Google avait lancé l’année dernière le protocole Eddystone, pour permettre aux balises Bluetooth de diffuser des informations. Chrome pour Android sera prochainement compatible avec cette technologie. Les utilisateurs pourront ainsi recevoir des alertes selon le lieu, avec les avantages et inconvénients que cela comporte.
Eddystone est une technologie que Google a présentée durant l’été dernier. L’idée était simple : donner aux balises Bluetooth la capacité de diffuser une information, les smartphones environnants pouvant alors la signaler aux utilisateurs. Multiplateforme et open source (licence Apache 2.0), la technologie a un potentiel conséquent, une vingtaine de constructeurs s'étant déjà montré intéressés. On peut par exemple imaginer une station de métro indiquant en direct le temps restant avant le prochain passage.
Edystone débarque dans Chrome pour Android
Initialement, seul Chrome pour iOS a été muni de la capacité de recevoir ces alertes. Une décision prise par Google pour se concentrer sur la bataille avec Apple et les balises iBeacon. Il aura finalement fallu de nombreux mois pour que l’éditeur se penche sur son propre système mobile, puisque Chrome 49 pour Android, actuellement en bêta, est enfin compatible. Entre temps évidemment, la technologie a été affinée, de même que son implémentation.
Le concept global, tel qu’imaginé par Google, est qu’un lieu peur fournir une information. Selon l’endroit, il peut s’agir de renseignements généraux, ou au contraire d’informations précises pour chaque pièce. On peut imaginer également qu’un bâtiment entier pourrait être muni de ces bornes, capables alors de guider l’utilisateur dans son orientation, lui donner des informations sur ce qu’il regarde et ainsi de suite.
Un environnement communiquant
Le danger inhérent à cette forme de technologie est bien entendu la surcharge d’informations sur le smartphone. Dans sa forme actuelle, Eddystone court-circuite cependant les plus gros problèmes potentiels. Quand l’utilisateur passe non loin d’une borne compatible, Chrome va lui demander s’il souhaite activer le « Physical Web », nom que Google donne au concept. S’il accepte, les balises pourront alors transmettre leurs données. S’il refuse, Chrome ne posera plus de questions.
Une fois que la fonctionnalité est active cependant, seules les nouvelles informations reçues seront signalées par une vraie notification. Si l’utilisateur repasse à côté d’une borne déjà rencontrée, l’information sera reçue, mais la notification n’émettra aucun son. Si l’on considère que les balises Bluetooth sont probablement amenées à se multiplier et que l’on risque de les rencontrer par exemple dans les galeries commerciales, autant éviter que l’utilisateur s’agace d’un téléphone sonnant un peu trop souvent.
Car ces balises peuvent être n’importe où et servir à peu près n’importe quoi. On pourrait comparer le système à des QR Codes proactifs, émis dans certains lieux pour donner une information pratique, ou un lien vers un site web. Pour éviter d’ailleurs un éventuel sentiment de « surcharge », le smartphone pourra lister toutes les balises détectées, l’utilisateur pouvant alors choisir ce qu’il veut ou non. Notez également qu'une fois la connexion active avec une balise, elle peut éventuellement être pilotée par le smartphone. Mozilla avait ainsi fait la démonstration l'année dernière d'un drone piloté depuis une page web ouverte dans Chrome.
Un potentiel qui reste à exploiter
Globalement, la technologie est encore très peu répandue. Son arrivée dans Chrome pour Android devrait quand même lui donner un plus grand potentiel, le système mobile écrasant littéralement la concurrence en termes de parts de marché. N’oublions pas cependant que le navigateur réclame au minimum Android 4.0 pour être installé et que les plus anciens appareils ne pourront donc pas s’en servir.
En attendant, Eddystone est encore assez confidentiel, malgré plusieurs exemples cités par Google : 1 500 bornes au dernier CES pour le repérage des participants, équipement dans un stade pour faire patienter les fans de l’équipe locale avec des contenus divers et vidéos, création par la Brookwood Middle School d’un relai d’informations via des bornes pour diffuser notes, résultats sportifs et actualités, etc.
Une sécurité à surveiller
Si la technologie est intéressante et se prépare à être davantage utilisée, elle soulève également des questions. Quid par exemple de la sécurité ? Il s’agit d’un nouveau type de produit et de services et, comme tout nouveau domaine, il passera par une période de rodage. Comment ne pas imaginer du coup que des balises pourraient être piratées pour pousser du contenu frelaté vers les smartphones ? Ce serait par exemple le moyen idéal de diffuser une simple adresse web ouvrant un site conçu pour exploiter une faille précise. Couplé à une dangereuse brèche de type Stagefright, ou même pour mener vers un faux site et récupérer des informations, le mécanisme peut être vecteur de menaces.
Sécurité mise à part, Google ambitionne de faire d’Eddystone un système universel de transmission d’information. Un collier de chien pourrait par exemple indiquer l’adresse de son maître, un bus pourrait prévenir du prochain arrêt, un magasin pourrait fournir le plan pour un repérage plus rapide du client, ou encore un équipement quelconque qui fournirait des données de diagnostics : les exemples sont très nombreux. Google compte évidemment sur l’aspect open source et librement utilisable pour que sa technologie soit diffusée.
En attendant, seul la bêta de Chrome 49 prend pour l’instant en charge Eddystone sur Android. Mais même après la disponibilité de la version finale dans quelques semaines, il faudra encore attendre que des installations soient mises en place.