Aux États-Unis, une class action tente depuis 2007 de faire reconnaître à Microsoft que le lecteur de DVD de la Xbox 360 souffre d'un défaut de conception. L'affaire vient de connaître un nouveau rebondissement retardant son issue d'au moins quelques années de plus.
En 2007, un groupe de consommateurs américains a saisi les tribunaux en arguant que la Xbox 360 de Microsoft souffrait d'un important défaut de conception, au niveau de son lecteur optique. Selon les plaignants, le lecteur aurait été conçu de telle sorte que lorsque la console subit un mouvement, même léger, le disque ne serait pas suffisamment maintenu et la lentille causerait alors d'importants dégâts, en rayant le DVD. Ce à quoi l'entreprise répond que ce type de dégât ne peut être la cause que d'une « utilisation inappropriée » de la console.
Une cause et des solutions connues, mais Microsoft refusait de régler le problème
La cause de ce défaut est pourtant connue, et due à plusieurs facteurs. La Xbox 360 est prévue pour fonctionner en posture horizontale ou verticale. Dans ce type de cas, les fabricants de console ont tendance à sélectionner des lecteurs dits « slot-in » plutôt que des lecteurs à tiroir, afin de pouvoir assurer une meilleure stabilité du disque dans l'appareil. Sony et Nintendo ont ainsi opté pour cette méthode pour leurs PlayStation 3 et Wii.
La Xbox 360 avait également la particularité d'avoir un lecteur plus rapide que ceux des machines concurrentes. Son lecteur DVD 12x impliquait une vitesse de rotation maximale de 7500 tpm pour les disques, contre respectivement 3 500 et 4 000 tpm pour la Wii et la PS3. Cette valeur entraînait des effets gyroscopiques accrus, que Microsoft aurait dû chercher à contrecarrer pour maintenir le disque dans la bonne position. À titre de comparaison, la PlayStation 2 qui disposait d'un lecteur DVD à tiroir utilisable en position verticale, qui limitait la vitesse de rotation des DVD à 3 000 tours par minute.

Selon un compte rendu d'audience publié en 2009, Microsoft était parfaitement au courant de ce problème et a envisagé trois solutions. La première consistait à augmenter la force appliquée par les aimants du compartiment à disque. Une option rejetée car « elle aurait interféré avec le mécanisme d'ouverture du tiroir ». Les plaignants avaient par ailleurs noté que les aimants installés à cet effet dans la PS3 appliquaient une force deux fois plus importante, malgré l'utilisation d'un lecteur « slot-in ».
Une autre option, facile à mettre en œuvre, consistait à simplement ralentir la vitesse de rotation des disques dans le lecteur. L'idée est cette fois-ci rejetée car « cela augmenterait les temps de chargement et nuirait donc à l'expérience de jeu ».
Dernière éventualité : installer des caoutchoucs de protection afin d'éviter les rayures en cas d'accident. Là encore, Microsoft refuse, citant le coût élevé de cette solution (0,50 dollar par console, soit un total de 40 millions de dollars sur 80 millions de consoles) et des soucis pour assurer une fixation durable de ces patins.
55 000 à 300 000 cas, pas assez selon un juge fédéral
Le problème n'est pas anodin, puisque Microsoft reconnaissait avoir reçu, à la date du 30 avril 2008, approximativement 55 000 réclamations à ce sujet, provenant de ses clients. Une paille par rapport aux 80 millions de Xbox 360 actuellement en circulation, mais un chiffre qui ne reste pas négligeable.
Toutefois, un juge fédéral affirmait en 2012 que le nombre de cas, alors estimé à 0,4 % des consoles en circulation (soit un peu moins de 320 000 consoles) n'était pas suffisant pour justifier une action collective en justice. Une décision ensuite rapidement contredite en appel, avant d'être portée devant la Cour suprême.
L'affaire suit son cours depuis, et Microsoft vient de retarder à nouveau la tenue du procès en faisant valoir que la plainte en cours ayant déjà été retoquée par le passé, elle n'est pas valable. La Cour suprême a décidé d'entendre cet appel et de laisser le temps à Microsoft de préparer ses arguments. Au rythme où vont les choses, la Xbox One aura déjà peut-être une remplaçante au moment de la clôture de cette affaire.