C'est au tour de Microsoft de publier ses résultats financiers, dans une journée plus que chargée de ce côté-là. La firme de Redmond accuse un recul significatif de ses revenus et de son bénéfice, la faute à sa branche « More Personal Computing » et à un dollar qui ne lui est pas favorable.
Les annonces de résultats trimestriels s'enchaînent et après Amazon et Electronic Arts aujourd'hui, c'est au tour de Microsoft de montrer patte blanche, ou presque. Comme à son habitude l'entreprise de Satya Nadella n'est en effet pas très bavarde sur certains points délicats de son bilan.
Maudit dollar
Microsoft annonce avoir réalisé un chiffre d'affaires de 23,8 milliards de dollars au dernier trimestre, ce qui représente une baisse de 10 % par rapport au score enregistré un an plus tôt à la même période. Pour justifier cette baisse, l'éditeur met en avant les fluctuations du dollar sur les marchés monétaires. Microsoft estime en effet qu'à taux de change constants, son chiffre d'affaires aurait plutôt augmenté de 3 %. Une maigre consolation.
Fatalement, les bénéfices nets de la firme de Redmond suivent la même courbe. De 5,863 milliards de dollars l'an dernier, ils passent à 4,998 milliards de dollars sur le dernier trimestre, soit un recul de 14,8 % en un an. La situation reste quoi qu'il en soit extrêmement confortable pour Microsoft, surtout quand on tient compte de ses réserves de liquidités, qui atteignent désormais 127,8 milliards de dollars. Pour vous donner un ordre de grandeur, cela correspond à 32 ans de chiffre d'affaires pour une entreprise comme AMD.
La tête dans les nuages
La seule division de Microsoft à tirer son épingle du jeu, malgré les fluctuations du dollar, est sa branche « Intelligent Cloud ». Ses revenus ont augmenté de 5 % sur un an (et de 11 % à taux de change constants). Les services aux entreprises ont en effet vu leurs revenus augmenter de 16 % (à taux de change constants), mais c'est surtout Azure qui permet à ce secteur de se distinguer.
Les revenus que tire Microsoft de son infrastructure Azure ont en effet augmenté de 140 % à taux de change constant en l'espace d'un an, pendant que les services premium voient leurs ventes tripler. La puissance de calcul utilisée sur le service a quant à elle « presque doublé », pendant que l'utilisation de solutions pour bases SQL a été multipliée par plus de cinq.
Cela permet à la branche Intelligent cloud de voir son chiffre d'affaires atteindre 6,34 milliards de dollars, pour un bénéfice opérationnel de 2,58 milliards de dollars, en léger recul (-1 %) par rapport à l'an passé, mais en hausse sur trois mois.
Windows et la Xbox aimeraient refaire Surface
Du côté de la branche « More Personal Computing » (MPC), le bon côtoie le moins bon. La première bonne nouvelle, c'est que les ventes de produits Surface (Tablettes, ordinateurs...) ont enfin connu un rebond significatif, grâce au lancement de nouveaux modèles. Leur chiffre d'affaires s'élève ainsi à 1,35 milliard de dollars, soit le double du chiffre enregistré au trimestre précédent, et une hausse de 22,5 % sur un an, et ce malgré les taux de change défavorables.
L'autre point positif concerne les revenus issus de la recherche (Bing) qui continuent de progresser, au fur et à mesure de l'arrivée de Windows 10 sur les PC du monde entier. On rappellera en effet que l'assistant Cortana fait appel à ce service pour faire des recherches sur le web, ce qui a sans doute aidé à la progression des revenus de cette branche : +17 % sur un an. Tout juste de quoi limiter à 5 % le recul du chiffre d'affaires de l'ensemble de la branche MPC, passé à 12,66 milliards de dollars, mais avec un bénéfice opérationnel en hausse de 35 %, à 2,04 milliards de dollars.
Par contre cela se gâte un peu pour Windows. Pour le cinquième trimestre consécutif, les ventes de licences OEM professionnelles et non professionnelles sont en recul, de respectivement 6 % et 3 %. Les ventes de téléphones sont quant à elles complètement aux fraises, avec un recul de 49 % sur un an, ce malgré le lancement en novembre des Lumia 550 et 950. Microsoft a vendu 4,5 millions de smartphones au dernier trimestre, sur un marché où selon IDC, il s'est écoulé 399,5 millions de terminaux. La part de marché mondiale de Microsoft serait donc de 1,1 % seulement.
Côté jeu vidéo, Microsoft met l'accent sur l'augmentation, probablement saisonnière, du nombre d'utilisateurs actifs sur le Xbox Live. Il serait ainsi passé de 37 millions à 48 millions en l'espace d'un an. Par contre, les revenus issus des ventes de consoles sont sur le déclin, dans des proportions qui n'ont pas été précisées par la firme de Redmond.
Officiellement, c'est à cause de « volumes de vente inférieurs pour les consoles Xbox 360 ». Officieusement, on rappellera qu'Electronic Arts estimait indirectement cette nuit que le parc de Xbox One installé n'était que de 19 millions d'unités. Cela reste quoi qu'il en soit mieux que le score réalisé par la Xbox 360 après 2 ans de carrière, mais à des années-lumière des 36 millions de PlayStation 4 vendues. Il ne reste plus qu'à souhaiter à Microsoft que ses prochaines annonces autour de One Core en février permettront de combler l'écart, la multiplication des promotions n'étant visiblement pas une solution suffisante.
Office 365 reste « bankable »
Enfin du côté de la branche Productivity and Business, qui regroupe les activités liées à Office et à Microsoft Dynamics, les revenus ont globalement reculé de 2 % à 6,69 milliards de dollars, pour un bénéfice opérationnel en baisse de 8 % à 3,31 milliards de dollars.
Microsoft peut se féliciter des performances réalisées par Office 365, qui compte désormais 20,6 millions de particuliers abonnés à ses offres, contre 18,2 millions il y a trois mois et 9,2 millions il y a tout juste un an. Selon l'entreprise, cela permet « de surcompenser l'impact sur les ventes de licences Office aux particuliers ». Ces dernières sont tout de même en baisse de 14 % sur un an.
En bourse, Microsoft fait mieux que tenir le coup malgré ses résultats en demi-teinte, puisque son action progressait de 4,5 % peu avant l'ouverture de Wall Street aujourd'hui. Cela valorise le géant de Redmond à plus de 415 milliards de dollars, à quelques longueurs seulement des 520 milliards d'Apple et des 510 milliards d'Alphabet.