Oubliez la Social TV et le second écran, désormais, la réalité virtuelle est l'avenir de la télévision et de ses programmes. C'est en tous cas ce qu'il faut croire lorsque l'on regarde les mouvements récents des principaux acteurs français du secteur.
Vous vous souvenez du second écran et de la social TV ? Ces dernières années, c'était l'alpha et l'omega de certaines grandes chaînes, TF1 et M6 en tête. On a ainsi eu droit à plusieurs nouvelles moutures de MyTF1 et autres 6Play, proposant « expériences digitales innovantes » et autres tentatives qui proposaient au téléspectateur de devenir en partie acteur de ses programmes.
Le second écran, c'est so 2013
Mais comme nous l'avions aussi vu, il s'agissait surtout de trouver des occasions de nous faire venir sur les applications mobiles de ces groupes, qui espéraient bien rajouter une bonne couche de publicité hors du contrôle du CSA. Le tout à grand coup de partenariats et autres sponsorings, renforcés par une expérience sur Twitter ou autre.
Mais voilà, quelques années et un drame comme Rising Star plus tard, les choses ont changé. Les chaînes se sont sans doute aperçu que ces dispositifs qui nécessitaient énormément de travail en amont n'étaient pas toujours payants en termes de résultat. Ainsi, la relation entre télévision et réseaux sociaux, Twitter en tête, est finalement un peu plus complexe que certains le pensaient.
Que dire des audiences, relayées par Europe 1 dans son émission matinale Le grand direct des médias en partenariat avec SnappyTV. Quand il était question d'une émission largement relayée sur Twitter, on apprend que moins de 20 000 twittos interviennent. De quoi donner une impression plus ou moins forte d'affluence selon les timelines, sans pour autant réussir à rivaliser avec les millions de téléspectateurs qui regardent les programmes sans être collés à leur smartphone.
Ainsi, depuis quelques mois, c'est service minimum. La nouvelle saison de Top Chef a été lancée sans « Social Shopping », The Voice ne vous propose plus de voter en ligne, et le duo Stéphane Plaza / Karine Lemarchand ne sera plus aux commandes de Qu'est-ce que je sais vraiment. De nouveaux numéros sont néanmoins déjà tournées et devraient être diffusées d'ici l'été, reste à savoir si le programme sera maintenu ou non.
Quoi qu'il en soit, la chute du second écran en tant que complément aux émissions ne signifie pas pour autant la mort des comportements sociaux liés à la TV. Les chaînes continuent ainsi d'inciter les internautes à tweeter leurs programmes et M6 a tout de même réintroduit une fonctionnalité de Livetweet au sein de 6Play dans une mise à jour récente.
Reste à voir ce que cela donnera dans les mois à venir et si de telles initiatives ne feront pas finalement leur retour. Il faudra pour cela que les chaînes réussissent à trouver les bonnes idées et le bon mix entre nouvelles expériences, ergonomie et revenus publicitaires.
Réalité virtuelle is the new hype
Pour le moment, elles ont de toute façon la tête ailleurs. En effet, ce qui est « in » en 2016, c'est la réalité virtuelle. Personne ou presque n'est équipé d'un casque, mais l'arrivée des Cardboards pour une vingtaine d'euros, et autres accessoires du genre, ont incité les acteurs du secteur à tenter des expériences.
Il faut dire que Mark Zuckerberg a annoncé que la VR, c'était « la nouvelle plateforme » à l'occasion de la conférence de presse de Samsung au MWC. Cela fait néanmoins plus d'un an que certains spécialistes du secteur nous annoncent que l'on est ici face à un nouveau média à part entière.
On reste néanmoins sceptique sur un usage grand public d'une telle technologie, notamment pour la télévision de masse. Si elle a de nombreux débouchés sur certains secteurs précis, et peut être utilisée intelligemment pour le marketing de nouveaux programmes comme nous avions pu le voir avec SyFy au CES, il faudra sans doute encore un peu de temps pour convaincre Madame Michu de chausser des lunettes avant de regarder la télévision toute une soirée.
Certes, l'immersion est impressionnante, comme on a pu le voir dans le cas de certains jeux vidéo ou d'applications spécifiques, mais de là à rester avec un bout de carton ou même de grosses lunettes sur le nez pendant plus d'une heure, c'est une autre paire de manches. Surtout que, même si les choses s'améliorent, la technologie est encore loin d'être maitrisée, tant en termes de définition de l'image que de gestion des l'isolement et des nausées.
Premiers programmes à 360°
Pour autant, il est toujours intéressant de voir les premières expériences, et la montée en puissance de la prise de vue à 360° peut de toute façon apporter une dimension complémentaire à certains programmes. France 5 s'y était ainsi essayée avec son émission 360@ qui se proposait de nous faire découvrir le monde en (très) grand angle.
Hier, nous avons parlé du documentaire d'Arte sur Philip K. Dick qui est accompagné de formats complémentaires, dont I, Philip. Ce court-métrage de 14 minutes (Pierre Zandrowicz et Rémi Giordano) vous propose de vivre « ce qui pourrait être la dernière histoire d’amour de l’écrivain. Mais ces souvenirs ne sont-ils pas le fruit de l’imagination d’un androïde qui a peu à peu appris à être humain ? » dans la peau d'un androïde, Phil.
L'occasion de découvrir l'application Arte360, disponible sous Android et iOS, qui contient plusieurs programmes de ce genre à regarder afin de vous faire votre propre avis.
MyCanal : VR pour tous (les goûts)
Mais la décision la plus étonnante vient sans doute du groupe Canal. Alors qu'il était passé complètement à côté des expériences sociales, celui-ci a décidé de plonger dans la réalité virtuelle. Un communiqué annonçait ainsi la semaine dernière l'arrivée de contenus inédits et exclusifs à 360° dans l'application MyCanal.
Elle va ainsi intégrer dans ses nouvelles fonctionnalités ce mode de diffusion qui concernera de nombreux programmes comme les lives de Nouvelle Star dès le mois d'avril « pour vivre, comme si vous y étiez, les prestations des candidats, les réactions du jury et l’énergie du public » nous promet-on.
Mais cela concernera aussi iTélé, certaines émissions en clair de Canal+ afin de les découvrir comme si vous étiez un membre du public ou un spin-off de six minutes du Bureau des légendes. Côté sport, il sera dans un premier temps proposé de prendre place dans les vestiaires puis dans les tribunes « en disposant de toutes les datas du match affichées et interactives sur les murs de la loge ».
Les films ne sont pas en reste avec l'arrivée en mars d'une salle de cinéma permettant de voir des bandes-annonces de films bientôt en salles ou sur Canal+. Il ne semble par contre pas prévu de diffuser de film entier par ce biais. En mai, un dispositif spécifique sera mis en place autour du festival de Cannes.
Que restera-t-il de la VR ?
Comme pour la Social TV et le second écran, on rentre donc désormais dans le temps des premières expériences. Reste maintenant à voir si le public s'en saisira et s'il sera convaincu, ou si là encore il faudra réviser la position des chaînes d'ici quelques années.
D'autant qu'une question demeure : au-delà des prouesses technologiques et la satisfaction des équipes, quelle est la réelle plus-value pour le spectateur et la chaîne qui devra monétiser ces nouvelles expériences ? De la réponse dépendra sans doute l'avenir de la réalité virtuelle dont on nous promet aujourd'hui l'avènement.