2015 aura été un meilleur cru que 2014 pour Amazon, mais cela ne semble pas suffire aux investisseurs. Le géant du commerce en ligne a doublé son bénéfice net sur l'année, mais les marchés boursiers le sanctionnent avec une baisse de 10 % du cours de son action.
Le Black Friday et les fêtes de fin d'année ont visiblement bien profité à Amazon. L'e-commerçant annonce un chiffre d'affaires en hausse de 22 % sur un an, à 35,7 milliards d'euros. Un record absolu à son échelle, qui s'accompagne également de copieux bénéfices sur le trimestre : 482 millions de dollars, contre seulement 214 millions de dollars un an plus tôt à la même époque.
Plus de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel
Amazon a également battu d'autres records. Sur l'ensemble de l'année, le géant américain a réalisé un chiffre d'affaires de 107 milliards de dollars, contre 89 milliards de dollars en 2014. Une progression qui aurait pu être encore plus importante, sans l'effet néfaste des taux de change, qui représente un manque à gagner de 5,2 milliards de dollars sur l'année, et de 1,2 milliard rien qu'au dernier trimestre.
Malgré ce climat peu favorable, Amazon a également fait exploser ses bénéfices sur l'ensemble de l'année. De 241 millions de dollars en 2014, ils sont passés à 596 millions de dollars en 2015. Jeff Bezos, le PDG de l'entreprise ironise : « Vingt ans plus tôt, j'amenais les paquets au bureau de poste moi-même et j'espérais un jour pouvoir m'offrir un chariot élévateur ».
Qu'il se rassure, avec de tels bénéfices, il va pouvoir en commander quelques-uns et n'aura probablement pas besoin de les conduire lui-même, Amazon ayant fortement étoffé ses effectifs l'an dernier. Entre début 2015 et aujourd'hui, Amazon a embauché 76 700 personnes dans le monde, à temps plein ou partiel, portant son nombre d'employés à 230 800.
Des coûts postaux et des « Web Services » en croissance continue
Malgré ces bons résultats, il y a une épine qu'Amazon ne parvient pas à se retirer du pied : les coûts d'expédition. Chaque trimestre, ils représentent des dépenses toujours plus importantes que ce que les revenus qu'Amazon peuvent en tirer en les facturant unitairement ou via son abonnement Premium. Sur les trois derniers mois ils étaient ainsi de 4,17 milliards de dollars, dont 1,84 milliard resté à la charge du commerçant. Cela représente une hausse de 37 % sur un an, et 5,5 % du montant total des ventes réalisées par Amazon au dernier trimestre.
Par contre, la firme de Jeff Bezos peut compter sur ses « Web Services » (AWS) pour assurer une partie non négligeable de ses bénéfices, grâce à de confortables marges. Sur l'ensemble de l'année, AWS a généré 7,88 milliards de dollars de chiffres d'affaires, et un bénéfice opérationnel de 1,86 milliard de dollars.
Il y a là largement de quoi compenser les pertes chroniques de l'entreprise sur les marchés en dehors de l'Amérique du Nord. Cette année encore, le bilan d'Amazon à l'international est négatif, avec 91 millions de dollars de pertes opérationnelles sur un chiffre d'affaires de 35,4 milliards de dollars. Sur son marché intérieur, la société a réalisé un chiffre d'affaires de 63,7 milliard de dollars pour un bénéfice opérationnel de 2,75 milliards.
En bourse, Amazon joue aux montagnes russes. Après une hausse en séance de 8,9 % anticipant les résultats de la société, dans les heures qui ont suivi l'annonce des chiffres du dernier trimestre, l'action du géant américain a fondu de 10,5 %. Il reste néanmoins toujours valorisé à plus de 245 milliards de dollars.