Accusant les cyber-marchands de « concurrence déloyale » vis-à-vis des commerces de proximité, le député communiste André Chassaigne demande au gouvernement de moduler les taxes pesant sur ces acteurs – au profit des seconds bien entendu. Une proposition qui n’est pas sans rappeler la loi dite « anti-Amazon ».
« Les commerçants locaux sont de plus en plus victimes des plates-formes de vente par Internet » affirme d’entrée l'élu, au travers d’une question écrite parue ce matin au Journal officiel. « Au regard notamment des charges qu'ils doivent acquitter, ces petits commerçants ne peuvent assurément pas avoir un prix de vente plus bas que ces mastodontes avec lesquels ils sont en concurrence » poursuit André Chassaigne – qui ne cite à aucun moment de site en particulier.
Le parlementaire regrette que cette « concurrence déloyale » conduise « de nombreux commerces de proximité » à mettre la clé sous la porte. « Pourtant, ces magasins ont pleinement leur utilité dans le tissu économique local, d'autant plus que certains emploient des salariés. Ils ont aussi un rôle social indéniable » soutient André Chassaigne. En bout de course, le député estime que le cyber-commerce participe ainsi à « la désertification des milieux ruraux » et à « une augmentation du nombre de demandeurs d'emploi ».
Vers une loi « anti-Amazon » bis ?
L’élu communiste n’est cependant pas venu frapper à la porte du gouvernement les mains vides... « Une modulation des taxes pourrait pallier ces effets néfastes », propose-t-il à la secrétaire d’État au Commerce, Martine Pinville. Le député lui demande en ce sens de réfléchir à « un dispositif visant à minorer les effets de la concurrence des plates-formes de vente par Internet sur les magasins de proximité ».
André Chassaigne ne s’avance pas davantage, mais on devine qu’il y aurait deux possibilités : soit une baisse au profit des commerces de proximité (afin que ceux-ci aient des prix moindres ou une marge plus importante), soit une hausse de la fiscalité pesant sur les cyber-marchands – un peu à l’image de ce qui est prévu par la loi « anti-Amazon » de 2014. Sauf que ce texte, qui a mis fin à la pratique des frais de port gratuits pour les livres et à la ristourne de 5 % – hormis pour les retraits en boutique, n’a eu qu’un impact limité selon les premiers retours. Et pour cause, pour quelques euros de plus, il est parfois plus pratique de trouver un titre précis sur Internet et de se le faire livrer que d’avoir à parcourir de nombreux kilomètres pour y parvenir...
Si la loi « anti-Amazon » répondait de surcroît aux attentes d’un secteur précisément délimité, à savoir celui de l’édition, on voit mal comment mettre sur pied, demain, un dispositif qui vaudrait aussi bien pour les boulangeries, les supérettes, les salons de beauté, etc. La locataire de Bercy dispose quoi qu'il en soit de deux mois pour répondre au député Chassaigne.