Depuis le 1er mars, tous les chômeurs doivent s’inscrire à Pôle Emploi par voie électronique. Cette réforme, censée accélérer l’accompagnement des chômeurs, fait toutefois grincer des dents au Sénat, où un élu de la majorité réclame une évaluation « très précise » de cette réforme.
Expérimentée depuis octobre 2015 dans dix départements, l’inscription en ligne à Pôle Emploi a été progressivement généralisée à l’ensemble du territoire entre janvier et mars dernier (voir notre article). Les demandeurs d’emploi n’ont désormais plus le choix : il leur faut absolument passer par le site de l’établissement public s’ils veulent bénéficier d’un accompagnement – et des allocations qui vont la plupart du temps avec.
Fracture numérique et risque de non-recours aux aides
Jeu d’enfant pour certains, cette démarche consistant normalement à compléter un formulaire et à fournir des justificatifs scannés peut cependant s’avérer complexe pour des personnes guère adeptes de l’outil informatique. « Alors que la recherche d'emploi se fait de plus en plus sur Internet, il existe une fracture numérique qui exclut encore davantage des publics déjà éloignés de l'emploi » s’inquiète ainsi le sénateur Yannick Vaugrenard au travers d’une question écrite parue la semaine dernière au Journal officiel. L’élu PS souligne que « près de 20 % de la population ne dispose pas d'un accès à Internet à domicile aujourd'hui », sans parler des disparités qui existent « en termes d'accès et de maîtrise des nouvelles technologies »...
Le parlementaire affirme d’autre part que l’inscription en ligne obligatoire risque de conduire à une augmentation du « taux de non-recours aux droits sociaux, particulièrement élevé dans notre pays ». Yannick Vaugrenard conclut son propos en demandant à ce « qu'une évaluation très précise soit menée par le gouvernement afin de vérifier que ce nouveau dispositif ne nuise pas aux demandeurs d'emploi les plus précaires ».
Une réforme au bénéfice des chômeurs selon Pôle Emploi
En attendant la réponse de la ministre du Travail (qui dispose théoriquement d’un délai de deux mois pour revenir vers le sénateur), rappelons que l’exécutif a déjà eu l’occasion de présenter cette réforme comme « un axe majeur d'amélioration du service rendu aux demandeurs d'emploi ». « En concentrant le premier entretien sur le diagnostic et le démarrage de l'accompagnement, la constitution du dossier du demandeur d'emploi ayant été traitée en amont par voie dématérialisée », les chômeurs sont en effet censés être indemnisés « plus rapidement ». Quant aux problèmes liés à la « fracture numérique », les pouvoirs publics assurent qu’une aide peut être obtenue par téléphone ou en agence, où des ordinateurs sont d'ailleurs mis à la disposition de ceux qui n’en auraient pas chez eux.