Free Basics : Facebook défend son Internet gratuit et limité en Inde

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Free Basics : Facebook défend son Internet gratuit et limité en Inde

Facebook multiplie tribunes et publicités pour défendre Free Basics, sa sélection de services mobiles gratuits, accusée de violer la neutralité du Net. Le groupe demande même à ses utilisateurs un soutien public, alors que le régulateur indien des télécoms l'a suspendue et que la pression publique monte contre l'initiative.

Les Free Basics de Facebook respectent-ils la neutralité du Net ? L'Agence indienne de régulation des télécoms (TRAI) n'en est pas vraiment sûre et a décidé de suspendre le service en Inde, en attendant d'avoir la réponse. Surtout, Reliance Communications, l'opérateur qui fournit son réseau à Facebook n'aurait pas été en mesure de fournir les conditions d'utilisation, selon le New York Times et Times of India. La nouvelle a été révélée la semaine dernière et le groupe américain multiplie les actions pour rallier l'opinion publique à sa cause. 

Pour rappel, les Free Basics (anciennement Internet.org) sont une sélection de services mobiles sélectionnés et rendus disponibles gratuitement par Facebook. N'importe qui peut proposer un service, qui est validé par Facebook et passe par ses infrastructures. C'est la figure de proue de l'entreprise américaine dans sa volonté de « connecter le monde », un objectif décrit comme altruiste, mais qui pose toujours question. L'initiative couvre plus de trente pays, clame Facebook, et l'Inde semble de loin le pays où la contestation est la plus visible.

Tribunes et publicités pour conquérir les journaux

Les critiques de Free Basics, qui ont émergé dès l'arrivée du service en Inde en février, sont avant tout opposés au zero-rating, soit la livraison gratuite d'un ou plusieurs services Internet par un opérateur, alors qu'un accès complet au Net reste payant. Ce serait une violation de la neutralité du Net, estiment-ils. Le débat a d'ailleurs eu lieu lors du vote de l'« Internet ouvert » en Europe, la question du zero-rating restant à trancher par les régulateurs. Ces opposants se sont groupés via l'initiative SaveTheInternet.in, à laquelle des médias indiens ont largement ouvert leurs colonnes.

Times of India est l'un des médias qui a le plus couvert l'affaire et fait le plus l'objet des attentions du groupe californien. Dans une tribune publiée aujourd'hui, Mark Zuckerberg affirme que « Free Basics défend la neutralité du Net ». « Plus de 35 opérateurs ont lancé Free Basics et 15 millions de personnes se sont connectées. La moitié des utilisateurs de Free Basics qui ont découvert Internet par ce biais paient pour accéder à l'Internet complet sous 30 jours » détaille-t-il. L'initiative ne limiterait donc pas l'accès, mais encouragerait simplement à payer une connexion, estime le patron de Facebook.

« Il ne s'agit pas des intérêts commerciaux de Facebook ; il n'y a même pas de publicité sur Free Basics. Si les gens perdent leur accès à ces services, ils perdront simplement l'accès à toutes les opportunités offertes par Internet aujourd'hui » insiste Zuckerberg en s'adressant aux critiques. Même s'il prétend défendre la neutralité du Net, l'entrepreneur y préfère pourtant l'expression « égalité numérique » (digital equality).

L'entreprise américaine a aussi affiché des doubles pages publicitaires dans plusieurs journaux indiens. Elles répondent point par point aux critiques contre l'initiative et mettent en avant Ganesh, un agriculteur devenu l'emblème de Free Basics, cité à la moindre occasion par Zuckerberg et son entreprise. Pour jouer sur tous les tableaux, Chris Daniels, vice-président d'Internet.org, a lancé une séance de questions-réponses (AMA) samedi sur le subreddit India, où il répète la défense élaborée par le groupe.

Une consultation publique sous forte pression

Le militantisme de Facebook s'explique en partie par la consultation publique lancée par le régulateur des télécoms en début de mois. Cette consultation, sur « des prix différenciés pour les services de données », est au centre de la bataille entre les défenseurs autoproclamés de la neutralité et Facebook. Les deux camps ont jusqu'au 30 décembre pour faire valoir leurs points de vue, et les campagnes sont importantes.

Comme aux États-Unis et en Europe ces dernières années, les internautes se sont groupés sous le nom SaveTheInternet, qui en est à sa troisième campagne dans le pays. Sur sa page d'accueil, le collectif propose un (long) modèle d'email prêt à envoyer à l'agence de régulation, dénonçant notamment la mainmise de Facebook sur Free Basics. Cette fois encore, des personnalités de l'Internet indien se sont mobilisées pour appeler à envoyer en masse ces emails au régulateur.

De façon surprenante, Microsoft a également affiché son scepticisme. « Je ne pense pas que ce que fait Facebook ait un rapport avec la neutralité du Net. Il s'agit d'aider des gens à aller sur Internet, et c'est ce qu'ils devraient dire » défend d'abord Bhaskar Pramanik, le président de Microsoft Inde, dans un entretien à Economic Times. « Mais de le brouiller et de dire que cela respecte la neutralité du Net n'a aucun sens » assène-t-il. Pour lui, le problème est bien qu'au final, quelqu'un paie pour le service, que ce soit l'utilisateur ou non.

Facebook incite ses utilisateurs à défendre Free Basics

Face à ce discours, Facebook ne compte pas que sur les médias pour se défendre. Selon de nombreux magazines et tweets, le réseau social exploite directement sa base d'utilisateurs pour se créer des soutiens. Il envoie ainsi une notification à ses membres les invitant à défendre Free Basics, en envoyant un email au régulateur dans le cadre de sa consultation. En l'envoyant, chaque utilisateur peut d'ailleurs prévenir ses amis qu'il a défendu Free Basics, au cas où.

L'initiative a été vertement critiquée par Times of India à la mi-décembre, qui estime que Facebook ne donne pas toutes les informations nécessaires pour saisir le problème et joue sur l'habitude de soutenir des causes diverses sur son réseau social. « Ce que les utilisateurs de Facebook devraient savoir, c'est qu'en envoyant cet email à la TRAI, ils sont contre la neutralité du Net et supportent Internet.org et Free Basics » attaque le journal.

La semaine dernière, le groupe américain a obtenu un droit de réponse, où il affirme complètement informer ses utilisateurs et respecter la neutralité du Net. « C'est sans conteste la ligne la plus biaisée que nous n'ayons jamais lu dans un journal » assène même l'entreprise, quand Times of India affirme que « Free Basics/Internet.org est contre la liberté ».

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