Peu à peu supplanté par l'IPv6, le protocole IPv4 est censé vivre ses dernières années dans nos réseaux. Le 14 mars, un brouillon de RFC a été déposé à l'IETF pour déclarer l'ancien protocole « obsolète ». Le but est entre autres d'encourager le passage à l'IPv6 en arrêtant d'apporter des mises à jour à la version 4.
Depuis des années, Internet transitionne peu à peu du protocole IPv4 à son successeur, l'IPv6. Avec des réserves publiques désormais vides, des réserves privées en baisse et l'arrivée de mesures drastiques chez les FAI pour les économiser, le protocole qui a accompagné le développement du Net est clairement en fin de vie. Un brouillon déposé lundi 14 mars à l'IETF, l'organisme où se décident les standards du réseau, plante un nouveau clou dans son cercueil.
Un protocole en fin de vie
Dans son brouillon, Lee Howard, directeur des technologies réseau chez l'opérateur américain Time Warner Cable, propose simplement de déclarer l'IPv4 obsolète (« historic »). « L'IPv4 a des limites intrinsèques qui ne peuvent pas être atténuées. L'IETF a donc développé un nouveau protocole sans ces limites. Les travaux actuels et futurs ont l'IPv6 pour base, le rendant meilleur pour tous les usages que l'ancien protocole » affirme la proposition. Le but est donc de déprécier la RFC 791 (IPv4) au profit de la RFC 2460bis (IPv6).
Ce remplacement a une implication double. La première est donc qu'un protocole déclaré obsolète est déprécié, donc que ses utilisateurs sont encouragés à passer à son successeur, ici l'IPv6. La seconde est que ces protocoles dépréciés ne sont plus mis à jour, même si de nouveaux problèmes émergent. De quoi encourager de passer (encore) plus rapidement à la nouvelle version.
Lee Howard détaille les raisons de sa proposition dans un billet de blog. Pour lui, même si l'IPv6 n'est pas encore majoritaire dans l'usage (à peine 8 % du trafic mondial de Google), sa spécification a bel et bien pris la place de l'IPv4 dans les travaux de l'IETF. « C'est mon avis que nous avons assez de technologies de transition, et que tout nouveau travail pour améliorer l'IPv4 sera gaspillé sur un protocole qui devrait être sur le déclin. Je pense aussi que dans la plupart des cas, au moment où une nouvelle spécification sort, l'usage de l'IPv4 sera si bas qu'elle sera sans objet » explique-t-il.
Un brouillon encore à travailler
Cette soumission d'un brouillon de RFC ne veut pas dire que l'IPv4 est désormais déprécié. Cette proposition doit désormais être discutée au sein de l'IETF, le brouillon expirant en septembre prochain. Si la RFC est adoptée, elle deviendra une position officielle de l'IETF sur le sujet, c'est-à-dire la meilleure pratique à adopter pour ceux qui conçoivent des réseaux. Pour rappel, les travaux de standardisation de l'organisation, s'ils sont largement adoptés, ne sont pas contraignants.
Les travaux sur l'IPv6 sont tout de même bien avancés, ces derniers mois étant même assez riches en la matière. Ainsi, au passage à l'Assemblée nationale de la future loi Numérique, il a été voté que les terminaux vendus en France en 2018 devront supporter le protocole. De même, l'ARCEP prépare un rapport et des propositions sur le déploiement de l'IPv6 en France, sur demande du gouvernement. Des évolutions importantes qui ne font pas l'affaire de tous, notamment de la Hadopi, coupée d'une partie des clients Free en FTTH, que l'opérateur met par quatre derrière une même adresse IPv4, à la fois pour les économiser et pour déployer progressivement son réseau natif en IPv6.