Vivendi maintient par tous les moyens la pression sur les frères Guillemot et leurs entreprises. La firme de Vincent Bolloré vient ainsi coup sur coup d'accentuer sa présence au sein d'Ubisoft tout en augmentant le prix proposé pour son OPA sur Gameloft.
Visiblement, Vincent Bolloré n'est pas le genre de personne à apprécier que l'on lui dise « non ». Au lendemain de la formulation par le conseil d'administration de Gameloft d'un refus de se plier aux termes de l'OPA lancée par Vivendi à son encontre, l'homme d'affaires a décidé de passer à la vitesse supérieure. Et la messe est encore loin d'être dite.
Étape 1 : durcir le ton avec Ubisoft
Vivendi a ainsi publié coup sur coup deux annonces. La première concerne directement Ubisoft. On savait depuis deux semaines que Vivendi était progressivement monté jusqu'à 14,90 % du capital de l'éditeur français, la nouvelle ayant été d'abord confirmé par Yves Guillemot lors de la présentation des résultats trimestriels de son entreprise, puis par Vivendi au moment de déposer ses comptes annuels.
Hier soir, Vivendi a publié un communiqué qui se résume à ces quelques lignes : « Vivendi, déjà premier actionnaire en capital d’Ubisoft, déclare avoir franchi le 23 février le seuil légal des 15 % et détenir 15,66 % du capital de la société de jeux vidéo ». Cette fois-ci, la firme de Vincent Bolloré ne s'est pas embarrassé de fioritures.
La déclaration d'intention de Vivendi est par contre beaucoup plus bavarde. Si l'entreprise assure que « ces achats n'ont pas été spécifiquement conçus comme une étape préparatoire à un projet de prise de contrôle d'Ubisoft » et « qu'aucune décision n'a été prise en l'état concernant un éventuel dépôt d'offre publique d'acquisition sur les titres d'Ubisoft », elle durcit nettement le ton un peu plus loin.
Désormais, elle explique également que « Vivendi continue de souhaiter l'établissement d'une collaboration fructueuse avec Ubisoft, à défaut de quoi Vivendi n'exclut pas de prendre le contrôle d'Ubisoft ». La menace est donc désormais très claire. L'éditeur français va devoir collaborer avec son rival s'il ne souhaite pas le voir monter encore un peu plus au capital.
L'effet de cette annonce s'est immédiatement fait ressentir en bourse, avec au moment où nous rédigeons ces lignes une hausse de 3 % du cours de l'action Ubisoft. La capitalisation de l'éditeur franchit ainsi la barre des 3 milliards d'euros.
Étape 2 : battre le fer tant qu'il est chaud
Simultanément, Vivendi a publié un autre communiqué expliquant cette fois-ci que le montant proposé pour chaque action Gameloft est revu à la hausse, passant ainsi de 6 euros à 7,20 euros, soit une augmentation de 20 %. L'entreprise est ainsi valorisée à un peu plus de 610 millions d'euros.
En rehaussant son offre au-dessus des 7,13 euros atteints au maximum par Gameloft depuis l'annonce de l'OPA, Vivendi et Vincent Bolloré envoient un signal très clair aux marchés : ils souhaitent véritablement profiter de cette OPA obligatoire pour croquer un maximum de parts de l'éditeur.
Pour l'heure, les investisseurs semblent prêts à jouer le jeu, à condition d'un petit effort supplémentaire de la part du magnat français. L'action Gameloft semble en effet se stabiliser aux alentours de 7,30 euros, valorisant la société à 625 millions d'euros. Une somme qui ne devrait poser aucun problème à Vivendi, qui dispose, pour rappel, de plus de 6 milliards d'euros de liquidités disponibles.