera donc la nécessité de cliquer sur le bouton de liste complète. Un changement que l’on retrouverait dans l’écran d’accueil, la version plein écran. Cela étant, Microsoft a mis en ligne un questionnaire permettant à tout le monde de s’exprimer, l’éditeur ayant déjà indiqué que les utilisateurs décideraient de la pertinence du nouveau menu.
By popular request, to ease some concerns, and because @ZacB_ asked nicely, here's the new start menu in action! 😃 pic.twitter.com/MiIPO8Epuf
— Jen Gentleman (@JenMsft) 4 avril 2016
Trois mois intensifs en préparation
Il ne s’agit ici que de la partie émergée de l’iceberg. Comme on l’a déjà vu, les nouveautés pour les développeurs sont beaucoup plus nombreuses et conséquentes que celles pour les utilisateurs finaux. Notez également qu’il reste plus de trois mois avant l’arrivée de l’Anniversary Update, et que les préversions devraient s’enchainer d’ici là. Une période qui ne semble pas trop longue pour tester la multitude de changements, particulièrement pour tout ce qui touche à la synchronisation.
Si la version « 1607 » tient ses promesses, Windows 10 devrait devenir ce qu’il aurait dû être dès le départ : ce système uniforme et adapté à tous les appareils visés par l’éditeur. Microsoft aura enfin sa plateforme à tout faire, doté de services transversaux et en bonne partie exploitables sur des systèmes concurrents, Android en tête (via Cortana). Avec les annonces faites sur UWP et Xamarin notamment, l’entreprise n’a plus qu’à séduire finalement les développeurs pour régler le problème d’un Store encore trop peu étoffé. Symptôme d’un souci qui n’est pas neuf, l’annonce de l’arrivée prochaine des applications Facebook, Messenger et Instagram, déjà promises l’année dernière.