Accelerated Mobile Pages (ou AMP), c'est la promesse d'un web allégé en scripts, cookies et autres trackers. Une manière d'assurer un chargement plus rapide à l'heure où les éditeurs sont encore dans une phase de boulimie de données. Et si ce format devenait la norme dans votre navigation ?
Depuis plusieurs mois, le projet AMP (Accelerated Mobile Pages) est sur les rails. Poussé notamment par Google, il a pour but de généraliser une pratique plus « light » pour ce qui concerne les sites mobiles, tout en restant basé sur les standards du secteur (HTML, CSS, JS) et sans nécessiter d'installation spécifique.
De quoi réduire drastiquement les temps de chargement grâce à un savant mélange de préchargement, de fonctionnement asynchrone et de limitation des possibilités des éditeurs.
AMP : un web mobile allégé
Ceux-ci doivent en effet presque oublier JavaScript, limiter les intégrations tierces et donc aller à l'opposé de tout ce qui fait leur pratique de ces dernières années. Pour les motiver, le géant de la recherche n'a pas hésité à utiliser une arme plutôt efficace : les sites d'information en ligne qui utilisent AMP bénéficient ainsi d'une mise en avant bien plus importante via le carousel (voir notre analyse).
Ainsi, de nombreux médias utilisent d'ores et déjà ce framework open source. Celui-ci gagne d'ailleurs des adeptes au niveau des services puisque Dailymotion vient de son côté d'officialiser l'existence de son module, proposé depuis quelques jours. Un éditeur pourra ainsi intégrer une vidéo dans ses pages avec très peu de code :
< amp-dailymotion
data-videoid="x2m8jpp"
layout="responsive"
width="480" height="270">< /amp-dailymotion>
Pour déclarer l'existence d'une page AMP, les éditeurs doivent intégrer une balise spécifique au sein de leurs pages. Cela permet à Google et aux autres services de savoir à quelle adresse elle est disponible. Mais n'importe qui peut y accéder. L'occasion de voir en quoi la pratique des éditeurs est différente via AMP ou leur site classique.
Une intégration qui s'avère... assez efficace
Ce matin, nous avons ainsi fait quelques relevés sur des sites comme ceux du Monde, du Parisien ou encore de 20 Minutes. Les résultats sont édifiants, puisque l'on passe de plusieurs dizaines de trackers à quelques uns seulement. Il en est de même pour les cookies tiers.
Deux version d'un même papier, la beauté d'une initiative comme AMP en une seule image pic.twitter.com/ogOx1ZPrcj
— David Legrand (@davlgd) 29 février 2016
AMP sauveur du web, suite (20 Minutes) J'imagine l'arrêt cardiaque de @CNIL devant le décompte cookies pic.twitter.com/Rc4dJe2huV
— David Legrand (@davlgd) 29 février 2016
AMP chez Le Parisien ? De quoi économiser 62 trackers et à peu près 200 cookies pic.twitter.com/w9qISGp0ZK
— David Legrand (@davlgd) 29 février 2016
La pratique publicitaire est aussi plus légère, même si l'on retrouve ces bons vieux modules Ligatus et Outbrain par exemple. On note au passage qu'aucun ne semble pour le moment utiliser le module amp-user-notification qui permet notamment d'afficher l'avertissement relatif aux cookies.
Quoi qu'il en soit, on peut rapidement se demander pourquoi l'utilisateur n'aurait pas plus intérêt à se rendre sur la version AMP d'une page, et pourquoi l'accès à celle-ci serait réservée à des internautes qui surfent depuis un smartphone et certains services comme Google, Nuzzel ou Twitter.
Et si vous naviguiez plutôt sur les pages AMP des sites ?
Comme nous le notions ce matin, on pouvait s'imaginer qu'un internaute allait rapidement proposer une extension permettant d'arriver directement sur la version AMP d'une page plutôt que la version classique.
Et c'est déjà le cas sous Chrome où l'on trouve des outils aux possibilités diverses, comme le fait de vous rediriger directement vers la page AMP, vous signaler simplement sa présence, vous permettre de passer entre la version classique et AMP, etc. Selon nos constatations, ce n'est pas encore le cas sur Firefox, mais n'hésitez pas à nous faire savoir si vous trouvez des équivalences.
Reste maintenant à voir quelle sera la réaction des éditeurs. En effet, de tels outils permettent aux internautes d'accéder à leurs contenus dans une version bien plus respectueuse en termes d'ergonomie, de publicité ou de tracking (AMP n'empêchant pas l'utilisation des « Adblockers »).
Vont-ils laisser faire en espérant que cela ne concernera qu'une part infime de leurs visiteurs, ou vont-ils chercher à limiter de telles redirections ? Les semaines à venir, qui vont être l'occasion des premiers retours avec les responsables du projet AMP, seront sans doute riches d'enseignements.