La société Jide propose depuis hier soir la première version alpha de son système d’exploitation RemixOS. Il s’agit d’une version fortement remaniée d’Android 5.X pour correspondre à un usage PC. Les développeurs, anciens de chez Google, ont cependant encore beaucoup de travail devant eux.
La rumeur est insistante : Google travaillerait au rapprochement d’Android et ChromeOS pour proposer un seul environnement qui correspondrait alors aux PC, tablettes et smartphones. Si cette philosophie semble familière, c’est parce que Microsoft l’applique déjà avec Windows 10, et que Canonical a exactement le même objectif avec Ubuntu. Apple, de son côté, se focalise toujours sur deux environnements très différents, mais spécialisés.
RemixOS : une première version alpha basée sur Android 5.1
Mais en attendant que Google dégaine dans ce domaine, les développeurs de chez Jide ont préféré travailler sur une adaptation d’Android pour les PC. Elle est basée sur la version 5.1 du système et son interface a été pensée pour correspondre à une utilisation de type clavier/souris. On retrouve une barre des tâches, comme dans ChromeOS, et les applications apparaissent sous forme de fenêtre pour faciliter le multitâche.
RemixOS, c’est son nom, est bâti sur les fondations du projet Android-x86, dont le logo s'affiche un court instant durant le démarrage. Il peut en théorie fonctionner sur n’importe quel PC à partir du moment où un processeur 64 bits est présent. Il est peu exigeant en puissance et son installation passe par une clé USB 3.0 proposant au minimum 8 Go d’espace libre.
Le téléchargement se fait depuis le site officiel et un utilitaire permet de préparer la clé USB après son formatage en FAT32. Attention d’ailleurs, car cet utilitaire est fait pour Windows. Rappelons qu’il s’agit d’une version alpha et qu’il existe donc une marge très importante de progression. D’ailleurs, l’une des grosses évolutions prévues est le passage à Marshmallow (Android 6.0) en mars.
Signalons également que Jide a mis en place un groupe de discussions pour échanger les retours des testeurs. Enfin, on peut acheter le Remix Mini OS 2.0 pour 65 euros sur Amazon. Il s’agit d’un mini PC contenant une version spécifiquement conçue du système pour ce matériel. Lui aussi recevra une mise à jour vers Marshmallow en mars.
Tout respire le système pour PC... ou presque
L’ensemble est clairement conçu pour rappeler le système de Microsoft. C’est ainsi qu’en plus de la barre des tâches et d’un menu « Démarrer », on retrouve une zone de notification en bas à droite (qui ouvre un panneau latéral droit, comme dans Windows 10), des icônes sur le bureau et tous les contrôles que l’on peut attendre d’une fenêtre, à savoir sa maximisation, sa minimisation dans la barre des tâches et sa fermeture.
Les fenêtres sont évidemment librement déplaçables. En bas de l’écran, en plus des applications ouvertes, on trouvera le cercle classique disponible sur les appareils mobiles Android (le bouton d’Accueil), qui permettra ici de rabattre toutes les fenêtres pour montrer le bureau.
La boutique Google Play n'est pas disponible, mais les développeurs ont fait en sorte qu’un utilisateur de RemixOS puisse accéder, en théorie, à toutes les applications, dès lors qu'il peut récupérer les fichiers APK correspondants. Cependant, certaines garderont bien sûr un comportement spécifique à un smartphone ou une tablette. Chrome, par exemple, zoome sur la version minimale d’un site web pour qu’il remplisse tout l’écran.
Il ne tient pas compte de la surface disponible pour augmenter le nombre d’éléments visibles. Par contre, les applications conçues pour s’afficher en format smartphone présentent bien cet affichage, évitant un écueil régulier sur les tablettes : l’étirement de toute l’interface pour remplir l’écran.
Un gestionnaire de fichiers et un gestionnaire mémoire remanié
Parmi les travaux spécifiques entrepris par Jide, on notera en particulier deux points. RemixOS est fourni avec un vrai gestionnaire de fichiers présentant toutes les caractéristiques habituelles. On peut donc sélectionner plusieurs fichiers à la fois, un menu contextuel est présent, des informations utiles sont fournies (comme le poids) et on peut effectuer toutes les opérations courantes de copies et déplacements.
L’autre point est un gestionnaire de mémoire modifié pour lui faire abandonner un comportement normalement adopté sur les appareils mobiles : fermer les applications en fond quand l’appareil manque de mémoire. Un processus qui n’a pas de raison d’être sur un PC, car ce n’est clairement pas le comportement attendu par l’utilisateur : les applications restent ouvertes et leurs fenêtres se superposent, comme sous Windows, OS X ou n’importe quelle distribution Linux.
Dans l’état actuel, RemixOS semble effectivement bien parti pour une adaptation raisonnablement réussie d’Android pour PC. De nombreux aspects ont été bien pensés, il se lance très rapidement et se montre réactif. La possibilité d’accéder aux applications est un très bon point, surtout quand on sait que l’on peut par exemple installer la suite Office de Microsoft et à peu près tous les outils de communication. D’un point de vue bureautique mobile, la solution se tient, en théorie.
Des points à clairement améliorer
Car une bonne prise en charge du couple clavier/souris, une interface épurée et un gestionnaire de fichiers ne peuvent pas passer outre certaines limitations. Premièrement, et comme beaucoup risquent de s’en apercevoir, le système ne se lance pas sur toutes les machines. Dans notre cas, la clé n’a jamais voulu démarrer le système sur un PC très classique, pas plus que dans une machine virtuelle. Par contre, elle a fonctionné sans anicroche sur un MacBook Air de 2012, le Wi-Fi et le touchpad étant reconnus.
Réussir à intégrer la boutique Google Play serait également un bon point. L’utilisateur n’aurait pas besoin d’aller récupérer lui-même les fichiers APK pour installer les applications. Le fonctionnement de ces dernières ne semble pas poser de problèmes particuliers, mais celles qui exigent un numéro de téléphone, comme WhatsApp, réclameront peut-être des manipulations spécifiques.
On remarque par ailleurs qu’on est bien sous Android : redimensionner une fenêtre oblige le système à redessiner toute l’interface, et le clic droit est inexistant. Il ne s’agit pas d’une limite de RemixOS, mais d’un comportement inhérent au SDK d’Android, pensé pour des smartphones dont l’écran, par définition, ne change pas de taille.
Il faudra en tout cas que les développeurs travaillent sur le support du matériel, ne serait-ce que pour que le système puisse se lancer plus facilement sur n’importe quel PC ou Mac. Sur le MacBook Air d’ailleurs, certains éléments étaient par ailleurs supportés, comme le Bluetooth, mais pas tous.
Le geste de défilement vertical à deux doigts par exemple est curieusement pris en charge dans le panneau des réglages, mais pas dans les pages web, ce qui rend la navigation difficile. Plus important : la jauge de batterie. Elle n’était pas présente sur notre configuration, ce qui peut représenter un vrai problème.