Mozilla vient de publier une nouvelle version de son navigateur Firefox pour iOS. Parallèlement, l’éditeur se prépare à intégrer dans son produit une certaine couche de compatibilité Webkit. Une décision qui aura certainement des conséquences sur la manière dont certains développements web sont envisagés.
Firefox 1.3 pour iOS est disponible depuis quelques heures sur l’App Store. Comme la première mise à jour est parue le 16 novembre, elle commence par proposer une série de corrections pour améliorer la stabilité générale de l’ensemble. Le navigateur n’est en effet arrivé que le 12 novembre et est donc encore jeune. Cette mise à jour apporte également quelques nouveautés plus substantielles, notamment la possibilité de demander facilement la version « desktop » d’un site mobile, autrement dit l’affichage classique que l’on aurait sur un PC ou un Mac.
Firefox 1.3 pour iOS prend en compte les gestionnaires tiers de mot de passe
Bonne nouvelle également pour ceux qui utilisent un gestionnaire de mots de passe sur leur iPhone ou iPad, à la manière de Dashlane, LastPass ou 1Password. Firefox 1.3 ajoute en effet une compatibilité avec ces produits, ce qui permettra aux utilisateurs d’importer leurs mots de passe dans les sites visités avec le navigateur mobile. Ça n’a peut-être l’air de rien, mais ceux qui ont voulu essayer Firefox pour iOS et n’ont pas retrouvé leurs mots de passe ont potentiellement fait demi-tour.
Comme d’habitude, cette version mobile pour le système mobile d’Apple peut se récupérer directement depuis l’App Store. Pour rappel, Firefox est obligé – comme tous les autres navigateurs tiers sur iOS d’ailleurs – d’utiliser Webkit, le moteur de rendu de Safari, pour afficher les pages web. Il ne s’agit donc pas de Gecko.
Webkit, ce moteur omniprésent sur le web mobile
Puisque l’on parle de Webkit, Mozilla a pris une décision qui pourrait avoir des conséquences plus ou moins importantes pour le développement web. L’éditeur est parti d’un constat : ce moteur de rendu dispose d’une présence écrasante sur le parc mobile. Il est bien sûr présent dans Safari sur iOS (et dans sa mouture OS X), mais il a également été longtemps celui de Chrome, jusqu’à ce que Google en crée un fork pour son moteur Blink, repris ensuite par Opera.
Cette présence écrasante fait qu’un certain nombre de développeurs web construisent des sites avec ce que l’on appelle des préfixes : des caractères qui servent à appeler une fonction ou une balise spécifique à Webkit, soit parce que les autres moteurs ne les proposent pas, soit parce que Webkit implémente une technologie d’une manière particulière. Ces préfixes pullulent sur les versions mobiles et ne peuvent être interprétés que par un navigateur Webkit.
Pour les autres, il y a deux solutions : soit il existe un fallback, soit il n’y en a pas. Un fallback est simplement une solution de rechange, dans laquelle le développeur indique au navigateur quoi faire s’il ne sait pas interpréter ces fameuses balises. Quand il est présent, Firefox reçoit par exemple une instruction claire sur la manière de procéder. Mais quand il n’est pas prévu, le navigateur fait au mieux, mais l’internaute a des chances de se retrouver face à une erreur d’affichage… qu’il imputera probablement à son logiciel.
Les principales propriétés CSS de Webkit seront prises en charge
Mozilla est conscient de ce problème. L’éditeur avait intégré mi-2015 une liste blanche de sites dont les préfixes Webkit étaient volontairement pris en charge. La grande majorité de ces sites étaient asiatiques, montrant au passage que les développeurs concernés ne respectaient les standards du W3C et préféraient s’appuyer sur les parts de marché. Six mois plus tard, décision a finalement été prise d’aller plus loin.
Depuis quelques jours dans les versions Nightly (compilées chaque nuit), une fonctionnalité spécifique peut être activée dans le « about:config » de Firefox en cherchant simplement le mot « webkit ». Une fois la valeur fixée à « true », tout site visité contenant les propriétés CSS et fonctionnalités les plus importantes de Webkit seront interprétées par Firefox, pour s’assurer que l’affichage de la page web n’est pas brisé.
Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Ce changement, dont les tests ne font que commencer, sont prévus pour être répercutés dans la version stable 46 ou 47, en fonction des retours. Mais c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. D’un côté, les utilisateurs apprécieront certainement d’avoir des sites web parfaitement alignés et dont les différentes zones fonctionnent sans anicroche. De l’autre, certains reprocheront à Mozilla de rendre les armes et de légitimer en quelque sorte le travail des développeurs qui ne veulent pas voir plus loin que Webkit.
Évidemment, les utilisateurs de Firefox pourront tirer les bénéfices de cette décision, surtout sur la version mobile (Android) du navigateur. Sur iOS, la question ne se posera pas puisque Firefox y est obligé d’utiliser directement Webkit. Dans tous les cas, les développeurs intéressés par cette nouvelle compatibilité peuvent récupérer Firefox Nightly depuis la page consacrée à ces versions spéciales. Pour les autres, rappelons que ces moutures ne passent par aucun contrôle qualité et sont donc potentiellement très instables. Mieux vaut attendre que le canal Aurora soit mis à jour, voire le canal Bêta.