Dans la lignée de la tablette annoncée récemment par BQ, Canonical annonce cette fois l'arrivée d'une édition Ubuntu du Meizu Pro 5. Il s'agit ainsi d'une variante Ubuntu du modèle déjà existant sous Android. Il sera à sa sortie le smartphone le plus puissant exploitant cette plateforme.
Comme on a pu le voir récemment avec tablette Aquaris M10 Ubuntu Edition, Canonical continue d’établir des liens avec les constructeurs d’appareils mobiles Android afin de leur faire mettre sur le marché des variantes Ubuntu de leurs modèles existants. Cependant, tous les modèles proposés jusqu'à maintenant étaient destinés à l’entrée de gamme, une situation qui change avec l’annonce du partenariat avec Meizu.
Le smartphone Ubuntu le plus puissant
Le constructeur chinois et Canonical présenteront en effet au Mobile World Congress de Barcelone le Pro 5 Ubuntu Edition, avec des précommandes qui ouvriront au même moment. Les caractéristiques techniques de ce smartphone sont nettement au-delà de ce qu’on a pu voir pour Ubuntu jusqu’à présent.
Le Pro 5 présente ainsi un écran AMOLED de 5,7 pouces, et il s’agit donc d’un très grand smartphone. Il est recouvert d’une protection Gorilla Glass 3 et affiche une définition de 1980 x 1080 pixels, ce qui n’a rien d’exceptionnel pour une telle diagonale.
L’intérieur du smartphone le destine au haut de gamme. Le SoC est un Exynos 7420 de Samsung, qui comprend huit cœurs, dont quatre A53 cadencés à 1,5 GHz et quatre A57 à 2,1 GHz. Cette puce gravée en 14 nm est accompagnée par un GPU Mali-T760 MP8. Si ces caractéristiques semblent familières, c’est qu’il s’agit du même cœur que pour le Galaxy S6.
Le SoC est épaulé par 3 Go de mémoire vive LPDDR4 (1,6 GHz) et 32 Go de stockage. Sur le modèle Android, une version 64 Go existe (avec 4 Go de RAM), mais rien ne dit que ce sera le cas également pour le modèle Ubuntu. Un emplacement pour une carte MicroSD est cependant de la partie pour étendre les capacités.
4G à 300 Mb/s et double SIM
Pour le reste, on trouve un capteur 21,6 mégapixels sur la face arrière, avec autofocus, ouverture f/2.2, flash double LED et enregistrement de vidéos en 4K. À l’avant, un modèle plus classique de 5 mégapixels (ouverture f/2.0) est présent. Le Wi-Fi est de type 802.11n seulement mais l'on a droit à du Bluetooth 4.1 (LE et AD2P). Une puce NFC est incluse et la 4G peut grimper jusqu’à 300 Mb/s (catégorie 6). Il peut embarquer deux cartes SIM.
On pourrait craindre qu’un smartphone aussi grand soit lourd, mais son poids reste de 168 grammes, pour des dimensions de 156,7 x 78 x 7,5 mm. On trouve à l’intérieur une batterie de 3 050 mAh. Son connecteur Type-C n’est qu’à la norme USB 2.0. Il manque malheureusement le prix, Canonical précisant que tout sera officialisé lors de la mise en ligne des précommandes. Pour information, le Meizu Pro 5 classique se négocie pour un peu moins de 500 euros en général.
La vraie convergence n'est pas encore pour tout de suite
Il est clair en tout cas que Canonical ne peut que se réjouir d’un tel partenariat. Au contraire de Firefox OS, il ne fallait pas en effet qu’Ubuntu reste cantonné au marché de l’entrée de gamme, où non seulement la concurrence est féroce, mais où les marges sont également très faibles. En outre, la sortie d’un modèle haut de gamme renforce l’idée que la plateforme peut s’adapter à des besoins exigeants, un point évidemment recherché par l’éditeur.
Comme pour la tablette Aquaris M10, le point central de cette annonce est évidemment la plateforme logicielle elle-même. Ce sera là encore Ubuntu 16.04 qui sera utilisé, première version à donner véritablement le coup de départ pour les nouvelles applications capables de s’adapter à tous les écrans.
Rappelons que Canonical a une stratégie pratiquement identique à celle de Microsoft avec Windows 10 : le même système et les mêmes applications. L’éditeur espère que les développeurs s’orienteront vers le nouveau SDK Ubuntu qui facilite justement le développement de ces applications. Point négatif cependant : l’absence de compatibilité avec le standard MHL, qui empêchera donc le smartphone d’être utilisé sur un écran plus grand, même si Canonical ne s’en cache pas.
Canonical se heurtera également à la même problématique que Microsoft : les éditeurs tiers ont des budgets s’écoulant naturellement vers les deux plateformes mobiles principales, Android et iOS. Windows 10 est déjà victime d’une boutique d’applications manquant de vie pour cette raison.
Le père d’Ubuntu aura donc très fort à faire pour motiver les développeurs, même s’il peut compter sur une partie de la communauté du libre pour travailler sur des variantes « optimisées » de leurs applications.