Nouveau rebondissement dans le duel entre la famille Guillemot et Vivendi. Vincent Bolloré est encore loin d'avoir rendu les armes et a porté de nouvelles attaques sur Gameloft ces derniers jours. Si bien, que le seuil légal de lancement d'une OPA se rapproche dangereusement.
Nouvel épisode dans le feuilleton de l'automne entre Vivendi et Gameloft. Aux dernières nouvelles, la famille Guillemot tentait de faire barrage à Vivendi en renforçant sa position dans l'entreprise. La holding bretonne Guillemot Brothers avait ainsi fait passer le poids de la fratrie à 15,64 % du capital et de 24,18 % des droits de vote au 20 novembre, avant de passer le cap des 25 % de droits de vote le 30 novembre dernier.
Raid dingue de toi
La famille Guillemot faisait alors savoir dans sa déclaration à l'Autorité des marchés financiers (AMF) que ses membres « prendront les mesures nécessaires pour éviter une prise de contrôle rampante par des personnes qui pourraient remettre en cause la stratégie et la vocation mondiale de GAMELOFT SE au détriment de l'intérêt de la société et de tous ses actionnaires ».
La réaction de Vivendi ne s'est pas faite attendre. Terminée la « prise de contrôle rampante », le géant des médias passe la seconde et met directement les pieds dans le plat. De 17,34 % de participation dans le capital le 20 novembre, il franchit le cap des 20 % le 1er décembre et détient même 26,69 % de Gameloft depuis hier. Au total, Vivendi a déboursé 111,6 millions d'euros depuis le début de ses opérations, une paille par rapport à sa trésorerie disponible : plus de 9 milliards d'euros.
La menace d'une OPA n'a plus rien de fantôme
Vivendi a profité de l'occasion pour faire évoluer son discours. Jusqu'ici la firme de Vincent Bolloré disait simplement que cet investissement dans Gameloft fait partie « d’une vision stratégique de convergence opérationnelle entre les contenus et les plates-formes de Vivendi et les productions de Gameloft dans le domaine des jeux vidéo ». Autrement dit, que les deux entreprises pourraient trouver un terrain d'entente en vue de nouer des partenariats.
Désormais, Vivendi fait preuve d'agressivité envers Gameloft, qui n'est plus qu'une proie. Dans son dernier communiqué le géant des médias explique qu'il « entend privilégier une approche constructive permettant d’étudier une collaboration fructueuse pour les deux groupes. Si une telle approche ne se conclut pas favorablement, Vivendi n’exclut pas de prendre le contrôle de Gameloft ». Le tout en assurant « qu'aucune décision n’a été prise en l’état concernant un éventuel dépôt d’offre publique d’acquisition sur les titres de Gameloft ».
La menace d'une OPA est donc bien réelle. Avec 26,69 % du capital entre ses mains, Vivendi se rapproche sérieusement du seuil légal de 30 %, à partir duquel l'entreprise aura l'obligation de formuler une offre publique d'achat. Gameloft a donc tout intérêt à essayer d'arrondir les angles avant que son assaillant n'en arrive à de telles extrémités.
En trois mois, Gameloft a fait grimper son cours en bourse de 78 %, portant ainsi la valorisation de l'entreprise à 520 millions d'euros. Un montant certainement insuffisant pour calmer l'appétit d'un rival aussi déterminé que Vivendi.