La ministre de la Santé a annoncé hier la mise en place au cours des « prochaines semaines » d’un groupe de travail chargé de se pencher sur le syndrome d’épuisement professionnel. Une réponse jugée insuffisante par ceux qui souhaitent voir le « burn-out » reconnu comme maladie professionnelle.
« Avant d’en faire une maladie professionnelle, il faut définir ce qu’est cette maladie ! » Voilà ce qu’a martelé hier Marisol Touraine, ministre de la Santé, lorsqu’on lui demandait de se positionner sur la récente proposition de loi du « frondeur » Benoît Hamon – soutenue par plus de 80 députés de l’aile gauche du PS et du groupe écologiste. Sur RTL, l’intéressée a reconnu que le burn-out correspondait à une « réalité croissante », sur laquelle on ne pouvait « plus fermer les yeux ». Si les nouvelles méthodes de management sont régulièrement pointées du doigt, le développement des nouveaux moyens de communication (Internet, smartphones...) fait lui aussi l'objet de vives critiques.
« Il va bien falloir que nous apportions des réponses » a poursuivi la ministre, en sortant de son chapeau le lancement « dans les prochaines semaines » d’un groupe de travail composé de médecins, experts et chercheurs, « pour définir ce qu’est médicalement le burn-out, la manière de le traiter, et après, la ministre du Travail verra », a précisé Marisol Touraine – façon de renvoyer la balle à sa collègue Myriam El Khomri, en charge du contesté projet de loi de refonte du Code du travail.
Le ministère du Travail avait déjà lancé son groupe de travail sur le burn-out...
Cette annonce a de grands airs de tour de passe-passe, histoire de calmer la grogne émanant des rangs socialistes... Une simple recherche Google permet d’ailleurs d’arriver très rapidement sur un guide dédié au burn-out, publié l’année dernière par le ministère du Travail avec l’aide de « l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), des enseignants-chercheurs et experts de terrain (médecin du travail, docteur en psychologie du travail) » ! Ce guide préventif s’attache tout particulièrement à définir le syndrome d’épuisement professionnel (pages 7 à 12).

« On verra si les choses peuvent aller assez vite » a conclu hier Marisol Touraine, laissant entendre que le gouvernement ne fermait pas totalement la porte aux demandes de Benoît Hamon. Le calendrier promet néanmoins d’être extrêmement serré : le projet de loi El Khomri doit être examiné en première lecture à l’Assemblée nationale « début avril » et « en mai » au Sénat. Si les conclusions du groupe de travail annoncé par la ministre de la Santé ne sont connues qu’après les débats, autant dire qu’il y a de très fortes chances pour qu’elles restent lettre morte sur le plan législatif...
Insuffisant! Signez la pétition https://t.co/EAkKD6bUzv https://t.co/3B21sfPtxc
— benoithamon (@benoithamon) 21 Février 2016