Après leur mise en demeure préventive par l'ARCEP, Bouygues Telecom et SFR ont répondu officiellement aux inquiétudes du régulateur. Pour les deux opérateurs, leurs objectifs de couverture 4G des zones peu denses seront bien tenus. De l'autre côté, l'AVICCA salue la décision du régulateur.
Hier soir, l'ARCEP a mis en demeure « par anticipation » deux opérateurs sur leur couverture 4G en zones peu denses, avec les fréquences 800 MHz. Alors qu'ils doivent couvrir 40 % de la population dans les zones rurales en janvier 2017 en 800 MHz, Bouygues Telecom n'en était qu'à 12 % et SFR à 8 % le mois dernier. De son côté, le troisième opérateur avec ces obligations, Orange, en est à 33 % de couverture actuellement, avec un rythme qui devrait lui permettre de tenir facilement son engagement.
« Étonnement » de Bouygues Télécom sur sa mise en demeure
Le secrétaire général de Bouygues Telecom, Didier Casas, avait répondu à chaud sur Twitter suite à cette annonce. « 40%, c'est pour dans un an. Nous y serons » a-t-il promis. Dans un communiqué publié plus tard dans la soirée, l'opérateur répond directement au gendarme des télécoms. « Bouygues Telecom tient à dire son étonnement devant le lancement de cette procédure publique dont le seul effet est d’accroître inutilement l’inquiétude des populations concernées » déclare l'entreprise.
La société estime ainsi que l'ARCEP sous-entend qu'elle ne couvre pas les zones prioritaires avec d'autres fréquences que les 800 MHz, alors que l'autorité l'épingle justement sur cette bande. De même, l'opérateur estime que l'objectif sur ces fréquences est largement tenable. « La couverture mobile restant à réaliser par Bouygues Telecom porte sur environ 6 % de la population nationale, soit la construction de 1 200 antennes relais en une année. Comme le régulateur le sait, cet effort est largement à la portée de Bouygues Telecom d’autant qu’il sera réparti dans le cadre de l’accord de partage de réseau » avec SFR, qui doit être entièrement concrétisé en 2018.
L'opérateur en profite pour glisser un tacle déguisé à Free Mobile, rappelant « qu'un opérateur » doit fournir le même effort de déploiement pour respecter ses engagements sur la 3G d'ici 2018. Rappelons que ce dernier n'a lui pas reçu de mise en demeure à ce titre.
SFR confiant sur le respect de ses engagements
De son côté, SFR n'a pas encore répondu directement à la mise en demeure par l'ARCEP. Le groupe a tout de même publié ce matin un communiqué sur sa couverture très haut débit fixe et mobile. Il y annonce entre autres l'éligibilité de 129 000 nouveaux logements à sa « fibre » en janvier, ainsi que de 71 communes en 4G et 39 autres en 4G+.
Pour toute forme de réponse, l'opérateur répète surtout sa confiance dans ses engagements. « Avec la publication mensuelle de ses déploiements, SFR apporte la preuve de ses investissements et démontre sa capacité à tenir ses objectifs, comme ses obligations de déploiements, tels que présentés à l'ARCEP, dans le cadre son plan de production, en janvier dernier » précise Michel Combes, PDG de SFR. Pour référence, l'opérateur est passé de 0 % de couverture 4G en 800 MHz en octobre à 8 % en janvier, selon les chiffres de l'ARCEP fournis par l'entreprise.
À l'autre bout du spectre, l'AVICCA, l'un des principaux lobbies des collectivités sur le numérique, se félicite de l'initiative de l'ARCEP. « Cet exemple montre malheureusement une fois encore que les « engagements » de couverture doivent être extrêmement précis et assortis de sanctions pour être respectés » tance l'association. Elle accueille d'ailleurs avec le même enthousiasme le premier observatoire de la couverture mobile des zones rurales, sur lequel nous aurons l'occasion de revenir.