Au dernier trimestre, deux millions de Français ont changé d'opérateur en conservant leur numéro. Un record depuis l'arrivée de Free Mobile, selon l'ARCEP. Le marché global continue également de progresser, avec près de 1,1 carte SIM par Français. En outre-mer, le régulateur affiche maintenant le décompte par département.
Les chiffres de l'ARCEP sont formels, les Français ont massivement changé d'opérateur au quatrième trimestre 2015. Le régulateur des télécoms a publié son observatoire du marché mobile sur le dernier trimestre et, comme d'habitude, la plupart des indicateurs sont au vert.
Aujourd'hui, la France compte près de 82,7 millions de cartes SIM, dont 72,1 millions destinées aux utilisateurs et 10,5 millions aux communications entre objets connectés (MtoM). Ce trimestre encore, le perdant reste le marché du prépayé, qui continue sa dégringolade.
Près de 400 000 cartes SIM supplémentaires
Sur les 72,1 millions de cartes SIM (hors MtoM) en circulation, 390 000 ont été ajoutées sur le dernier trimestre et 460 000 sur l'année. Soit une progression de 0,6 % entre décembre 2014 et 2015. Sur l'ensemble de ces cartes, 69,8 millions sont actives (effectivement utilisées), dont 150 000 de plus sur le trimestre et 2,2 million sur un an. Le taux d'activité des cartes SIM a progressé d'un point sur un an, pour atteindre 96,7 %. 3,5 millions des cartes SIM ne proposent qu'une connexion Internet (sans voix ni SMS), dont 2,43 millions pour le marché résidentiel seulement.
Comme l'indique l'ARCEP, la progression du marché est portée par les forfaits, qui grignotent petit à petit le marché des cartes prépayées. Sur ce trimestre, le nombre de forfaits en activité a crû de 900 000 cartes (59,5 millions au total), alors que le volume de cartes prépayées s'est encore effondré de 510 000 exemplaires (12,6 millions). Cette chute reprend son cours habituel, après un troisième trimestre 2015 où elle n'avait été « que » de 63 000 cartes. Au total, le taux de pénétration du mobile est de 109,2 %, soit près de 1,1 carte par personne.

La portabilité poussée par les promotions de fin d'année
Ce trimestre est surtout record pour le nombre de portabilités. Sur les trois derniers mois de 2015, 2 millions de demandes de changement d'opérateur ont été effectuées. C'est « le niveau le plus élevé depuis le premier trimestre 2012 (2,6 millions de portabilités) » à l'arrivée de Free Mobile, rappelle l'ARCEP.
Selon Les Échos, le mois de décembre a été particulièrement intense en termes de portabilité. Le journal économique affirme que plus de 1,1 million de changements ont été effectués sur le mois. Les très nombreuses promotions, dont certaines « à vie », qu'ont multiplié les opérateurs en fin d'année dernière sont l'une des raisons logiques de cet afflux de demandes.
Cette poussée de la portabilité a provoqué une montée du nombre « brut » de ventes de forfaits, qui exclut les résiliations, qui s'établissent à 3,9 millions... Soit 10 % de plus qu'un an auparavant. La tendance est aidée par le fait que 60,6 % des forfaits souscrits actuellement sont sans engagement, soit 2,6 points de plus sur le trimestre et 8,3 points de plus qu'un an avant. Le marché devient donc de plus en plus fluide.
En métropole, cette fluidité ne profite pas vraiment aux MVNO, qui étaient pourtant en progression au troisième trimestre. Cette fois-ci, les opérateurs classiques ont activé 480 000 lignes, alors que les MVNO en ont perdu 95 000. Dans l'Hexagone, les premiers comptent 62,1 millions de lignes, contre 7,4 millions pour les seconds. « La part de marché des MVNO, 10,6% sur le marché total et 11,5% sur le marché résidentiel, diminue ainsi de 0,2 point en un trimestre » ajoute l'ARCEP.
De nouvelles fréquences pour dynamiser l'outre-mer
En outre-mer, l'autorité inaugure le décompte des mobinautes par département, et non plus par zone géographique. « Dans les départements et collectivités d'outre-mer, le nombre de cartes SIM en service (cartes prépayées et post-payées) est stable à 2,7 millions au 31 décembre 2015 » résume-t-elle. Une situation qui dure depuis plusieurs trimestres et qui peut être interprétée comme un manque de concurrence sur ces marchés.
Ces réseaux pourraient être dynamisés par l'arrivée du très haut débit mobile avec de nouvelles fréquences, pour lesquelles le gouvernement a ouvert les candidatures cette semaine. Les enchères, opérées par l'ARCEP, prendront en compte les prix et le niveau de service, des points sur lesquels les Français d'outre-mer pâtissent par rapport à la métropole. Les premiers forfaits 4G pourraient bien arriver en fin d'année, nous a d'ailleurs confirmé le régulateur.
Le marché entreprise et les cartes MtoM progressent
De son côté, le marché entreprises continue son bonhomme de chemin. Le nombre de cartes SIM a encore progressé de 70 000 sur le trimestre, pour s'établir à 7,9 millions. Le parc est encore en progression de 3 % sur l'année, avec 234 000 cartes supplémentaires. Cette année, le régulateur avait commencé le décompte de ce marché, dans sa démarche de l'étudier plus précisément. Cette attention devrait encore se resserrer dans les prochains mois, avec le spectre d'un duopole entre Numericable-SFR et Orange, si la fusion entre ce dernier et Bouygues Telecom s'opère.
Enfin, le marché des cartes SIM dédiées aux communications entre objets connectés (MtoM) continue sa montée fulgurante. Après avoir passé la barre des 10 millions de cartes au troisième trimestre 2015, leur nombre est désormais de 10,5 millions. Sur un an, le marché a crû de 27,8 % et ne semble pas vouloir s'arrêter. Son importance dans la nouvelle stratégie de l'ARCEP, présentée fin janvier, s'explique donc d'autant plus facilement.
