Facebook a décidé de se débarrasser de la technologie Flash sur son site principal. Une bascule qui fait suite, même longtemps après, au choix déjà fait sur les environnements mobiles. Pour autant, la société explique les problématiques étaient différentes et que de nombreux éléments étaient à prendre en compte.
Flash est en tant que tel une technologie qui disparait petit à petit. Une annonce importante a d’ailleurs eu lieu il y a quelques semaines, avec la présentation par Adobe d’Animate CC, qui vient remplacer complètement Flash Professionnal. Un virage qui n’est pas étonnant et qui se concentre finalement ce qui fait actuellement la force des outils de l’éditeur : une chaine complète d’authoring, permettant d’éditer les projets dans un logiciel ou un autre, en fonction des besoins. Et puisque Flash Professionnel permettait de concevoir aisément des animations, autant faire de cette activité le cœur du produit, le Flash n’étant plus qu’un format d’exportation parmi d’autres.
Pour autant, cela ne signifie pas que le Flash disparaîtra d’un seul coup, loin de là. En fait, la transition vers la balise vidéo HTML5 a déjà commencé il y a plusieurs années, mais cette migration prend du temps. Pendant un moment, les plateformes devant gérer des droits numériques ne pouvaient pas y passer, faute d’outils adaptés. Mais actuellement, même des services disposant d’une montagne de contenus, comme YouTube, peuvent utiliser des lecteurs vidéo HTML5.
Un développement plus rapide et plus pratique, mais...
Dans le cas de Facebook, le contexte est un peu différent. Dans un message publié vendredi soir, le responsable Daniel Baulig a expliqué que la bascule était désormais faite pour le site principal, à savoir sur le flux d’actualités et sur les Pages. Normalement, et quel que soit le navigateur, les vidéos s’afficheront avec un lecteur HTML5, le plugin Flash n’étant alors plus nécessaire (ce qui ne fera aucune différence pour Chrome, Internet Explorer 10/11 et Edge, qui l’intègrent de toute manière).
Baulig vante les mérites de cette transition, le lecteur HTML5 permettant de s’adapter beaucoup plus rapidement aux besoins quand ils se font sentir. Le principal avantage cité par l’éditeur est la rapidité de développement. Les ingénieurs peuvent s’appuyer sur les outils existant dans les navigateurs, n’ont pas besoin de recompiler le code et peuvent appliquer directement les changements effectués. Autre conséquence, celle de pouvoir expliquer l’ensemble des outils déjà mis en place pour le développement web de tout le reste. Facebook réutilise donc notamment ceux utilisés pour les autres composants, notamment jest et PHP WebDriver. Enfin, le lecteur HTML5 peut hériter de toutes les fonctionnalités dédiées aux différents handicaps des internautes.
... des problèmes finalement assez nombreux, notamment sur les performances
Cependant, et c’est ici que l’explication devient intéressante, migrer vers un lecteur HTML5 présente quelques challenges, souvent propres à l’entreprise qui souhaite le mettre en place. Dans le cas de Facebook, il fallait par exemple fournir à l’internaute auteur de la vidéo des statistiques précises sur son utilisation, ce qui était initialement plus simple avec le lecteur Flash. Par ailleurs, l’implémentation des technologies HTML5 n’est pas forcément la même d’un navigateur à un autre, et chacun peut avoir ses petits soucis. Facebook cite le cas de Chrome, dont l’implémentation du protocole SPDY (qui a servi de base pour HTTP 2.0) pouvait bloquer le chargement du lecteur.
Dans les difficultés plus prononcées, Facebook aborde également le cas des performances. On touche directement ici aux raisons qui ont empêché l’éditeur de lancer le lecteur HTML5 avant. L’équipe de développement avait en effet remarqué que sur les anciens navigateurs, le nouveau lecteur se comportait assez mal, et souvent plus lentement que l’ancien : davantage d’erreurs, des temps de chargement plus longs, des coupures et ainsi de suite. L’éditeur a donc commencé par un nombre restreint de navigateurs, avant d’élargir le panel petit à petit. Enfin, les développeurs ont dû s’occuper de plusieurs problèmes de régression qui entrainaient un temps de chargement plus long pour les pages contenant le lecteur.
Des internautes qui restent plus longtemps
Avec le temps, Facebook assure que la migration est positive. D’abord sur les performances, avec un chargement plus rapide de la vidéo, mais surtout - et on imagine que c’est là le plus grand plaisir du réseau social - sur l’engagement de l’internaute, qui se traduit par un plus grand nombre de « J’aime », de commentaires et de partages. En conséquence, les utilisateurs restent sur le service plus longtemps, ce qui est évidemment la retombée la plus positive.
Dans tous les cas, le lecteur HTML5 est disponible maintenant dans tous les navigateurs, à l’exception de quelques-uns trop vieux pour en profiter. Mais attention avant de vous débarrasser du lecteur Flash, car les vidéos ne sont pas les seuls contenus à en tirer parti. Tous ceux qui s’adonnent à l’un des multiples jeux disponibles dans le réseau social continueront à en avoir besoin, ne serait-ce que pour un titre comme Candy Crush.