Ubisoft a récemment publié son chiffre d'affaires pour le troisième trimestre de son exercice 2015-2016. Celui-ci n'est pas aussi bon que prévu, ce qui contraint l'éditeur à revoir ses prévisions à la baisse. Une aubaine pour Vivendi, dont la participation au sein de l'entreprise se rapproche de 15 % du capital.
Les fêtes de Noël n'auront finalement pas autant profité que prévu à Ubisoft. L'éditeur français a dû dévoiler la semaine dernière des résultats moins bons qu'escomptés. « Je suis déçu d'annoncer ces chiffres inférieurs à nos attentes, et qui ont un impact sur nos objectifs annuels », admettait ainsi Yves Guillemot, le PDG de l'entreprise, lors de la conférence réservée aux investisseurs.
Assassin's Creed n'a pas fait recette
Ubisoft a en effet annoncé un chiffre d'affaires de 561,8 millions d'euros sur le troisième trimestre de son exercice en cours, alors que la direction avait promis un minimum de 600 millions d'euros à ses investisseurs. Pour justifier cette contre-performance, l'éditeur évoque un seul facteur : « un lancement moins dynamique qu’attendu d’Assassin’s Creed Syndicate dans un environnement concurrentiel exceptionnellement élevé ». Au vu de la quantité de blockbusters sortis sur cette période, Star Wars Battlefront et Fallout 4 en tête, il est vrai que la concurrence avait fait plus que sortir les griffes.
La claque a dû être douloureuse, puisque sur le reste des évènements marquants du trimestre, Ubisoft fait état de « niveaux d’engagements historiques pour Tom Clancy’s Rainbow Six Siege » ou encore d'une forte croissance des revenus dématérialisés, qui comptent pour 27 % du total. Mieux, le fond de catalogue de l'éditeur a enregistré une progression de 42,6 % par rapport à l'an passé, avec un total de 280,8 millions d'euros sur neuf mois. Yves Guillemot se félicite d'ailleurs d'avoir pu augmenter la marge brute sur ce type de produits.
Prévisions et rémunérations en baisse à court terme
Ce mauvais trimestre n'est pas sans conséquences pour le géant français qui a dû revoir à la baisse ses objectifs sur l'ensemble de l'année. Ubisoft avait promis il y a neuf mois que cette année, il réaliserait un chiffre d'affaires d'environ 1,46 milliard d'euros, avec un résultat opérationnel de 200 millions d'euros.
Avec le couac du troisième trimestre, et malgré la promesse de réaliser un « dernier quart meilleur que jamais », l'éditeur a admis que son chiffre d'affaires cette année ne devrait être que de 1,36 milliard d'euros, pour un résultat opérationnel de 150 millions d'euros. Une nouvelle qui n'a pas réjoui les investisseurs, à l'exception peut-être de Vivendi, mais nous y reviendrons un peu plus loin.
Ubisoft ne compte toutefois pas se laisser abattre et explique que ce contrecoup sera compensé en partie grâce à une bonne maîtrise des coûts, notamment du côté de la part variable de la rémunération de ses employés. Pour l'année prochaine, l'entreprise se risque même à annoncer des objectifs encore plus hauts avec un chiffre d'affaires de 1,7 milliard d'euros et un résultat opérationnel de 230 millions d'euros. Rien que cela.
Pour parvenir à ces chiffres, l'éditeur compte sur plusieurs titres, avec en tête For Honor, South Park : The Fractured but Whole, Ghost Recon : Wild Lands, mais surtout avec « la suite de WatchDogs ainsi qu’une nouvelle franchise AAA à forte composante digitale ». Nous savons donc déjà à quoi nous attendre lors de la prochaine édition de l'E3.
Assassin's Creed s'offre une année en jachère
Le plus surprenant avec ces prévisions, c'est qu'elles ne font pas état du moindre lancement d'un nouvel épisode d'Assassin's Creed. Et pour cause, Ubisoft a tout simplement décidé de ne pas publier de titre basé sur cette franchise d'ici fin 2016, afin de laisser le champ libre au film, où Michael Fassbender campera le premier rôle.
Dans un billet de blog, l'éditeur explique que cette année de répit permettra de « faire évoluer les mécaniques de jeu et nous assurer que nous respecterons la promesse de livrer un Assassin's Creed offrant une expérience de jeu unique et mémorable faisant de l'histoire un terrain de jeu pour tous ».
Si Ubisoft se permet de faire de telles prévisions, en sachant que sa franchise phare manquera à l'appel, c'est parce que l'entreprise estime avoir réussi sa mutation, en passant d'une seule marque à succès à six. Une transition que d'autres acteurs de l'industrie ont dû amorcer eux aussi, Activision-Blizzard en tête.
Vivendi se frotte les mains
Une dernière information majeure est venue se glisser dans la conférence réservée aux investisseurs et analystes. Interrogée sur la participation de Vivendi au sein d'Ubisoft, la direction de l'entreprise a admis que le groupe de médias détenait désormais « près de 15 % du capital ». Aux dernières nouvelles, celui-ci détenait 11,52 % des parts de l'éditeur breton, selon une déclaration transmise à l'AMF en novembre.
Vivendi a justement pu être tenté de porter sa participation encore plus haut, l'action d'Ubisoft ayant chuté de 9 % après l'annonce de ces derniers résultats, et de 29 % depuis le début de l'année. Le timing est donc idéal pour que la firme de Vincent Bolloré fasse ses emplettes à moindre coût, si son objectif est de prendre le contrôle de l'éditeur. Une option qu'elle n'excluait pas en novembre, expliquant vouloir « poursuivre l’acquisition d’actions de ces deux sociétés [NDLR : Gameloft et Ubisoft] en fonction des conditions de marché ».