Voitures autonomes : Google reconnait une « certaine responsabilité » dans un accident

Je t'ai vu, mais je passe quand même !
Tech 4 min
Voitures autonomes : Google reconnait une « certaine responsabilité » dans un accident
Crédits : jurvetson (CC BY 2.0)

Mi-février, une voiture autonome de Google a eu un accident. Rien d'exceptionnel jusque-là puisque ce n'est pas le premier (et probablement pas le dernier), mais le géant du Net reconnait qu'il est, au moins en partie, responsable. Explications.

Les voitures autonomes de Google sillonnent une partie des routes américaines depuis maintenant près de six ans. Elles ont ainsi parcouru plus de 2 millions de kilomètres, dont près de 700 000 km rien que sur l'année 2015. Des accidents ont bien évidemment eu lieu, mais le pilote automatique n'était alors pas responsable. Le 14 février dernier, la situation était par contre différente puisqu'une voiture autonome a eu un accrochage avec un bus et Google reconnait qu'il a « clairement une certaine responsabilité ».

Quand les Google Car veulent faire « comme les humains »

Pour le géant du Net, les circonstances de cet accident sont assez particulières et résultent plus ou moins directement d'une mise à jour du logiciel datant de plusieurs semaines. En effet, sur certaines routes américaines les voies sont suffisamment larges pour permettre à deux voitures de rouler côte à côte, ce qui est particulièrement utile lorsque des véhicules veulent tourner à droite alors que d'autres veulent aller tout droit. Les premières peuvent ainsi passer pendant que les secondes attendent le feu vert pour avancer, et vice-versa.

Google a donc modifié son logiciel afin qu'il puisse « faire comme les conducteurs humains », c'est-à-dire créer deux files lorsque cela est possible, même si les deux voies ne sont pas spécifiquement marquées sur la route. « C'est une norme sociale parce qu'un véhicule qui tourne doit souvent faire une pause pour laisser passer des piétons » explique Google, cette technique évite donc de boucher toute la voie pour quelques voitures qui veulent tourner. « Il est vital pour nous de développer des compétences avancées qui respectent non seulement le code de la route à la lettre, mais aussi l'esprit de la route » explique Google. 

L'interprétation en cause, pas la détection

Et c'est justement dans ce genre de circonstance que l'accident a eu lieu. La voiture autonome (une Lexus) était sur une voie pour tourner à droite lorsqu'elle a rencontré un obstacle l'empêchant de passer : des sacs de sable chargés de drainer l'eau vers les égouts.

Elle s'est évidemment arrêtée et a laissé passer quelques voitures avant de tenter de s'insérer dans la file de circulation à sa gauche afin de contourner les sacs de sable. Problème, un bus arrivait par derrière et la voiture de Google a heurté le côté du bus. La société de Mountain View explique que sa voiture roulait à 3 km/h environ, tandis que le bus avançait à 24 km/h. L'accrochage n'a fait que des dégâts matériels et aucun blessé, que ce soit dans la voiture ou le bus.

Dans un rapport envoyé à plusieurs de nos confrères, la société de Mountain View explique « la voiture avait bien détecté que le bus approchait, mais elle avait prédit qu'il lui céderait le passage, car elle était devant ». Un conducteur était derrière le volant pour reprendre le contrôle au cas où, mais il a réagi de la même manière et il pensait lui aussi que le bus allait lui céder le passage. L'histoire lui prouvera que non.

Si on peut facilement imaginer qu'un conducteur qui ne dispose que de deux yeux doive se concentrer exclusivement sur la route en continuant de s'insérer sur la voie de gauche, il est étonnant que la voiture (qui peut regarder dans toutes les directions à la fois) n'ait pas mieux anticipé cette collision, quitte à esquiver le bus au dernier moment plutôt que d'aller jusqu'à l'impact.

Un problème de « négociation » entre le chauffeur d'un bus et la voiture autonome

« C'est un exemple classique d'une négociation qui fait partie intégrante de la conduite » avance Google en guise de justification. La voiture autonome et le conducteur de la Google Car pensaient que le bus allait ralentir ou s'arrêter pour les laisser passer, tandis que le chauffeur du bus estimait probablement que la voiture allait lui laisser la voie libre. Rien de tout cela n'a eu lieu et ce fut l'accrochage. Pour Google, « c'est ce type de malentendu qui se passe tous les jours entre les conducteurs humains », et c'est justement bien dommage qu'une voiture autonome tombe également dans ce genre de panneau et ne soit pas capable d'éviter la collision.

Bien évidemment, Google annonce qu'il étudie de près les circonstances de cet accident dans un simulateur (et des centaines de variations sur ce dernier) afin d'éviter que cela ne se reproduise à l'avenir. En tout état de cause, les Google Car estiment désormais qu'un gros véhicule est moins susceptible de céder le passage qu'un autre. Désormais, on se demande bien comment une Google Car réagira à certaines situations insolites, comme un carrefour avec quatre panneaux « stop » ou le rond point de l'Arc de Triomphe par exemple.

C'est d'ailleurs toute une partie de l'enjeu des voitures autonomes : réussir à se fondre dans la masse des conducteurs et à adopter plus ou moins les mêmes décisions que ces derniers, lorsqu'ils ne font pas n'importe quoi bien évidemment. Le curseur n'est probablement pas évident à placer entre prudence extrême (au risque de surprendre les autres et de créer des accidents ou des bouchons inutiles), un peu d'audace pour que tout se passe bien et une prise de risque trop grande.

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