Vivendi a publié hier soir ses résultats annuels pour 2015. Le géant des médias se félicite de la croissance de son chiffre d'affaires et de ses bénéfices, mais s'émeut de la perte de vitesse de Canal+ en France.
Le groupe de Vincent Bolloré a présenté hier soir à ses actionnaires ses résultats pour l'ensemble de l'exercice 2015. Si le principal évènement reste l'annonce de l'OPA hostile opérée sur Gameloft (que nous détaillons ici), le géant français des médias avait bien d'autres surprises dans son sac.
Des chiffres conformes aux prévisions
Vivendi a réalisé sur 2015 un chiffre d'affaires de 10,76 milliards d'euros, soit une croissance de 6,7 % en un an et un bénéfice net de 1,93 milliard d'euros en comptant ses plus-values prises sur la cession de l'opérateur GVT. En ne tenant pas compte de cette dernière, le bénéfice net ajusté passe à 697 millions d'euros, soit une hausse de 11,3 % par rapport à 2014.
Sur le seul quatrième trimestre, le chiffre d'affaires a progressé de 5,9 % pour atteindre 3,15 milliards d'euros, tandis que le résultat net sur les activités poursuivies (sans les plus-values à la revente donc) est passé d'une perte de 661 millions d'euros à un bénéfice de 143 millions d'euros.
Côté liquidités, Vivendi n'a pas à s'en faire. Le géant des médias annonce ainsi qu'entre le 1er janvier et le 31 décembre, sa trésorerie et ses équivalents de trésorerie ont progressé de 1,3 milliard d'euros, pour atteindre 8,23 milliards d'euros. La trésorerie nette du groupe s'élève quant à elle à 6,4 milliards d'euros. La famille Guillemot, actionnaire de Gameloft et d'Ubisoft a donc du souci à se faire.
« Nécessité d'arrêter les pertes des chaines Canal+ en France »
La situation ne semble pas très sereine non plus pour les 8 200 employés du Groupe Canal+. Vivendi a en effet réservé tout un pan de son rapport annuel titré « nécessité d'arrêter les pertes des chaînes Canal+ en France » pour parler de la situation de l'entreprise.
Le directoire de Vivendi explique ainsi que « les six chaînes Canal+ perdent de l’argent en France depuis 4 ans », ce notamment à cause d'une « forte érosion de leur base d’abonnés depuis 2012 » mais aussi d'une concurrence plus tenace, qui fait « s'envoler les prix des droits de diffusion des contenus ». Sur le seul exercice 2015, elles ont ainsi enregistré 264 millions d'euros de pertes opérationnelles, ce qui grève assez sévèrement les résultats de l'ensemble du groupe. Fin 2015, le parc d'abonnements du groupe s'établissait à 8,46 millions contre 8,86 millions fin 2014 et 9,56 millions fin 2012.
Les mots deviennent ensuite encore plus durs. Invoquant une situation qui « menace l'ensemble du groupe Canal+ qui emploie 8 200 personnes » la firme de Vincent Bolloré explique que « Le Conseil de surveillance a jugé ce jour que Vivendi n’avait pas les moyens de supporter indéfiniment les pertes des chaînes Canal+ en France ». L'objectif devient donc de remettre les chaînes Canal+ dans le droit chemin, afin d'arriver à les remettre à l'équilibre d'ici la fin de l'exercice 2018, quoi qu'il en coûte.
Première conséquence de cet état des lieux : l'ouverture de négociations entre le Groupe Canal+ et beIN Sports autour d'un accord de distribution exclusive des chaînes qataries dans le bouquet du géant français.
Pascal Nègre sort par la petite porte
Côté musique, Universal Music Group (UMG) se porte plutôt bien avec une hausse de 2,7 % de son chiffre d'affaires. Tous les voyants sont d'ailleurs au vert avec une hausse des ventes globales de musiques enregistrée, la baisse de 6,7 % des ventes physiques étant largement compensée par la progression des ventes numériques (+8,6 %). Les revenus tirés du streaming et des offres d'abonnement a quant à lui explosé (+43 %) pour atteindre 954 millions d'euros.
Même les « redevances et autres » affichent une jolie croissance de 7 % sur un an pour atteindre 728 millions d'euros. Vivendi se vante par ailleurs qu'aux États-Unis « UMG détient sept des 10 meilleurs albums de l’année, dont deux des trois meilleurs avec 1989 de Taylor Swift et Purpose de Justin Bieber ». De quoi permettre à UMG d'afficher un EBITA (hors dépréciations donc) de 593 millions d'euros, en hausse de 1 % sur un an.
Ces bons résultats n'ont toutefois pas empêché à Vincent Bolloré de se payer le Scalp de Pascal Nègre, qui occupait la tête d'Universal Music France depuis 1998. Selon l'AFP, citant une source proche de l'intéressé, « Il y avait des dissensions avec Vincent Bolloré » relayent nos confrères du Monde. Une autre source interne à Universal expliquait quant à elle que « Bolloré cherchait à placer un de ses proches à la tête du groupe, comme il le fait généralement dans les entreprises qu’il rachète ». Voilà qui ne plaira pas à la famille Guillemot.