La valse des résultats continue, et c'est au tour d'Alibaba de montrer ses muscles. Au quatrième trimestre, le géant chinois du commerce en ligne a annoncé avoir passé la barre des 400 millions d'utilisateurs sur une base annuelle, et des bénéfices record.
Bien aidé par ses records enregistrés lors du « jour des célibataires » en Chine, un équivalent du Black Friday occidental célébré le 11 novembre, Alibaba a réalisé un trimestre très solide sur le plan financier. On rappellera que sur ce seul jour, l'entreprise assure avoir enregistré 467 millions de commandes sur ses sites et 710 millions de transactions sur sa plateforme de paiement, pour un volume d'échange total de 14,3 milliards de dollars.
L'escalade
Sur le dernier trimestre, Alibaba a réalisé un chiffre d'affaires de 34,5 milliards de yuans, soit 4,83 milliards d'euros, une valeur en hausse de 32 % sur un an. Si ce chiffre peut sembler faible comparativement à celui d'Amazon, dont les revenus dépassent désormais 100 milliards de dollars par an, c'est seulement parce qu'Alibaba n'est qu'une simple place de marché et ne vend pas directement les marchandises. Son chiffre d'affaires ne correspond donc, pour la partie marchande de ses activités, qu'aux commissions qu'il récolte.
Cela lui permet d'afficher une marge bien plus importante que celle de son concurrent américain. Alibaba a ainsi enregistré 12,46 milliards de yuans de bénéfices net, soit 1,75 milliard d'euros. Une valeur en hausse de 108 % par rapport au quatrième trimestre 2014. Largement de quoi envoyer quelques chariots élévateurs à Jeff Bezos, en souvenir du bon vieux temps.
Le mobile prend de l'importance
Alibaba étant très centré sur le marché chinois (où il réalise plus de 86 % de son chiffre d'affaires), sa clientèle à un profil très différent de celui des échoppes occidentales. Ainsi, sur ses 407 millions de clients, 393 millions se connectent au moins une fois par mois à ses services via un terminal mobile.
Et les clients n'utilisent pas seulement leur smartphone pour consulter le catalogue de Tmall ou Taobao, ses deux principales places de marché en Chine, mais ils passent également leurs commandes ainsi. Au dernier trimestre, Alibaba a enregistré 18,75 milliards de yuans (2,63 milliards d'euros) de revenus via mobile, c'est trois fois plus que l'an passé. Mais surtout, 68 % des achats (en valeur) sont effectués grâce à un smartphone ou une tablette.
Le cloud démarre en trombe, l'international patine
Comme Amazon, Alibaba mise également beaucoup sur la fourniture d'infrastructures informatiques et ses services liés au cloud pour faire son beurre. C'est d'ailleurs pour l'entreprise le segment qui affiche la plus forte croissance (+126 % en un an), même s'il ne compte encore que pour 2 % de son chiffre d'affaires. L'entreprise assure tout de même que sa filiale AliCloud compte déjà plus de 20 000 clients. Un bon début.
En ce qui concerne l'international, les choses se compliquent un peu. Alibaba ne cache pas son envie de viser d'autres marchés que la seule Chine, mais ses efforts peinent encore à être récompensés. Si ses revenus tirés de ses activités commerciales dans l'empire du milieu ont cru de 35 %, à l'étranger la progression n'est que de 14 % sur le marché de détail et de 18 % sur le marché de gros.
Quoi qu'il en soit, Alibaba n'a pas encore de soucis à se faire. Les réserves de liquidités du géant chinois sont en effet très importantes. 16,6 milliards d'euros dorment dans ses caisses en ce moment, de quoi lancer une offensive quand le moment sera venu.
En bourse, les investisseurs n'ont toutefois pas apprécié ce manque de croissance hors Chine et ont sanctionné le groupe avec une baisse de 3.8 % de sa valeur boursière après l'annonce de ses résultats. Avec une valorisation de 168 milliards de dollars, Alibaba reste le plus gros joyau dans les coffres d'un Yahoo, qui paradoxalement cherche désespérément à s'en débarrasser sans que cela ne lui coûte trop cher.