Alors que les entreprises de VTC se livrent une guerre sans merci lors du CES qui se tient actuellement à Las Vegas, l'un des principaux acteurs du secteur, Lyft, vient de lever un demi-milliard de dollars auprès de General Motors.
Si la bataille qui se joue à Las Vegas en ce moment du côté des deux géants des VTC que sont Uber et Lyft a retenu notre attention hier, une autre bataille bien plus importante se joue en coulisses. Qu'il s'agisse du leader du secteur ou bien de son principal rival, les deux entreprises ont besoin d'énormément de fonds pour assurer leur croissance, s'installer dans de nouveaux marchés ou tenter de créer une « rupture » en proposant des services plus innovants que ceux de la concurrence.
General Motors contre Tata
Les géants du VTC tentent tout particulièrement de séduire ceux de l'automobile, les synergies possibles entre eux étant assez évidentes. On se souviendra ainsi qu'Uber avait décroché en août dernier un chèque de 100 millions de dollars auprès de Tata, un conglomérat industriel indien, notamment connu pour ses activités dans l'automobile. Le groupe indien expliquait alors que ces fonds pourraient être destinés à aider les futurs chauffeurs d'Uber dans le pays à acheter de nouveaux véhicules pour leurs activités. Idéalement, des voitures de chez Tata Motors.
De son côté, Lyft annonçait en novembre dernier vouloir lever 500 millions de dollars auprès de plusieurs investisseurs, dans une opération qui la valoriserait à hauteur de 4 milliards de dollars. La société déclarait alors qu'elle s'attendait à générer des revenus bruts à hauteur d'un milliard de dollars, sans préciser quelle serait sa rentabilité. Un point sensible étant donné que son concurrent Uber brûle son cash à une vitesse vertigineuse. Si bien qu'il a lancé cinq levées de fonds à un milliard de dollars entre décembre 2014 et septembre 2015.
Lyft vient justement de boucler son tour de table et finalement, l'entreprise a pu également lever un milliard de dollars, dans une transaction qui la valorise à hauteur de 5,5 milliards de dollars, ce qui est bien mieux que prévu. Sa valorisation a même doublé depuis sa dernière levée en mai dernier. Parmi les investisseurs impliqués, on retrouve entre autres Rakuten et le fonds souverain saoudien, déjà présents au capital de Lyft, mais aussi General Motors, qui à lui seul, est venu apporter 500 millions de dollars.
GM rêve d'une flotte de VTC... sans chauffeur
Si General Motors investit autant dans Lyft, c'est d'abord pour que le groupe détenteur des marques Chevrolet, Cadillac ou Opel devienne le « fournisseur préféré » des chauffeurs de la start-up, dans le cadre de locations de courte durée dans plusieurs villes américaines. À l'instar de Tata, GM a donc vu dans l'entreprise de VTC un bon débouché pour sa production, une aubaine dans un marché automobile américain qui vient tout juste de retrouver ses niveaux d'avant la crise financière de 2008.
Mais surtout, GM compte profiter des travaux de Lyft afin de créer un « réseau de véhicules autonomes à la demande ». Le géant de l'automobile planche en effet depuis de nombreuses années sur ce type de technologies et espère pouvoir les coupler avec les services de Lyft. Cela pour mettre en place un réseau de voitures sans chauffeur, que les clients réserveraient en deux clics sur une application mobile.
Il ne s'agit pas que de science-fiction, puisque General Motors a annoncé en octobre dernier qu'une petite flotte de véhicules électriques autonomes sera déployée dès l'an prochain dans son campus du Michigan, à destination de ses employés. Une expérimentation grandeur nature avant de faire le grand saut dans la rue, à condition que les autorités américaines donnent leur feu vert à une telle initiative.