À l'approche des fêtes de fin d'années et des soldes, l'UFC-Que Choisir fait le point sur les rabais « mirifiques » annoncés par certaines boutiques en ligne. Le bilan n'est pas glorieux avec des remises mystérieuses et des promotions de 25 % qui sont finalement plus chères que les prix classiques d'autres revendeurs.
En mars dernier, le gouvernement a modifié l'arrêté encadrant les promotions des revendeurs. Désormais, le code de Consommation indique que « toute annonce de réduction de prix est licite sous réserve qu'elle ne constitue pas une pratique commerciale déloyale ».
Une nouvelle réglementation et les craintes de l'UFC-Que Choisir
Ce changement n'était d'ailleurs pas du tout du goût de l'UFC-Que Choisir, qui nous expliquait que les revendeurs pourraient ainsi se livrer à « une foire d’empoigne avec des annonces de prix fantaisistes » car ils « feront ce qu’ils veulent tant qu’ils restent dans les critères du texte européen, qui sont assez flous ».
Afin de faire le point, l'association publie une étude portant justement sur les « rabais promotionnels mirifiques sur Internet » afin de faire le point sur « l’ampleur des promesses non tenues ». Un programme de surveillance a ainsi été mis en place chez dix revendeurs (Auchan, Boulanger, But, Carrefour, Conforama, Connexion, Fnac, Mistergooddeal, Top Achat et Webdistrib) pour trois gammes de produits du gros électroménager (lave-linge, réfrigérateur et téléviseurs).
Pour commencer, l'UFC-Que Choisir se penche sur le mode de calcul utilisé pour définir les rabais affichés (en gros) sous les yeux des clients. Pour l'association, la liberté laissée aux revendeurs « justifierait que ce mode de calcul soit indiqué directement en relation avec chaque produit en promotion ». Or, lors de ses relevés, elle note qu'aucun des sites n'explique la manière dont est défini le prix de référence, difficile donc de se faire une idée précise du rabais réellement consenti par la boutique.
Rabais annoncés : dans 41 % des cas, l'UFC n'a trouvé aucune justification
L'UFC-Que Choisir a poussé ses recherches afin d'essayer de trouver la logique qui se cache derrière les prix barrés. Pour faire simple, dans 41 % des cas, elle n'en a trouvé aucune. Elle ajoute que « les prix de référence choisis par les professionnels ne sont réellement justifiés que dans moins d’un cas sur 5 », c'est-à-dire qu'il correspond à la moyenne des quatre derniers mois chez le revendeur ou bien à la moyenne des tarifs pratiqués par ses concurrents.

D'autres (36 % tout de même) ont tout simplement décidé d'afficher un prix barré le plus haut possible en prenant en compte le tarif le plus élevé au cours des six derniers mois. On peut également citer le cas de Rue du Commerce qui affiche régulièrement plusieurs prix barrés sur une même fiche produit à l'occasion des remises sur tout ou partie de son catalogue.
Bref, dans seulement 20 % des cas le prix de la promotion correspond effectivement à l'annonce qui est faite sur le site. Pour le reste, les rabais affichés sont généralement largement surévalués, de 14 à 22 points selon les catégories. La palme revenant aux réfrigérateurs : 25 % de remise en moyenne placardée chez les revendeurs, contre 2,4 % constatés seulement par l'UFC (par rapport aux prix des quatre derniers mois).
Un rabais annoncé de 26 % pour une moyenne constatée de... + 0,5 % !
Un top 3 des pires « trompe-l'œil constatés » a été mis en ligne par l'association. Sur les téléviseurs, Top Achat arrive en tête avec un rabais moyen annoncé de 26 %, alors que, selon l'UFC, le revendeur pratiquait des prix de... 0,5 % de plus par rapport à la moyenne constatée sur les quatre derniers mois. Sur les lave-linge, But est en tête avec un écart de 26 % entre le rabais annoncé et celui constaté. Même score pour Conforama sur les réfrigérateurs.
Plusieurs exemples concrets sont donnés : une TV Samsung de 32 pouces à 227 euros chez Top Achat avec 24 % de remise, alors qu'elle était vendue 220 euros chez Mistergooddeal et Cdiscount au même moment. Idem avec un lave-linge Brandt à 698 euros chez Conforama après une remise de 25 %, alors qu'il était proposé à 629 euros hors promotion chez Darty. Il ne s'agit que de quelques exemples et cette pratique est malheureusement monnaie courante chez certains.
Si l'UFC-Que Choisir monte au créneau, d'autres ont également fait récemment part de leur mécontentement face aux pratiques de certains. C'est notamment le cas de Laurent de la Clergerie, fondateur de LDLC, qui s'étonnait de voir sur une même page deux prix de référence différents :
Chaque noël c'est pareil... #trollecommerce Vu chez un ecommercant francais alors ct quoi le prix de base en fait?? pic.twitter.com/0UauwxYIVV
— L. de la CLERGERIE (@L_DLC) December 4, 2015
Les demandes et recommandations de l'UFC
Dans tous les cas, à l'approche des fêtes de fin d'années et des soldes d'hiver qui débuteront le 6 janvier prochain, la situation risque de ne pas s'améliorer. L'UFC-Que Choisir demande ainsi aux autorités françaises de « rendre obligatoire l’affichage de la justification du prix de référence à proximité immédiate de celui-ci » afin que les consommateurs puissent savoir comment le rabais affiché est calculé, d'autant qu'il est généralement largement mis en avant sur la fiche produit.
Elle recommande ensuite aux consommateurs d'être vigilants afin de « ne pas se laisser influencer au moment de leurs achats par ces rabais mirifiques trop souvent sans lien avec la réalité ». Le mieux, ajoute l'association, étant de comparer les prix dans les différentes boutiques, en tenant compte des frais annexes (transports, livraison, installation, etc.) et de la « qualité des services du commerçant ».
On rappellera enfin que l'heure est à la concentration chez les boutiques en ligne : LDLC veut croquer Materiel.net, Mutares rachète Grosbill, et Carrefour s'empare de Rue du Commerce et Top Achat. Il faudra maintenant voir quelle sera la politique des promotions affichées par ces nouveaux groupes.