Nolife aperçoit le bout du tunnel. La chaîne entrera bientôt en redressement judiciaire, en espérant se relancer par elle-même. Elle a aussi attiré de nouveaux partenaires et projets, pour améliorer les perspectives de l'entreprise, notamment grâce à sa plateforme de vidéo à la demande Noco.
L'avenir s'éclaircit un peu pour Nolife. Lundi, le président de la chaîne, Sébastien Ruchet, annonçait dans un « point sur Nolife » que l'entreprise entrera bientôt en redressement judiciaire, le temps de retrouver du souffle et d'enclencher certains projets proposés ces dernières semaines.
Il faut dire que la situation n'est pas rose pour la chaîne, comme nous l'expliquions en octobre. Après une baisse « dramatique » des revenus publicitaires en 2015, elle n'est plus en mesure de payer ses factures et a dû se séparer d'une partie de son équipe. Elle s'est lancée dans un baroud d'honneur cette fin d'année, avec une dernière demi-saison pleine de nouveautés. Le pronostic vital est engagé, après plus de huit ans d'activité.
Un redressement judiciaire pour rester indépendants
Le redressement judiciaire, généralement déclenché en cas de cessation de paiement, doit donc laisser du temps à Nolife d'élaborer son plan pour s'en sortir, et non vivoter. Si cette procédure est souvent synonyme de reprise par un autre acteur, ce ne sera pas le cas ici. « On a un dossier qui est pas mal pour un redressement par nous-mêmes. On a atteint l'équilibre, on a réduit les dépenses » nous explique Sébastien Ruchet. La chaîne s'est entourée d'avocats spécialisés pour mettre toutes les chances de son côté et remonter la pente. Dans le cas contraire, la liquidation judiciaire guette.
L'entreprise a donc atteint l'équilibre financier, après avoir réduit ses dépenses d'un tiers depuis 2013, au prix de lourds sacrifices. Sans le redressement, « on allait s'arrêter, parce que si on a réussi à baisser les dépenses, ça a été trop lentement par rapport à la baisse des rentrées » explique Ruchet.
Il s'agit donc de se relancer. L'appel lancé à la rentrée a aussi provoqué un sursaut chez les spectateurs, qui se sont pour certains réabonnés au service de vidéo à la demande Noco, sans que Nolife le demande.
Après cet appel à la rentrée, certains acteurs se sont manifestés, une partie pour des rachats. « On a discuté avec beaucoup de gens, dont certains avaient des démarches pas forcément très clean. On a aussi eu des offres de rachat, mais on a préféré l'option où on reste indépendants » détaille Sébastien Ruchet.
Des projets pour relancer Nolife
Mais rester indépendants ne veut pas dire avancer seuls. « On ne se sentait pas d'y aller tous seuls, sans rien derrière. Ça fait huit ans et demi qu'on cravache avec de gros sacrifices... On est moins jeunes qu'avant ! » poursuit le patron de Nolife. L'entreprise a donc trouvé des partenaires avec lesquels avancer, sur des projets qui seront annoncés en début d'année prochaine. Ces projets, « en train d'être mis en place, ou au moins discutés », resteront secrets tant qu'il ne seront pas assurés.
« On annoncera des projets au fur et à mesure... On a de quoi être occupés pendant longtemps ! On essaiera déjà de faire les choses une à une » explique Nolife.
Seule piste, certains de ces projets pourront concerner la plateforme de vidéo à la demande par abonnement Noco. Elle fait la fierté de la chaîne mais n'a pas suffi à sa rentabilité, notamment par manque de catalogues tiers et de promotion en dehors des spectateurs de la chaîne. En octobre, certains éditeurs étaient tout de même en négociation, notamment Dybex, l'un des mastodontes francophones de l'animation japonaise.
L'avenir n'est pas encore assuré
Malgré ces perspectives encourageantes, rien n'est joué. « La contrepartie d'être indépendants, tant qu'on ne s'est pas envolés (ce qui est difficile en télé), c'est qu'on n'est jamais assurés » explique Sébastien Ruchet, qui prévoit une nouvelle année publicitaire difficile. L'aventure peut donc encore s'arrêter rapidement en cas de problème.
« Nous sommes soutenus, nous avons eu beaucoup de réactions positives. L'échange de codes entre Gamekult et Noco s'est bien passé. On reste fragiles, rien n'est gagné. On a pour l'instant des étoiles dans les yeux et on aimerait proposer de belles choses l'an prochain » espère Sébastien Ruchet.