Pris la semaine dernière, l'arrêté sur la différenciation des offres fibre de celles avec un raccordement en câble ne convient pas à tous. L'UFC-Que Choisir s'émeut ainsi de la faiblesse de la mesure, qui permet à Numericable-SFR de parler de fibre pour ses offres câble et à tous de vanter des offres nationales trop peu disponibles.
La distinction entre câble et fibre ne va pas assez loin, pour l'UFC-Que Choisir. Dans un billet publié hier, son président Alain Bazot a porté un regard critique sur l'arrêté publié vendredi dernier par le gouvernement. Pour rappel, celui-ci acte qu'une connexion « fibre » qui se termine avec une technologie comme le câble ou le cuivre doit le préciser, avec une mention claire du débit montant si celui descendant est indiqué.
Un arrêté qui ne satisfait ni SFR, ni Que Choisir
Il s'agissait d'une promesse faite aux concurrents de Numericable-SFR, qui s'agaçaient de voir le groupe de Patrick Drahi comparer ses solutions câblées à de la fibre, sans réelle différencitation. Interrogé, SFR nous a annoncé qu'il comptait étudier tous les recours à sa disposition, contre une mesure « techniquement irrecevable », qui aurait surtout pour conséquence de compliquer le choix des consommateurs. L'entreprise continuera à clamer être la première sur la fibre, comme en témoigne son renommage de box du jour.
Cet arrêté qui embête tant SFR n'est pas non plus du goût de l'UFC-Que Choisir, pour d'autres raisons. « Si cette distinction est nécessaire, elle n’est pas pour autant suffisante » estime l'association. Elle clarifie un peu la situation, tout en permettant encore l'usage du terme « fibre » pour parler de câble. Cela même si, comme l'arrêté le précise, la mention de la technologie de raccordement devra être bien visible. Pour Alain Bazot, l’objectif de clarté n’est pas atteint.
Nous pouvons également noter que cela ne changera fondamentalement pas la stratégie du groupe sur sa fibre amalgamée. SFR a ainsi coupé ses déploiements de fibre jusqu'à l'abonné (FTTH) là où il dispose du réseau câble de Numericable, en revoyant son accord de coinvestissement avec Orange, sous le regard attentif de l'Autorité de la concurrence. De même, elle bloque en câble les clients également raccordables en fibre, sans leur signaler.
Les disparités géographiques toujours en question
L'autre grief de l'association de consommateurs est que les publicités nationales pour la fibre masquent une très forte disparité géographique. Le décalage serait trop grand pour être laissé sans réponse. Pour l'UFC-Que Choisir, l'arrêté aurait dû imposer d'indiquer le taux de population éligible aux offres en question. Pour rappel, les lignes aujourd'hui commercialisées le sont principalement dans les zones très densément peuplées et les agglomérations. De même pour les abonnements, comme l'illustrent chaque trimestre les chiffres de l'ARCEP.
Dans les zones rurales, la responsabilité d'amener le très haut débit (et la fibre) revient aux collectivités locales, via des réseaux d'initiative publique subventionnés en partie par l'État (voir notre analyse). Si ceux-ci commencent à sortir de terre et sont peu à peu financés (avec des difficultés notables). Leur commercialisation traine encore, pour de multiples raisons. Parmi elles figurent le manque d'harmonisation technique et commercial des dizaines de réseaux publics en devenir et, surtout, la stratégie des fournisseurs d'accès nationaux qui se concentrent sur les zones denses et rentables, où ils déploient leurs propres réseaux.
« Je note donc qu’il reste un sacré chemin avant que les consommateurs puissent bénéficier d’une information réellement pertinente sur les différentes technologies de l’internet et leurs réalités géographiquement variables » résume le président de l'UFC-Que Choisir. L'association se dit d'ailleurs vigilante quant à l'application de l'arrêté sur la différenciation entre câble et fibre, qui débutera au 1er juin pour les publicités.
