Twitter souffle sa dixième bougie et a perdu 1,8 milliard de dollars en 4 ans

Twitter souffle sa dixième bougie et a perdu 1,8 milliard de dollars en 4 ans

« C'est compliqué, la vie »

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Kevin Hottot

Publié dans

Économie

21/03/2016 3 minutes
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Twitter souffle sa dixième bougie et a perdu 1,8 milliard de dollars en 4 ans

Sortez tambours et trompettes, Twitter célèbre aujourd'hui son dixième anniversaire. Plutôt qu'une revue des dix tweets qui ont marqué l'existence du réseau social, nous nous sommes dits qu'il était temps de lui faire un petit bilan de santé. 

Le 21 mars 2006, un certain Jack Dorsey envoyait le premier tweet jamais publié : « just setting up my twttr ». Dix ans plus tard, Twttr s'appelle Twitter, les messages publiés dessus tiennent toujours en 140 caractères, le service n'est plus seulement utilisé par @Jack, mais par 320 millions d'autres personnes et Twitter.inc est une entreprise valorisée à près de 12 milliards de dollars en bourse.

Après neuf ans de croissance, un début de stagnation

En l'espace d'une décennie, Twitter est surtout parvenu à bâtir une audience très large, avec une croissance quasi continue. De moins de 10 millions d'utilisateurs début 2009, le service est rapidement passé à 105 millions en avril 2010, puis a passé la barre des 200 millions en mars 2013. Celle des 300 millions a été franchie au cours du premier trimestre 2015, mais depuis, la progression du réseau social ralentit fortement.

Sur le dernier trimestre, Twitter a vu son nombre d'utilisateurs actifs mensuels stagner à 320 millions, et même reculer d'un million aux États-Unis, alors qu'il s'agit de son premier marché en termes de publicité (et de très loin). Sur les trois derniers mois de 2015, les 65 millions de membres américains du réseau lui ont permis de générer un chiffre d'affaires de 410 millions de dollars, soit environ 6,30 dollars par personne. Dans le reste du monde, on se situe juste en dessous d'un dollar par tête, pour 254 millions de profils actifs. 

Si cette audience est importante, elle reste néanmoins significativement plus faible que celle de l'autre grand réseau social : Facebook. Celui-ci comptait au 31 décembre 1,591 milliard d'utilisateurs actifs chaque mois, et contrairement à son concurrent, la firme de Mark Zuckerberg continue de séduire de plus en plus de personnes.

Twitter perd constamment de l'argent

Si Twitter profite d'une audience solide, sur le plan financier, le constat est également très mitigé. Il faut certes noter que l'entreprise profite d'une croissance importante de ses revenus. Lors de son introduction boursière en 2013, la firme de Jack Dorsey expliquait avoir multiplié par presque 24 ses revenus entre 2010 et 2013, passant de 28 millions de dollars tirés uniquement de licences sur ses données à 665 millions de dollars, dont 595 millions de recettes publicitaires.

Sur le seul quatrième trimestre de 2015, Twitter a encaissé 710 millions de dollars, soit davantage que sur l'ensemble de l'année 2013, preuve que le service est de mieux en mieux monétisé. Seulement, il ne suffit pas de faire entrer de l'argent dans les caisses pour être rentable.

Twitter 2012-2015

Depuis début 2012, Twitter a cumulé plus de 1,8 milliard de dollars de pertes nettes, dont 1,1 milliard sur les seuls exercices 2014 et 2015. Malgré cela, le service dispose d'une dette relativement légère : environ 1,6 milliard de dollars, dont 1,45 milliard d'obligations convertibles en actions, soit environ 3 fois son EBITDA.

Pour l'instant, la barque tient bon mais les réserves de liquidités de l'entreprise tendent à se réduire rapidement. Elles sont ainsi passées de 1,5 milliard de dollars fin 2014 à 911 millions fin 2015. À ce train-là, il faudra rapidement trouver quelque chose de plus efficace que le remplacement du « Fav » par des « J'aime » pour amener de nouveaux utilisateurs, et trouver de nouvelles sources de revenus.

Écrit par Kevin Hottot

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Après neuf ans de croissance, un début de stagnation

Twitter perd constamment de l'argent

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Commentaires (22)


Quand je pense que les banques t’étranglent dès que tu es à découvert d’1$, mais qu’elles laissent filer des compagnies qui n’ont rien de solvable, ça m’écœure.




et trouver de nouvelles sources de revenus





Je viens de mettre à jour mon app Android, et je découvre qu’il y a des tweets sponsorisés sous tous les messages <img data-src=" />

&nbsp;(dans la vue de détail)



C’est peut-être ça, leur nouvelle source de revenus ?


Ça n’a rien de nouveau :)


Ca date de quand ?



Je me doute que c’est pas très nouveau, je n’avais jamais mis à jour l’appli, mais là j’ai changé de mobile et j’avais déjà la nouvelle version.


ça fait quelques mois au moins <img data-src=" />








Ellierys a écrit :



Ça n’a rien de nouveau :)





Mais su r Windows phone, si. <img data-src=" />



Personnellement, je m’interroge fortement sur la raison de ces pertes.&nbsp;



Twitter n’est pas consommateur de bande passante, n’est pas un service particulièrement complexe en termes de programmation. Hormis la mise à jour en temps réel qui doit être un sacré casse-tête, qu’est ce qui coûte si cher et qui plombe le résultat ?&nbsp;



Si quelqu’un a une piste, je suis preneur…


Les employés? Un dividende un peu élevé? Il y a des tas de raisons possibles…


il faut dire à ton banquier que ton découvert te rapportera 3 fois plus le mois prochain et que tu seras en mesure de lui rembourser le double de ce qu’il t’a prêté. Si il te croit, c’est dans la poche. Sinon, il te laisse à ton sort. Twitter c’est pareil : pour le moment des banques, des business angels, des épargnants et autres petits actionnaires, s’imaginent qu’ils vont gagner beaucoup d’argent dans 5 ou 10 ans. A l’heure actuelle, ils auraient dû miser sur Facebook (mais peut-être ont-ils donné de l’argent à Facebook pour quelques-uns d’entre eux).




D'ailleurs, si on prend l'exemple de Facebook, au début il n'y avait aucune publicité à droite du fil d'actualité, aucune publicité dans le fil d'actualité (c'est à peine s'il y avait des publications suggérées ou des pages suggérées dans le fil d'actualité). Depuis que Facebook a des centaines de millions d'utilisateurs par continent dans le Monde, la moitié du fil d'actualité correspond à des publications monétisées par Facebook (la colonne de droite étant de plus en plus fournie en publicités). On se croirait sur TF1 entre 20h30 et 21h05.





  • pas assez de monétisation du service (trop peu de publicité, trop peu de partenariats commerciaux profitables),

  • pas assez d’audience (trop peu d’utilisateurs).




Si Twitter lance une version PRO (payante) avec des vrais atouts, je serais le premier à m’abonner. (Pour mon travail mais également mais pour loisir personnel, et comme source d’information.) Quand on voit qu’un abonnement Linkedin reviens presque à 40€ par mois, je me dis que Twitter à vraiment de la marge :)



Sans oublier tout l’écosystème qui gravite autour qui repose sur ses épaules. Si Twitter de rapproche de point de non retour, il sera intéressant de voir s’il choisissent de passer en modèle “Fondation” qui serait surement celui lui conviendrait le mieux.


Le trop peu d’audience, je trouve ça un peu problématique quand un site ne fonctionne pas avec plus de 300M utilisateurs.








easyweb a écrit :



Twitter (…) n’est pas un service particulièrement complexe en termes de programmation. Hormis la mise à jour en temps réel qui doit être un sacré casse-tête (…)







Euh… si, c’est complexe… C’est sur que tu peux refaire la même chose chez toi avec 3 tweets facilement, mais à leur échelle c’est pas si simple que ça… et il y a bien plus que ce que les utilisateurs voient, tout le backend, monitoring, analyses, marketing, etc









easyweb a écrit :



Personnellement, je m’interroge fortement sur la raison de ces pertes.&nbsp;



Twitter n’est pas consommateur de bande passante, n’est pas un service particulièrement complexe en termes de programmation. Hormis la mise à jour en temps réel qui doit être un sacré casse-tête, qu’est ce qui coûte si cher et qui plombe le résultat ?&nbsp;



Si quelqu’un a une piste, je suis preneur…





C’est effectivement beaucoup plus compliqué qu’on peut le croire. Regarde rien que RMC (c’est loin d’être twitter) pour sa partie web l’infra de ouf :&nbsphttps://www.ovh.com/fr/news/usercase/les-coulisses-de-l-infrastructure-de-bfm-rm…



Imagine à l’échelle mondiale&nbsp;<img data-src=" />



Quand à la valorisation, ça ne vaut que ce que les gens veulent bien croire. pour l’heure, le modèle prend peu à peu, je pense que le temps de l’attente de la part des investisseurs touche à sa fin, et malgré le “too big to die” si cher au américain, les gros meurent quand même ou fondent comme myspace. Je ne suis pas devin, mais on sent bien la croisée des chemin quand même depuis un moment. Finalement, les chiffres montrent que, peut être, ça va le faire… m’enfin c’est pas gagné.



on pourrait faire des paris pour savoir qui mourra en premier, le pape, twitter ou google+


En générale, les plus vieux casse leur pipes en premier.<img data-src=" />


fallait acheter du facebook ! 60\( en 2014 (j'ai acheté quand ils ont annoncé l'achat d'occulus rift), 110\) aujourd’hui

c’est quoi, genre +50% par an ? :)



merci les sites de news comme PC Inpact en tous cas








boogieplayer a écrit :



Quand à la valorisation, ça ne vaut que ce que les gens veulent bien croire. pour l’heure, le modèle prend peu à peu, je pense que le temps de l’attente de la part des investisseurs touche à sa fin, et malgré le “too big to die” si cher au américain, les gros meurent quand même ou fondent comme myspace. &nbsp;





C’est le “too big to fail”, et ça s’applique surtout au banque, et non pas avec l’idée qu’elles sont si grosses qu’elles ne peuvent faire faillite, mais avec l’idée qu’en cas de faillite, il faut absolument les sauver (c’est plutôt du “too big to let fail”) pour éviter un séisme économique.

Donc oui, le jour où les investisseurs se lassent de Twitter, ils le laisseront faire faillite, et le gouvernement ne viendra pas à la rescousse.



Oui exact, c’est plus précis et plus vrai&nbsp;<img data-src=" />








cyrilleberger a écrit :



Donc oui, le jour où les investisseurs se lassent de Twitter, ils le laisseront faire faillite, et le gouvernement ne viendra pas à la rescousse.







Google attend ça pour le reprendre à un dollar symbolique.&nbsp;