L'opérateur américain ViaSat annonce le lancement prochain de trois satellites, chacun capable de délivrer 1 Tb/s, pour des connexions pouvant dépasser les 100 Mb/s. Une amélioration technologique qui ne semble pas effacer certaines limites de l'Internet par satellite, notamment en France.
La capacité de l'Internet par satellite devrait bientôt s'améliorer. Mardi, ViaSat a annoncé le lancement de trois nouveaux satellites, poétiquement nommés ViaSat-3. Chacun d'eux devrait être capable de fournir une capacité de 1 Tb/s. Selon la société, cela « équivaut à la capacité totale de tous les satellites commerciaux actuellement en orbite », ce qui est difficile à vérifier aujourd'hui. Pour ces prochains appareils, l'entreprise s'est associée à Boeing, qui doit concevoir le satellite lui-même quand ViaSat intègrera sa « payload » (les équipements actifs).
Des débits fixes à 100 Mb/s ou plus
La nouvelle plateforme doit être livrée en 2019, deux satellites étant déjà en cours de préparation. « Les deux premiers satellites se concentreront sur les Amériques et la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique), respectivement, avec un troisième système satellite pour la région Asie-Pacifique » affirme ViaSat.
Ces satellites sont censés ouvrir la voie à des connexions Internet à 100 Mb/s ou plus, alors qu'elles s'approchent plutôt des débits de l'ADSL aujourd'hui. Les vitesses pourraient atteindre 1 Gb/s pour certaines applications spécifiques : maritimes, océaniques ainsi que les plateformes pétrolières et gazières. Ils doivent aussi contribuer à la connectivité des avions et fournir une connexion Wi-Fi « aux milliards de personnes non-connectés à Internet ».
D'importantes limites techniques
Malgré cette promesse de très haut débit par satellite, la technologie garde quelques limites importantes. La première est la latence, supérieure à celle des réseaux filaires ou hertziens terrestres, du fait des aller-retours du signal entre la terre et le satellite. La seconde est la dépendance aux conditions météo, qui sont un point noir pour nombre d'utilisateurs actuels de ces réseaux.
En France, la situation est aussi assez compliquée. Le principal fournisseur de services satellite est Eutelsat avec son satellite KA-SAT, officiellement capable de fournir 90 Gb/s sur l'Europe. Eutelsat a d'ailleurs annoncé la semaine dernière la création d'une joint-venture partenariat avec ViaSat, qui s'appuiera d'abord sur son satellite KA-SAT.
Une situation française compliquée
Pourtant, depuis cet été, Eutelsat refuse de nouveaux clients grand public sur 28 départements couverts par KA-SAT. La raison : certains faisceaux sont saturés et ne permettent plus de connecter de nouvelles personnes sans dégrader la qualité. Nordnet, qui commercialise leurs offres, a lui décidé d'arrêter la commercialisation pour les particuliers sur la moitié de la France, à la fois à cause de la saturation et pour des raisons commerciales.
La situation est inconfortable pour tous, alors que le plan France THD, qui doit amener le très haut débit pour tous en 2022, compte sur le satellite pour environ 200 000 lignes... Soit la capacité estimée des satellites actuels sur le territoire. Il reste les satellites ASTRA de SES, dont la capacité globale est moindre que celle de KA-SAT.
De nouvelles capacités sont attendues, mais pas avant deux ans, nous affirmait Eutelsat. Celui-ci compte lancer plusieurs autres satellites entretemps entre autres pour couvrir l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine.
Pour référence, OneWeb compte lancer un réseau mondial de 700 satellites à basse altitude pour un total de 100 Gb/s, qui doit être opérationnel en 2018. Alors qu'Airbus a la charge de les construire, ce sera Arianespace qui devra les mettre en orbite.