Le blocage n'aura finalement pas duré les 48 heures escomptées. Les critiques ont été particulièrement nombreuses et le juge Xavier de Souza a indiqué dans une nouvelle décision qu'il « n'était pas raisonnable de punir des millions d'utilisateurs » parce que l'entreprise n'avait pas donné les documents demandés. Le journaliste Vincent Bevins, correpondant brésilien pour le Los Angeles Times, a confirmé que les messages étaient de retour. Le juge estime désormais qu'une amende est préférable.
Un tribunal brésilien a décidé de faire suspendre toutes les communications de WhatsApp au sein du pays pendant 48 heures, à compter d’aujourd’hui. L’objectif de ce blocage n’est pas connu avec précision, mais la situation est dommageable pour le service de Facebook. En attendant, une partie des utilisateurs lésés s’est dirigée vers Telegram.
WhatsApp est de loin, très loin même, l’application de messagerie instantanée la plus populaire au Brésil. Le service y possède pas moins de 93 millions d’utilisateurs actifs. Quand on sait que la population totale s’élève à environ 100 millions de personnes, on comprend l’ampleur du phénomène. Or, cette ampleur agace particulièrement les opérateurs de téléphonie à cause de la fonction VoIP incluse dans WhatsApp.
Rappelons en effet que l’application propose depuis un moment de pouvoir appeler ses correspondants en utilisant simplement le forfait data, à la manière d’un Skype. Cette fonctionnalité n’est arrivée que l’année dernière, mais à l’échelle d’un service aussi utilisé, elle est rapidement devenue très populaire. Au grand dam des opérateurs qui pestent contre un produit gratuit qui piétine leur pré carré, qu’il s’agisse des appels téléphoniques ou des SMS.
Un blocage de 48 heures pour ne pas avoir présenté les documents demandés
Au Brésil, une plainte a été déposée contre WhatsApp par un tiers dont le nom n’apparaît pas dans les documents du tribunal. Mais quel qu’en soit la raison sociale, cette entreprise a suffisamment appuyé ses dires pour qu’un juge réclame de WhatsApp certains documents précis en juillet et en août. Or, WhatsApp n’a pas produit ces informations dans les temps, bien que là encore la raison ne soit pas indiquée.
Conséquence, le tribunal a ordonné aux différentes fournisseurs d’accès et opérateurs de téléphonie de bloquer complètement le service pour 48 heures. Le début du blocage a commencé aujourd’hui à 2 heures GMT, soit depuis 3 heures du matin chez nous. Durant ce laps de temps, le service est totalement inactif, les utilisateurs ne pouvant plus ni envoyer de messages textuels, ni appeler leurs contacts.
Mark Zuckerberg, la décision est indigne du Brésil
Une situation qui a passablement agacé Mark Zuckerberg, PDG de Facebook : « C’est un jour triste pour le Brésil. Jusqu’à aujourd’hui, le Brésil a été un allié dans la mise en place d’un Internet ouvert. Les Brésiliens ont toujours été parmi les plus passionnés des échanges vocaux. Je suis stupéfait que nos efforts pour protéger les données des utilisateurs puisse aboutir à une décision aussi extrême d’un seul juge pour punir la moindre personne au Brésil qui utilise WhatsApp. Nous espérons que les tribunaux brésiliens inverseront rapidement la situation. Si vous êtes Brésilien, faites entendre votre voix et aidez le gouvernement à refléter la volonté de ses citoyens ».
Évidemment, Zuckerberg tente de prendre à parti les utilisateurs pour renverser la vapeur à sa manière, jetant une lumière blafarde sur la décision du tribunal, alors même que les détails de la décision ne sont pas connus. Le but du message reste cependant assez clair : WhatsApp protège les données de ses utilisateurs envers et contre tout, et n’est qu’une victime.
Telegram profite amplement de la situation
Mais le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. WhatsApp ne manque clairement pas de concurrence, et Telegram a noté une différence assez nette dans les premiers temps qui ont suivi le début du blocage. Le service de messagerie enregistrait ainsi plus de 1,5 millions de nouvelles inscriptions en moins d’une heure au Brésil, signe que les utilisateurs cherchaient rapidement une autre solution.
Le chiffre a dû encore augmenter depuis cette nuit, mais Telegram n’a plus communiqué à ce sujet. Il semble en tout cas qu’un souci technique ait empêché la livraison des messages pendant un temps. L’incident est peut-être dû d’ailleurs à la masse des inscriptions. Dans tous les cas, si les opérateurs estimaient que WhatsApp nuisait au commerce des messages textuels, le problème n’a fait que se déplacer, tout du moins en partie. Après tout, on ne parle ici que des inscriptions, et il est probable qu’une partie des utilisateurs de WhatsApp possédait déjà les deux applications (ou même d’autres encore). On signalera quand même que si WhatsApp était utilisé par certains pour passer des appels, ils n’ont pas pu trouver leur bonheur dans Telegram, l’application ne proposant pas encore cette fonctionnalité.
1.500.000 and counting, SMS-Gateways overloading. Hang on, your codes are coming! We've got all hands on deck to accommodate the crazy load.
— Telegram Messenger (@telegram) 17 Décembre 2015