Après des années à rester cantonnée dans trois villes seulement, la radio numérique terrestre pourrait enfin prendre son envol au niveau national. Le CSA vient en effet de publier le calendrier de déploiement qu'il « envisage » de mettre en place. La procédure d'attribution s'étalerait ainsi de début 2016 à 2023.
La radio numérique terrestre (ou RNT), est un vieux loup de mer qui serpente sur les ondes françaises depuis maintenant plus de 10 ans. Pour rappel, cette technologie permet de proposer un son de meilleure qualité et un nombre plus important de radios en s'affranchissant des limites de la bande FM qui est aujourd'hui saturée.
Ainsi, la RNT est ainsi à la radio ce que la TNT est à la télévision. Dans un cas comme dans l'autre, il faut disposer d'un récepteur compatible et être dans une zone couverte. Si on trouve des postes de radio numérique à moins de 40/50 euros, la question de la couverture est plus problématique. Après plus de 10 ans d'attente, les choses pourraient enfin évoluer.
RNT : premiers pas en 2004, les normes arrivent en 2008, le lancement en 2014
Comme le rappelle le CSA, c'est la loi du 9 juillet 2004 qui a fixé les principaux éléments juridiques de la mise en place de la RNT, qui a ensuite été complétée les années suivantes (2007 à 2009 principalement). Les normes techniques ont ainsi été fixées en janvier 2008, en précisant que les éditeurs peuvent utiliser le DAB+, T-DMB et DRM.
Il faudra par contre attendre encore plus de six ans pour que cela se concrétise. C'est en effet le 20 juin 2014 que la radio numérique terrestre a été officiellement lancée, mais dans trois villes seulement : Paris, Marseille et Nice. 62 radios étaient disponibles à ce moment-là, dont certaines qui n'étaient pas accessibles sur la bande FM.
Un an plus tard, le bilan n'était pas spécialement brillant, c'est du moins la conclusion de nos confrères de France Culture qui s'étaient alors penchés sur la question en juin de l'année dernière. Patrice Gélinet, membre du CSA, expliquait que la RNT n'était « pas connue des auditeurs », citant un sondage qui indiquait que « 75 % des Français ont soit entendu parler de la RNT sans savoir ce que c'est, soit n'en ont jamais entendu parler ».
Un des problèmes est évidemment la faible disponibilité de la RNT. Sur ce sujet, Stella Morabito (secrétaire générale du SECIMAVI) que nous avions interrogée fin 2014, nous expliquait qu'« une loi de 2009 prévoyait que le CSA publie un calendrier de déploiement sur toute la France »... mais force est de constater que cela n'avait pas été suivi dans la pratique.
Le CSA adopte un calendrier de déploiement au niveau national
Aujourd'hui, le CSA annonce enfin qu'il « adopte le calendrier qu’il envisage de mettre en œuvre pour poursuivre le déploiement de la RNT ». Tout n'est pas encore gravé dans le marbre, mais au moins les choses avancent. Il est ainsi prévu que les appels à candidatures pour la répartition des fréquences se fasse à partir du 1er trimestre 2016 pour Lille, Lyon et Strasbourg et jusqu'en 2023 pour Mont-de-Marsan, Cherbourg-Octeville, Bastia, Laval et Guéret.
Voici le calendrier envisagé par le CSA :
46 zones étendues, mais aussi plus d'une centaine de zones locales
Notez qu'il s'agit là de zones étendues, c'est à dire couvrant une (très) large partie du territoire aux alentours de la ville. Dans le cas de Lille, cela correspond par exemple à une bande allant de Dunkerque à Maubeuge en passant par Arras. Dans le cas de la zone étendue de Strasbourg, cela descend jusqu'à Mulhouse.
Pour chaque appel à candidatures dans une zone étendue, seront également organisées des procédures au niveau local. Lille est par exemple découpé en cinq morceaux. La capitale des Flandres d'un côté, puis quatre zones aux alentours de Douai, Valenciennes, Dunkerque et Calais (voir tableau ci-dessous).
Bien évidemment, le CSA ajoute que « les services du multiplex auquel serait attribuée la ressource radioélectrique d’un allotissement local pourraient couvrir les unités urbaines qui figurent dans la colonne « allotissements locaux mis en appel » » et uniquement celles-là. Une attribution dans la zone étendue permet par contre de diffuser de manière plus large.
Il faudra maintenant espérer que les délais à rallonge de l'appel à candidatures de Paris, Marseille et Nice ne se reproduisent pas.
Le détail des zones pour Lille, Lyon et Strasbourg et la différence entre la zone étendue et locale de Lille