Apple fête aujourd’hui ses 40 ans. Le succès de l’entreprise est aujourd’hui incontestable, en dépit des nombreuses critiques dont elle fait l’objet et des faux pas qui ont émaillé son histoire. Retour sur les grandes lignes d’une société dont le chiffre d’affaires ne cesse d’exploser.
Les débuts d’Apple, ce sont littéralement « deux gus dans un garage ». L’improbable amitié entre Steve Jobs et Steve Wozniak, le second étant un surdoué de l’électronique, l’autre possédant une vision spécifique de ce que devrait être l’informatique. La société Apple est créée le 1er avril 1976, les débuts se faisant dans le garage de la maison familiale de Jobs à Los Altos, dans ce qui est alors en train de devenir la Silicon Valley.
Même si l’image d’Apple est intimement liée à celle de Steve Jobs, celui qui en deviendra l’emblématique PDG a pourtant quitté l’entreprise au bout de quelques années. Il existait un vaste désaccord entre lui et John Sculley, alors embauché pour tenir les rênes de la société. Steve Jobs fera son retour en 1997, 14 ans après son départ, pour redonner un coup de fouet à une Apple moribonde et qui avait désespérément besoin d’une idée nouvelle.
Des débuts complexes
Apple a joué un rôle important avec ses premières machines dans la baisse du prix moyen des ordinateurs. Dans un marché essentiellement dominé par IBM, l’idée de Jobs était une informatique abordable, avec déjà les prémices de ce qui allait devenir son obsession de l’ergonomie. Les premières années ont ainsi été surtout marquées par les très bonnes ventes de l’Apple II. Mais ce succès ne pas forcément se répéter par la suite, provoquant des changements de PDG, jusqu’au retour du « père fondateur ».
Durant cette période, l’année 1985 est particulièrement importante. Steve Jobs fonde en effet la société NeXT, dont une partie du travail sera récupérée plus tard pour créer les bases d’OS X. Quelques mois plus tard, il rachète ce qui n’était initialement qu’une branche de Lucasfilm Computer Division nommée Graphics Group : Pixar. NeXT sera finalement rachetée par Apple en 1996, tandis que Pixar rejoindra Disney en 2006, faisant alors de Steve Jobs le plus gros actionnaire individuel de cet empire du loisir.
Le retour de Steve Jobs et du succès
Le retour de Jobs chez Apple intervient peu avant le rachat de sa société NeXT. Mais il faut attendre 1997 pour qu’il en reprenne le contrôle. La société que l’on connaît va alors commencer à cumuler les succès, petit à petit. Le produit qui relance vraiment l’entreprise, c’est l’eMac en 1998. Un ordinateur tout-en-un qui va recevoir de nombreuses évolutions dans les années suivantes. Architecturé autour d’un écran cathodique et affichant des couleurs vives via un plastique semi-transparent, il séduit et relance les ventes.
L’histoire de l’eMac va s’enrichir quelques années après par l’arrivée d’une version d’OS X réellement stable et prête pour le grand public. L’arrivée de Jaguar (10.2) marque en effet le vrai commencement du système, qui va jouer par la suite un très grand rôle dans la capacité de l’entreprise à susciter le « désir » chez les clients potentiels. Les évolutions de l’eMac vont également montrer la manière dont l’entreprise envisage parfois l’informatique : avec des décisions radicales. L’eMac sera le premier à se passer complètement de lecteur de disquette, préférant se concentrer sur un lecteur CD et des ports USB, pour y brancher des clés alors pas si répandues.
L'iPod change le visage de l'entreprise
Mais le grand succès du retour de Steve Jobs, c’est évidemment l’iPod. Lancé en 2001, il embarque un petit disque dur capable de lui faire stocker un grand nombre de fichiers musicaux. Qu’importe si le produit, couplé à iTunes, impose des restrictions draconiennes sur l’utilisation de la musique via des DRM particulièrement lourds, le baladeur numérique est un succès et ses ventes vont exploser d’année en année. Le client est séduit par la facilité générale du produit et la manière dont l’entreprise a pensé l’achat de musique. Viendront plus tard des modèles à mémoire flash, le Nano, le Shuffle puis le Touch.
Durant les années suivantes, les ventes globales ne font qu’augmenter, dans toutes les catégories de produits. L’eMac est devenu l’iMac, toujours dans le créneau des ordinateurs tout-en-un, les MacBook vont accoucher d’une gamme Pro, tout comme le Macintosh devenu simplement le Mac, et on verra même apparaître plus tard un Mini. Mais comme on le sait puisque l’événement fait partie de l’histoire plus moderne de l’informatique, c’est 2007 qui va marquer le tournant de l’histoire d’Apple.
L'iPhone, la grande cassure dans le marché des smartphones
C’est en effet cette année que l’entreprise lance l’iPhone. On a tendance à l’oublier, mais ce smartphone d’un genre nouveau va chambouler profondément l’industrie. Il propose pour la première fois un large écran tactile à plusieurs points de pression, tout en supprimant les contrôles physiques. L’idée même de déporter intégralement le pilote des interfaces sur l’écran tactile vient bien d’Apple, et cette idée va être reprise un peu partout par la suite. Depuis bien sûr, la situation a beaucoup changé, Android représentant à peu près 85 % des ventes de smartphones dans le monde.
L’iPhone, dont le succès va devenir si important qu’une certaine dépendance va s’établir pour l’entreprise, sera suivi d’un iPad, au démarrage certes excellent, mais dont les ventes s’essoufflent depuis. Apple s’est également lancée dans le marché des montres connectées avec sa Watch, dont les chiffres de ventes sont mélangés de telle manière dans les résultats que l’on ne sait pas si le produit a rencontré ou non le succès. On imagine que si le chiffre avait été impressionnant, la société l’aurait probablement claironné.
Des chiffres qui n'en finissent pas de grimper
Apple, c’est également l’histoire d’un chiffre affaires qui n’en finit plus de grimper depuis plusieurs années. Des ventes d’iPhone qui ne faiblissent pas permettent de maintenir un immense parc d’appareils sous iOS, complété par les iPad, iPod Touch et la Watch. La boutique d’applications, l’App Store, assure des rentrées d’argent régulières, la firme gardant 30 % de toutes les ventes réalisées par les éditeurs tiers. Le principe s’applique d’ailleurs également au Mac App Store, que l’on trouve cette fois dans OS X depuis Snow Leopard.
Aujourd’hui, Apple est à la tête d’un empire et de la première capitalisation boursière (plus de 600 milliards de dollars à l’heure actuelle). Les mouvements de l’entreprise sont surveillés de près, beaucoup considérant qu’elle imprime à l’industrie d’importantes tendances. Non pas qu’elle soit particulièrement précurseur en matière de technologies, mais elle possède un certain talent pour effectuer la synthèse de ce qui l’intéresse en un tout cohérent.
Depuis le décès de Steve Jobs en 2011, l’entreprise est dirigée par Tim Cook, qui s’est fait une spécialité des messages à caractère défensif de la vie privée, comme on a encore pu le voir récemment dans l'affrontement avec le FBI. La stratégie de l’entreprise n’est pas connue, mais certains lui reprochent déjà un certain immobilisme, comme en témoigne le design des iPhone 6 puis 6s, jugé souvent assez commun.
La société devra également faire attention sur le terrain des services en ligne, où elle n’est pas particulièrement en avance, ni même performante. Mais tant que les ventes de Mac se maintiendront (Apple est la seule marque à voir ses ventes légèrement progresser) et que les appareils iOS continueront de s’écouler aussi bien, la pomme devrait continuer à influencer durablement le secteur de l’informatique grand public, surtout dans le domaine mobile.