Nintendo a annoncé le licenciement de la majorité de ses effectifs en Corée du Sud, une manœuvre inhabituelle chez le constructeur qui marque un premier changement de politique. Pourtant, c'est un autre licenciement au sein de l'entreprise qui fait l'objet d'une couverture médiatique plus importante.
L'arrivée de Tatsumi Kimishima à la tête de Nintendo marque une nouvelle ère pour le constructeur. Lors de la présidence de Satoru Iwata, ce dernier a déclaré à plusieurs reprises qu'il était hors de question pour son entreprise de licencier des employés dans le seul but de satisfaire ses actionnaires.
On se souviendra ainsi qu'en 2013, l'ancien PDG avait pris une position forte contre ses actionnaires qui réclamaient un plan social, lors d'une assemblée générale. « Dans notre industrie, il y a des hauts et des bas chaque année ou presque. Si nous réduisons notre personnel pour de meilleurs résultats à court terme, le moral de nos employés baisserait et je doute sincèrement que des employés qui ont peur d'être licenciés soient capables de créer des jeux qui pourront impressionner le monde entier », avait-il alors déclaré.
Cela n'avait toutefois pas empêché le licenciement de 130 personnes (sur un total d'environ 5 000 employés) lors du transfert du siège social de Nintendo of Europe.
Kimishima, un ancien DRH qui taille dans le vif
Son remplaçant, l'ancien directeur des ressources humaines de l'entreprise, semble quant à lui se poser un peu moins de questions que son prédécesseur. Nous venons en effet d'apprendre que la branche Nintendo of Korea, qui employait aux dernières nouvelles une soixantaine de personnes, vient de voir ses effectifs soudainement divisés par six, rapporte Kotaku qui cite deux médias coréens (Gameple et GameMeca).
Si cette charrette d'une cinquantaine de licenciements semble anecdotique au vu de ce que l'on peut observer dans d'autres grands groupes, elle reste néanmoins symptomatique d'un changement de politique au sein de l'entreprise.
Dans un communiqué transmis à des médias coréens, Nintendo ne s'embarrasse pas de détails pour justifier son choix. Le constructeur évoque simplement que cette décision a été prise en janvier dernier à cause « du climat des affaires » dans le pays. Une réponse un peu fourre-tout dans laquelle chacun pourra voir ce qu'il souhaite.
Il convient néanmoins de préciser que la Corée du Sud est l'un des rares pays dans lequel la Wii U n'a pas été commercialisée, la branche locale ayant préféré se concentrer sur la Wii et la 3DS. En réduisant la taille de cette filiale et en la transformant en simple distributeur, Tatsumi Kimishima cherche peut-être à réaligner sa stratégie avec celle du reste du groupe.
Un autre licenciement fait la une
La vague de licenciements en Corée du Sud n'est toutefois pas l'évènement qui fait le plus parler du côté de chez Nintendo en ce moment. Un autre départ forcé a été largement médiatisé par la presse vidéoludique : celui d'Alison Rapp. Elle faisait partie de l'équipe de « localisation » des jeux aux États-Unis, dont elle assurait les relations publiques, et était régulièrement la cible d'attaques de la part de groupes provenant de sites communautaires tels que 4chan ou Reddit.
Ces derniers lui reprochaient entre autres choses de participer à la « censure » de certains titres, comme Xenobade Chronicles X, dont les versions occidentales édulcorent les tenues des personnages féminins afin de les rendre moins aguichantes. Cela alors qu'elle ne participait pas directement aux décisions sur la localisation. Alison Rapp a expliqué dans un premier temps que ce licenciement a eu lieu sous la pression de ces groupuscules ralliés sous la bannière du « GamerGate ». Pression à laquelle Nintendo aurait cédé.
Du côté du constructeur, la version des faits est un peu différente, puisqu'il est question d'une « violation d'une politique interne à la société concernant la pratique d'un deuxième emploi en conflit avec la culture d'entreprise de Nintendo », selon un communiqué envoyé à plusieurs rédactions. Officiellement, le constructeur précise que, « bien que la rupture du contrat de Madame Rapp suive les critiques de certains groupes sur les réseaux sociaux, ces deux faits ne sont aucunement liés ».
Alison Rapp a par la suite confirmé sur Twitter qu'elle avait effectivement un deuxième emploi, qu'elle réalisait sous pseudonyme, mais que sans l'acharnement qu'elle a subi sur les réseaux sociaux, personne n'en aurait jamais rien su.