Tim Sweeney, cofondateur d’Epic Games, s’en prenait la semaine dernière à l’Universal Windows Platform de Microsoft, qu’il jugeait trop fermée. La firme avait répondu peu après pour justifier une partie de ses choix. Tim Sweeney reconnaît désormais certaines qualités, mais pointe plus précisément les défauts.
Tim Sweeney n’aime pas la plateforme UWP de Microsoft, qui permet le développement de jeux et applications basées sur de nouvelles API. L’éditeur de Redmond a beau faire évoluer le socle Win32 en parallèle, les ajouts se sont ralentis avec le temps, ces API étant condamnées à longue échéance. Les efforts se concentrent sur UWP, apparue avec Windows 8.1, mais sérieusement enrichie avec Windows 10. Pour autant, ce n’est toujours pas suffisant.
Pour Microsoft, UWP est bel et bien ouverte
Le cofondateur d’Epic Games regrettait particulièrement que cette plateforme n’offre pas les mêmes possibilités que Win32. Principal grief : elle renvoie bien trop vers le Windows Store et limite la possibilité de distribuer les applications et les jeux. UWP propose par ailleurs des fonctionnalités qui ne sont pas présentes dans Win32. Un point que le responsable n’avait malheureusement pas pris la peine de détailler.
Moins de 24 heures après sa tribune dans The Guardian, Sweeney recevait une courte réponse de Phil Spencer, directeur de la division Xbox chez Microsoft. Dans un tweet, il indiquait qu’UWP était « un écosystème entièrement ouvert, disponible pour n’importe quel développeur et pouvant être supporté par n’importe quelle boutique ». Il ajoutait que la plateforme disposait d’une suite complète d’outils et renvoyait vers les annonces récentes sur les différents ponts (Islandwood, Astoria, Centennial…) mis en place, ainsi que sur le rachat de Xamarin.
UWP is a fully open ecosystem, available to every developer, and can be supported by any store. Broad range of tools https://t.co/LqPcjRFzu9
— Phil Spencer (@XboxP3) 4 mars 2016
Des qualités certaines...
En réaction, Sweeney a publié une nouvelle tribune dans VentureBeat, cette fois beaucoup plus complète. Il commence par remercier Microsoft de lui avoir répondu poliment, en gardant la tête froide. Il retrace également l’histoire et les objectifs d’UWP, indiquant que la plateforme dispose de fondations solides et pensées pour la sécurité. Contrairement à Win32, UWP ne traîne pas le poids énorme de nombreuses années de compatibilité, la laissant libre de partir sur de nouvelles bases et un mécanisme de sandboxing moderne.
Il note un important changement intervenu avec la mise à jour 1511 de Windows 10 en novembre dernier. L’installation des applications UWP ne requiert en effet plus de passer obligatoirement par le Store, le réglage ayant été basculé sur les « sources de confiance ». Cela signifie que lesdites applications doivent avoir été signées par Microsoft. Bien entendu, il est toujours possible de passer en mode « Développeur » pour autoriser toutes les installations, mais ce choix par défaut reste encore éloigné de Win32, donc de la possibilité de laisser les développeurs proposer des logiciels non signés.
... compensées par des défauts d'ouverture
Cette nécessité de passer par Microsoft pour qu’une application soit déclarée « de confiance » représente son principal grief contre UWP. Il aimerait dans l’idéal que tout paquet UWP soit considéré sur un pied d’égalité, qu’il s’agisse d’une application du Store, d’un jeu récupéré sur Steam ou d’un logiciel provenant du Creative Cloud d'Adobe.
Les développeurs qui le souhaitent pourraient alors utiliser cette base moderne et proposer leurs téléchargements sur le web. Le contrôle des droits (UAC) fonctionnerait de la même manière que pour les applications Win32, avec un avertissement en cas d’absence de certificat numérique.
Sweeney aimerait également que le langage utilisé dans les options soit changé. Microsoft se réfère aux applications provenant de sources tierces comme des « versions test », ou « side-loading » en anglais. En clair, l’éditeur ne considère pas que de tels produits puissent être considérés aussi sérieusement que ceux proposés dans le Store. Les termes choisis n’invitent pas à la confiance.
Les bases techniques d'UWP, la souplesse de Win32
En clair, ce que demande le responsable, c’est qu’UWP retrouve la souplesse de Win32 dans son utilisation par les développeurs. Il aimerait d’ailleurs un engagement clair de Microsoft, voire de Satya Nadella en personne, sur l’ouverture de la plateforme. Il rappelle que l’échec cuisant des tablettes Windows RT tient justement à la fermeture de cet écosystème et au blocage brutal d’un Win32 qui, dans tous les cas, sera encore longtemps utilisé. Il garde cependant espoir et attend la conférence BUILD à la fin du mois pour d’éventuelles bonnes nouvelles.
On notera en tout cas que les points soulignés correspondent aux problématiques des développeurs avec UWP. Les choix opérés par Microsoft permettent évidemment de garder la pleine maitrise de la chaine de publication. Ils doivent également renforcer la puissance du Windows Store, en faisant une étape presque obligatoire pour la publication des applications et jeux. Un modèle que Sweeney trouve bancal, et le peuplement actuel de la boutique lui donne raison sur ce point.