Comme prévu, Foxconn a reformulé une nouvelle offre pour le rachat d'environ deux tiers des parts de Sharp. Le montant de l'opération s'élève à 388 milliards de yens, soit environ 3 milliards d'euros. Cette offre a été acceptée par le conseil d'administration du géant nippon.
Le feuilleton entre Sharp et Foxconn se poursuit. Un mois après avoir retiré son offre initiale, Foxconn viendrait d'en reformuler une nouvelle, avec 100 milliards de yens en moins dans la balance. En cause, les nouvelles pertes enregistrées par le géant japonais.
En février dernier, Sharp acceptait une offre d'investissement de 484,3 milliards de yens, soit environ 4 milliards d'euros de la part de Foxconn, le géant taiwanais de la sous-traitance. Cette somme devait être employée, entre autres choses, pour déployer de nouvelles chaînes de production d'écrans OLED et pour la recherche et le développement de nouvelles technologies dans ce domaine.
L'affaire pour Foxconn était plutôt intéressante puisque l'entreprise pouvait ainsi profiter du savoir-faire de Sharp en matière d'écrans et de capteurs optiques. Un atout qui lui permettrait de proposer à ses clients de non seulement faire assembler leurs appareils dans ses usines, mais aussi de choisir des composants maison. De quoi faire encore grimper ses marges.
Merci, mais non merci
C'était sans compter sur un retournement de dernière minute quelques jours plus tard. Si l'affaire semblait bouclée, Foxconn l'a rapidement suspendue à cause de la fourniture par Sharp d'un « document essentiel » dont le contenu n'avait pas été dévoilé. Les rumeurs faisaient alors référence à des dettes supplémentaires dont le géant taiwanais n'avait pas eu vent auparavant.
Selon Les Echos, citant le journal nippon Nikkei, il serait en fait plutôt question de pertes supplémentaires qui doivent être annoncées sur le dernier quart de l'exercice fiscal de Sharp, qui se termine le 31 mars. Il serait question de 200 milliards de yens de pertes sur l'ensemble de l'exercice, soit environ 1,6 milliard d'euros, contre seulement 108 milliards cumulés sur les trois premiers trimestres. En comptant ces prévisions, les pertes de Sharp depuis avril 2012 atteindraient plus de 950 milliards de yens, soit plus de 7,5 milliards d'euros.
De son côté, Sharp annonce officiellement « envisager une révision à la baisse de nos résultats consolidés pour l'exercice fiscal se terminant le 31 mars 2016 ». Les motifs de cette modification sont proches de ceux évoqués par Nikkei : « déclin des ventes à cause d'une détérioration du marché chinois etc. ». Mais l'entreprise assure que les annonces du journal ne sont pas basées sur des annonces officielles de l'entreprise. Un jeu de poker menteur dans lequel la vérité ne tardera pas à éclater. Sharp doit en effet réunir son conseil d'administration demain.
À prendre ou à laisser
Toujours selon Nikkei, Foxconn profiterait de cette annonce pour revoir à la baisse son offre pour la reprise de 66 % du capital de Sharp. L'offre Initiale de 484,3 milliards de yens pourrait fondre d'environ 100 milliards de yens, pour atteindre environ 3 milliards d'euros.
Au fond du gouffre, Sharp devrait néanmoins accepter ce nouvel accord. Le fonds japonais Innovation Network Corp (INCJ), qui proposait un investissement de 300 milliards de yens (2,5 milliards d'euros) ainsi que la promesse d'obtenir 350 milliards de yens (2,9 milliards d'euros) de prêts à des taux réduits pourrait toutefois encore jouer les trouble-fête. En échange, le fonds souhaitait se séparer de certains actifs pour 150 à 200 milliards de yens (1,2 à 1,6 milliard d'euros). Pourquoi pas au profit de Foxconn ?
